Acide valproïque-; un médicament utilisé pour traiter l’épilepsie, la migraine et le trouble bipolaire ; peut causer des malformations congénitales lorsqu’il est pris pendant la grossesse. Or, une étude publiée le 14 juine dans la revue en libre accès PLOS Biologie par Bill Keyes de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, France, et ses collègues révèle une raison pour laquelle : l’acide valproïque (VPA) met certaines cellules du système nerveux en développement en sénescence, une sorte d’état d’arrêt qui les empêche de croître et diviser correctement.
L’APV est largement utilisé pour traiter un certain nombre de maladies. Cependant, depuis son utilisation initiale, il y a eu plusieurs milliers de cas de femmes prenant du VPA pendant la grossesse et donnant naissance par la suite à des enfants atteints de malformations congénitales, notamment le spina bifida, des altérations faciales et des malformations cardiaques. De plus, environ un tiers des nourrissons exposés développent des troubles cognitifs et des troubles du spectre autistique.
Dans la nouvelle étude, Keyes et ses collègues ont utilisé à la fois des organoïdes humains ; des grappes tridimensionnelles de cellules humaines cultivées en laboratoire ; ainsi que des souris pour étudier l’exposition embryonnaire au VPA. Ils ont découvert que le VPA induit la sénescence cellulaire dans les cellules neuroépithéliales, les cellules souches qui donnent naissance au système nerveux central. De plus, les chercheurs ont identifié une molécule particulière, p19Arf, comme étant responsable de cette sénescence induite par le VPA. Quand l’équipe a utilisé des souris dépourvues de p19Arfl’exposition au VPA pendant la grossesse ne provoquait plus de microcéphalie (petite taille de la tête) ni de modifications des modèles d’expression génique associés au trouble du spectre autistique, bien que le VPA ait entraîné d’autres défauts même chez ces souris.
Le travail est l’un des premiers à associer la sénescence cellulaire à des défauts de développement, selon les auteurs. « Dans l’ensemble, la découverte que l’activation atypique de la sénescence dans l’embryon peut perturber le développement soulève la possibilité intrigante qu’elle puisse également contribuer à des défauts dans des contextes de développement au-delà de ceux que nous avons étudiés ici. »
Alors que la sénescence cellulaire a longtemps été associée au vieillissement et aux maladies liées à l’âge, nous montrons maintenant que l’induction aberrante de la sénescence peut également contribuer à des anomalies du développement. Comme l’acide valproïque est fortement lié aux défauts cognitifs et aux troubles du spectre autistique, cette étude introduit maintenant un lien passionnant avec la sénescence, soutenant la nécessité d’études supplémentaires. »
Muriel Rhinn, première auteure de l’étude