Un nouveau rapport sur l’éthique du franchissement des frontières entre les espèces en insérant des cellules humaines dans des animaux non humains – une recherche entourée de débats – formule des recommandations clarifiant les questions éthiques et appelant à une meilleure surveillance de ce travail.
Le rapport, « Creating Chimeric Animals — Seeking Clarity On Ethics and Oversight », a été élaboré par une équipe interdisciplinaire, avec un financement des National Institutes of Health. Les chercheurs principaux sont Josephine Johnston et Karen Maschke, chercheurs au Hastings Center, et Insoo Hyun, directeur du Center for Life Sciences and Public Learning au Museum of Life Sciences de Boston, anciennement de la Case Western Reserve University.
Les progrès de la science des cellules souches humaines et de l’édition de gènes permettent aux scientifiques d’insérer des cellules humaines plus largement et plus précisément dans des animaux non humains, créant ainsi des animaux, des embryons et d’autres organismes « chimériques » qui contiennent un mélange de cellules humaines et non humaines.
De nombreuses personnes espèrent que cette recherche apportera d’énormes avantages, notamment de meilleurs modèles de maladies humaines, des sources peu coûteuses d’ovules et d’embryons humains pour la recherche et des sources de tissus et d’organes pouvant être transplantés chez l’homme.
Mais ce type de recherche suscite des préoccupations éthiques, qui soulèvent des questions telles que le statut moral des animaux non humains est-il altéré par l’insertion de cellules souches humaines, si ces études doivent faire l’objet d’interdictions ou de contrôles supplémentaires, et si ce type de la recherche devrait être faite du tout.
Le rapport a révélé que :
- Le bien-être animal est une question éthique primordiale et devrait être au centre de l’analyse éthique et politique ainsi que de la gouvernance et de la surveillance de la recherche chimérique.
- Les études chimériques soulèvent la possibilité de dommages uniques ou nouveaux résultant de l’insertion et du développement de cellules souches humaines chez des animaux non humains, en particulier lorsque ces cellules se développent dans le cerveau ou le système nerveux central.
- La surveillance et la gouvernance de la recherche chimérique sont cloisonnées et la communication publique est minime. La communication publique devrait être améliorée, la communication entre les différents comités impliqués dans la surveillance de chaque institution devrait être renforcée et un mécanisme national créé pour ceux qui sont impliqués dans la surveillance de ces études.
- Les scientifiques, journalistes, bioéthiciens et autres écrivant sur la recherche chimérique devraient utiliser un langage précis et accessible qui clarifie plutôt qu’obscurcit les questions éthiques en jeu. Les termes « chimère », qui, dans la mythologie grecque, désignent un monstre cracheur de feu, et « humanisation » sont des exemples de langage éthiquement chargé ou trop large à éviter.