De nouvelles recherches présentées cette année au Congrès européen sur l’obésité à Dublin, en Irlande, montrent que les patients traités avec le sémaglutide, un médicament contre l’obésité, présentent un score de risque cardiovasculaire réduit après un an d’utilisation. L’étude est menée par le Dr Andres Acosta et le Dr Wissam Ghusn, programme de médecine de précision pour l’obésité à la clinique Mayo, Rochester, MN, États-Unis et leurs collègues.
L’obésité est un facteur de risque majeur pour le développement de taux anormaux de graisses dans le sang, de diabète sucré de type 2 (DT2), d’hypertension artérielle et d’apnée obstructive du sommeil. Ces comorbidités sont associées à un risque accru de maladies cardiovasculaires (MCV) qui représentent la principale cause de décès dans le monde. Par conséquent, il existe un besoin important de prévenir les MCV en ciblant l’excès d’adiposité chez les patients en surpoids ou obèses.
Le sémaglutide est un médicament anti-obésité récemment approuvé dont l’impact cardiovasculaire chez les patients avec et sans DT2 n’est pas bien établi. Dans cette nouvelle recherche, les auteurs ont analysé l’effet réel de l’utilisation de sémaglutide sur le risque de MCV chez les patients en surpoids ou obèses.
Ils ont réalisé une étude rétrospective multicentrique de 93 patients avec un indice de masse corporelle (IMC) de 27 kg/m2 ou plus, âge entre 40 et 79 ans et aucun antécédent de MCV. Ils ont recueilli des données démographiques, cliniques et sur les lipides sanguins de base pour calculer le risque de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse sur 10 ans (ASCVD sur 10 ans) au départ (c’est-à-dire avant de commencer le sémaglutide) et 1 an après le début du sémaglutide.
Le score utilisé est l’estimateur de risque ASCVD sur 10 ans créé par l’American College of Cardiology. Le critère d’évaluation principal incluait le calcul de la différence du score ASCVD entre le début de l’étude et après 1 an de démarrage du sémaglutide. Les critères de jugement secondaires comprenaient les paramètres métaboliques et l’utilisation de médicaments.
Sur les 93 participants, 69% étaient des femmes et l’âge moyen était de 55 ans. Presque tous (91 %) étaient blancs. L’IMC moyen était de 39,8 kg/m2à la frontière entre l’obésité de classe II et de classe III.
Il y avait une diminution significative du risque d’ASCVD à 10 ans entre le départ et 1 an : 7,64 % contre 6,26 %, soit une baisse de 1,38 %. Les paramètres suivants ont diminué significativement : la tension artérielle de 9,3/4,9 mmHg (pour systolique et diastolique), le cholestérol total de 9,5 mg/dL ; LDL de 6,6 mg/dL, triglycérides de 20,0 mg/dL, glycémie à jeun de 23,0 mg/dL et HbA1c (une mesure du contrôle de la glycémie) de 0,72 %. Il n’y a pas eu de changement significatif dans l’utilisation des médicaments contre l’hypertension, des statines ou de l’aspirine entre le départ et le dernier suivi. Le pourcentage total de perte de poids corporel associé à l’utilisation de sémaglutide à 12 mois était de 10,9 % (sur 41 patients pour lesquels des données de poids étaient disponibles à 12 mois).
Les auteurs concluent : « L’utilisation du sémaglutide chez les patients en surpoids ou obèses est associée à une diminution du risque de MCV à 10 ans. Bien que modeste après seulement un an d’utilisation, cette diminution peut se traduire par une diminution du risque de morbidité et de mortalité cardiovasculaires au fil du temps avec une perte de poids continue. D’autres études, avec des échantillons plus importants et des périodes de suivi plus longues, sont nécessaires pour évaluer les résultats cardiovasculaires du sémaglutide. »
Les auteurs envisagent de mener des études à plus long terme pour voir si l’effet du sémaglutide sur le risque cardiovasculaire s’étend/évolue dans le temps.