Les anticorps monoclonaux (mAbs) contre le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) ont été utilisés comme agents thérapeutiques pour le traitement de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Bien que ces mAb thérapeutiques aient bénéficié aux patients hospitalisés COVID-19, on ne sait rien de leur efficacité thérapeutique contre les nouvelles variantes du SRAS-CoV-2.
Une nouvelle étude évalue la sensibilité des nouvelles sous-variantes d’Omicron (BA.2.11, BA.2.12.1 et BA.4/5) à huit mAb thérapeutiques. Une version préimprimée de l’étude est disponible sur le bioRxiv* serveur pendant que l’article est soumis à un examen par les pairs.
Sommaire
Sous-variantes d’Omicron
La variante Omicron du SARS-CoV-2 (BA.2) a été identifiée en novembre 2021. Elle est la variante dominante dans le monde entier depuis mai 2022. Depuis lors, plusieurs sous-variantes d’Omicron sont apparues dans différents pays. Ces sous-variantes ont remplacé les variantes Omicron BA.2 dans ces pays. La sous-variante Omicron BA.2.11 devient dominante en France. La sous-variante Omicron BA.2.12.1 devient dominante aux États-Unis. Les sous-variantes Omicron BA.4/5 deviennent dominantes en Afrique du Sud.
Les nouvelles variantes du SARS-CoV-2 doivent être surveillées et évaluées pour leur transmissibilité, leur pathogénicité et leur résistance aux réponses immunitaires. Les variantes émergentes du SARS-CoV-2 hébergent des mutations dans la protéine de pointe (S). Ces mutations confèrent une résistance aux variants contre les vaccins et les anticorps thérapeutiques. La sous-variante BA.2.11 a la mutation L452R ; BA.2.12.1 a les mutations L452Q et S704L ; et BA.4/5 a les mutations L452R, HV69-70del, 45 F486V et R493Q. Les mutations L452R et L452Q ont également été détectées dans les variantes Delta et Lambda, et ces mutations ont affecté la sensibilité du virus aux anticorps neutralisants induits par le vaccin. Par conséquent, il est possible que les nouvelles sous-variantes d’Omicron aient également une sensibilité réduite envers les mAb thérapeutiques.
AcM thérapeutiques
Le premier mAb thérapeutique a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis en 1986. Les mAb thérapeutiques sont hautement spécifiques et ont donc moins d’effets secondaires. Les mAb thérapeutiques sont utilisés pour traiter plusieurs maladies, notamment les cancers, les maladies auto-immunes, métaboliques et infectieuses.
Les mAb anti-SARS-CoV-2 se lient au virus en inhibant son entrée dans les cellules. Ces mAb ciblent la protéine virale S. Ils ont démontré des avantages cliniques dans le traitement du COVID-19.
Actuellement, cinq produits anti-SARS-CoV-2 mAb ont reçu une autorisation d’utilisation d’urgence (EUA) de la FDA. Ceux-ci comprennent le bamlanivimab plus etesevimab, le bebtelovimab, le casirivimab plus imdevimab, le sotrovimab et le tixagevimab plus cilgavimab.
Les directives de traitement COVID-19 pour l’utilisation des mAb anti-SARS-CoV-2 sont basées sur les connaissances actuelles de la in vitro activités neutralisantes des mAb contre les variants et sous-variants SARS-CoV-2 circulants. Le choix du mAb dépend du variant prévalent et de sa sensibilité au mAb. Ces mAb sont recommandés pour le traitement des patients non hospitalisés présentant des symptômes légers à modérés et qui ont de fortes chances d’être hospitalisés et d’évoluer vers une maladie grave.
Sensibilité des sous-variants d’Omicron aux mAbs
Cette étude a testé la possibilité d’une sensibilité réduite des sous-variantes d’Omicron en générant des pseudovirus portant les protéines S des sous-variantes d’Omicron BA.2.11, BA.2.12.1 et BA.4/5. La sensibilité de ces pseudovirus a été testée contre huit mAb – bamlanivimab, bebtelovimab, casirivimab, cilgavimab, etesevimab, imdevimab, sotrovimab et tixagevimab. Le potentiel neutralisant des mAb contre les pseudovirus contenant des protéines S des sous-variants d’Omicron a été dosé.
BA.2 n’a pas été neutralisé par le bamlanivimab, le casirivimab, l’étésevimab, l’imdevimab et le tixagevimab. Ces cinq mAb n’ont pas non plus réussi à neutraliser les nouvelles sous-variantes d’Omicron. Cependant, les pseudovirus porteurs de la protéine BA.2 S avec mutation R493Q étaient partiellement sensibles au casirivimab et au tixagevimab. Le mAb bebtelovimab était environ 2 fois plus efficace contre BA.2 et tous les sous-variants d’Omicron testés par rapport à la souche de type sauvage. Le mAb sotrovimab était environ 20 fois moins efficace contre BA.2 par rapport à la souche de type sauvage.
Les sous-variants d’Omicron contenant la mutation L452R, y compris BA.2.11 et BA.4/5, étaient plus sensibles au sotrovimab que BA.2. Le mAb cilgavimab était efficace contre BA.2. Cependant, les pseudovirus contenant les mutations L452R/Q étaient environ 2 à 5 fois résistants à cet anticorps. BA.4/5 était environ 30 fois plus résistant au cilgavimab que BA.2.
Conclusion
Les variantes nouvellement émergentes du SRAS-CoV-2 montrent une sensibilité variable aux mAb testés par rapport à la souche de type sauvage.
Les nouvelles variantes émergentes du SARS-CoV-2 accumulent des mutations dans les protéines S, la cible des mAbs thérapeutiques. Cette étude souligne l’importance d’évaluer rapidement l’efficacité des mAbs thérapeutiques contre de nouvelles variantes du SRAS-CoV-2.
*Avis important
bioRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, guider la pratique clinique/les comportements liés à la santé, ou traités comme des informations établies.