Dans un article de synthèse récent publié dans la revue Scienceles chercheurs ont discuté du rôle essentiel de la ventilation dans la prévention de la transmission aérienne d’agents pathogènes, en particulier du coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2), pendant la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19).
Ils ont conclu qu’une ventilation adéquate est essentielle pour réduire le risque d’infection et améliorer la qualité de l’air intérieur, soulignant la nécessité d’une meilleure préparation et de meilleures directives de santé publique lors de futures pandémies.
Bilan : Les leçons de la pandémie de COVID-19 en matière de ventilation et de qualité de l'air intérieur. Crédit photo : ToeFoTo / Shutterstock
Sommaire
Nécessité d’une approche interdisciplinaire
Les experts savent depuis longtemps que la transmission aérienne peut être une voie majeure de propagation des infections respiratoires. La filtration, le rayonnement ultraviolet (UV) et la ventilation peuvent éliminer les agents pathogènes en suspension dans l’air.
Malgré ces connaissances établies, de nombreuses autorités sanitaires ont privilégié le nettoyage des surfaces plutôt que la ventilation pendant la pandémie de COVID-19. Une collaboration multidisciplinaire en santé publique peut garantir des réponses efficaces et complètes aux maladies transmises par l’air.
Les fenêtres ouvertes ne suffisent pas
Vers la mi-2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et certaines autorités de santé publique ont reconnu la capacité du SRAS-CoV-2 à se propager dans l’air et ont suggéré d’ouvrir les fenêtres pour une meilleure ventilation.
Cependant, cette solution simple s'avère inefficace pour de nombreux bâtiments modernes qui dépendent d'une ventilation mécanique inadéquate. De plus, l'ouverture des fenêtres pose des problèmes pratiques, tels que le contrôle de la température, le bruit et les problèmes de sécurité.
Une combinaison de ventilation naturelle et mécanique et de technologies de purification de l’air, telles que les filtres et la désinfection UV, est nécessaire pour assurer une bonne qualité de l’air et réduire le risque d’infection, en particulier dans les bâtiments publics et résidentiels.
Construire en pensant à la ventilation
Les bâtiments sont construits pour des usages divers, mais une ventilation adéquate, essentielle pour la santé, est souvent négligée. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les dangers d’une ventilation inadéquate.
Malgré les recherches antérieures montrant qu’une mauvaise ventilation peut entraîner des problèmes de santé, les améliorations ont été minimes. La pandémie a souligné la nécessité d’une meilleure conception des bâtiments, rendant la qualité de l’air aussi essentielle que l’eau potable et la nourriture. Cela nécessite des contrôles réguliers et une meilleure conception des systèmes de ventilation pour tous les types de bâtiments.
Ventilation des structures anciennes
Idéalement, le système de ventilation d'un bâtiment devrait assurer une bonne qualité de l'air intérieur et réduire le risque d'infections aéroportées. Cependant, de nombreux bâtiments, en particulier les plus anciens, manquent de ventilation adéquate et sont difficiles à moderniser.
D'autres méthodes de « ventilation équivalente », comme la filtration de l'air et le rayonnement UV germicide (GUV), peuvent être utilisées. Ces méthodes permettent d'éliminer ou de désactiver les polluants et les agents pathogènes. Elles ne remplacent pas complètement une ventilation adéquate, mais peuvent néanmoins améliorer considérablement la qualité de l'air dans les bâtiments existants.
Méthodes d'évaluation des risques
Pendant la pandémie, de nombreux outils d’évaluation des risques liés à la ventilation ont été développés, mais ils étaient souvent trop complexes pour être utilisés en temps réel. Par exemple, l’équation Wells-Riley, utilisée pour estimer le risque d’infection en fonction des taux de ventilation, nécessite des données spécifiques sur les personnes infectées et leurs activités, ce qui est difficile à obtenir.
Bien que ces outils puissent aider à évaluer le risque d’infection, ils ne sont pas pratiques pour contrôler la ventilation en temps réel dans les bâtiments récents, qui visent également à équilibrer la consommation d’énergie, la qualité de l’air et les coûts. Des technologies émergentes telles que les capteurs intelligents et les jumeaux numériques, qui créent des modèles virtuels de bâtiments à l’aide de données en temps réel, sont explorées pour améliorer la gestion de la ventilation.
Surveillance des niveaux de ventilation
Dans les bâtiments dotés d'une ventilation mécanique, le flux d'air peut être dirigé automatiquement ou par les occupants. Il n'existe pas de contrôle précis des débits de ventilation dans les bâtiments dotés d'une ventilation naturelle.
Il est essentiel de garantir une ventilation suffisante pour réduire les polluants et les agents pathogènes. La surveillance du dioxyde de carbone intérieur (CO2) les niveaux peuvent indiquer la qualité de la ventilation, car des concentrations élevées de CO2 suggère une ventilation inadéquate.
Pendant la pandémie, la surveillance du CO2 est devenu plus courant, ce qui a conduit à des mesures réglementaires telles que l'obligation belge relative au CO2 surveillance dans les espaces publics. Cependant, l'utilisation du CO2 en tant qu’indicateur de ventilation, il présente des limites, car il ne prend pas en compte tous les facteurs influençant la qualité de l’air et le risque d’infection.
Considérations pour les bâtiments publics
Pour les bâtiments publics, contrairement aux réglementations strictes sur la qualité des aliments et de l’eau, peu de réglementations garantissent une bonne qualité de l’air intérieur, même si les gens passent la plupart de leur temps à l’intérieur.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance de surveiller la qualité de l’air, de nombreuses personnes utilisant du CO2 des moniteurs pour vérifier la ventilation. Cependant, cette approche est insuffisante pour les espaces publics.
Des réglementations et des normes sont nécessaires pour garantir une qualité de l’air adéquate, notamment la surveillance en temps réel des polluants comme les particules fines (PM2.5), CO2et le monoxyde de carbone. Si la ventilation est un facteur clé, elle doit faire partie d'une stratégie plus large prenant en compte la pollution de l'air intérieur et extérieur.
Certains pays ont commencé à envisager de telles réglementations pour les bâtiments publics, mais leur mise en œuvre varie et est souvent entravée par des défis politiques.
Conclusions
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence de graves problèmes de gestion de la qualité de l’air intérieur, notamment dans les établissements de soins aux personnes âgées et les écoles. Ignorer les conseils des experts sur les normes de ventilation a été une grave erreur.
La pandémie a montré la nécessité d’améliorer les liens entre la science et la politique et la communication sur les mesures de ventilation. L’amélioration des systèmes de ventilation pour se préparer aux futures épidémies est essentielle pour protéger la santé et le bien-être.