Une récente Rapports scientifiques étude a étudié l’effet du yoga sur la gravité de la polyarthrite rhumatoïde (PR).
Sommaire
Arrière-plan
La PR est une maladie inflammatoire et auto-immune chronique qui se manifeste en raison de facteurs immunitaires, génétiques et environnementaux. Ici, le système immunitaire attaque par erreur les cellules saines du corps, ce qui provoque une inflammation. Cette inflammation s’accompagne de douleurs et de gonflements, notamment au niveau des articulations.
La pathogenèse de la PR est étroitement liée aux cellules immunitaires, en particulier aux macrophages, aux lymphocytes T et aux lymphocytes B. Mécaniquement, les macrophages et les fibroblastes sont recrutés par les lymphocytes T pour agir comme des cellules destructrices des tissus en libérant un large spectre de chimiokines et de cytokines pour provoquer une inflammation des articulations.
Bien que les lymphocytes T régulateurs (cellules Treg) et les lymphocytes T helper 17 (Th17) proviennent des mêmes lymphocytes T CD4+ naïfs, ces cellules sont associées à des profils d’expression génique distinctifs et à des environnements de cytokines distincts.
Les articulations sont blessées par des cellules Th17 pro-inflammatoires et des cytokines pro-inflammatoires qui provoquent une inflammation des tissus d’origine auto-immune. Les cellules Treg préviennent les maladies auto-immunes en produisant des cytokines anti-inflammatoires. Ces cellules jouent un rôle crucial dans l’auto-tolérance et suppriment le système immunitaire.
Le récepteur orphelin gamma t (RORγt) lié à l’acide rétinoïque est un facteur de transcription unique aux cellules Th17 qui produisent de l’interleukine (IL)-17. Foxp3 est un autre facteur de transcription associé à la production du facteur de croissance transformant (TGF)-β qui gère l’homéostasie et la tolérance immunitaire du système immunitaire.
Les patients atteints de PR présentaient des cellules Treg fonctionnellement altérées. Le déséquilibre des cellules Th17/Treg joue un rôle important dans l’étiologie de la PR.
Un taux d’immunosénescence accéléré a été observé chez les patients atteints de PR. Un raccourcissement inapproprié des télomères est un marqueur clé indiquant un vieillissement prématuré des cellules T des patients atteints de PR. La méthylation de l’ADN et l’acétylation des histones sont liées au vieillissement, qui constitue l’association mécanistique entre la manifestation de maladies auto-immunes (par exemple, la PR) et l’immunosénescence.
Bien que le yoga soit une ancienne pratique corps-esprit, ses effets bénéfiques sur le système immunitaire ont récemment été discutés. Le yoga régulier exerce un effet positif sur l’ensemble du corps, y compris sur l’immunité des muqueuses et à médiation cellulaire.
À propos de l’étude
L’essai contrôlé randomisé prospectif en simple aveugle en cours a évalué l’effet d’une pratique de yoga de 8 semaines sur des patients atteints de PR suivant un traitement médicamenteux standard.
Cette étude émet l’hypothèse que le yoga améliore les résultats cliniques de la PR en modulant divers composants biologiques aux niveaux moléculaire, cellulaire et organique. Les effets immunomodulateurs de huit semaines de pratique du yoga ont été évalués sur la gravité de la PR.
Cette étude a recruté des patients atteints de PR âgés de 18 à 60 ans dans l’unité ambulatoire du service de rhumatologie de l’AIIMS, à New Delhi, en Inde. Tous les patients étaient sous traitement médical depuis au moins six mois pour une PR. Les patients qui pratiquaient déjà le yoga ou qui suivaient toute forme de supplémentation herbominérale, homéopathique ou ayurvédique ont été exclus.
Les participants éligibles ont été randomisés en deux groupes, à savoir : les groupes yoga et non yoga. Des échantillons de sang ont été prélevés au départ et à la fin de la 8ème semaine d’intervention.
La gravité de la maladie a été estimée en mesurant des sous-ensembles de lymphocytes T, y compris les marqueurs du vieillissement des lymphocytes T (Th17 âgés), les cellules Treg vieillies, les marqueurs inflammatoires et les altérations épigénétiques des 5-mC, 5-hmC et HDAC1.
Altération de l’expression génétique de RORγt, Ligand 2 de la chimiokine à motif C‐X‐C (CXCL2), Récepteur 2 de chimiokine à motif C‐X‐C (CXCR2), et JUN ont été évalués.
Résultats de l’étude
Au total, 64 candidats remplissant tous les critères d’éligibilité ont été répartis au hasard en deux groupes. Chaque groupe comptait trente-deux participants. Cette étude a mis en évidence un effet positif du yoga sur l’altération des sous-ensembles de lymphocytes T, les altérations épigénétiques, les marqueurs du vieillissement des lymphocytes T et les facteurs de transcription de la PR.
Il est important de noter que 8 semaines de pratique du yoga ont considérablement réduit la gravité de la PR, normalisé les biomarqueurs de l’inflammation et contrôlé l’homéostasie des cellules Th17/Treg. La pratique du yoga a également réduit de manière significative le taux de vieillissement immunologique, évalué sur la base des cellules Th17 et de la population de cellules Treg âgées.
La pratique du yoga a modifié positivement les niveaux de méthylation, les niveaux globaux de méthylation d’hydroxyle et les niveaux de HDAC1 qui régulent les modèles d’expression génique. Par exemple, le groupe de yoga a montré une régulation négative de RORγt, CXCL2, IL-6, IL-17, CXCR2 et une régulation positive de TGF-β et FoxP3.
Ces résultats suggèrent que le yoga possède un potentiel immunomodulateur qui réduit l’inflammation systémique et locale dans la PR.
Cette étude a mis en évidence une réduction post-yoga du pourcentage moyen de cellules Th17 dans les groupes de yoga après 8 semaines d’intervention. En revanche, une augmentation du pourcentage moyen de cellules Treg a été observée dans le groupe yoga.
Le yoga semble réduire positivement le rythme du vieillissement immunologique chez les patients atteints de PR.
Conclusions
L’étude actuelle présente certaines limites, notamment l’absence de groupe témoin et une répartition inégale entre les sexes, réduisant la généralisabilité des résultats.
Malgré ses limites, la pratique du yoga a eu un effet positif sur le système immunomodulateur, atténuant ainsi la gravité de la PR. Une réduction significative des taux de marqueurs pro-inflammatoires (IL-6 et IL-17) et des transcrits liés aux cytokines pro-inflammatoires a été observée. Les recherches futures doivent utiliser un échantillon plus grand avec une période de suivi à long terme pour étayer les résultats de l’étude.