Une revue systématique révèle que les agonistes du récepteur GLP-1 peuvent aider à réduire certains troubles liés à la consommation de substances, mais les résultats sont incohérents en raison de la variabilité des études et des différences entre les patients.
Revue : RÔLE POTENTIEL DES AGONISTES DU RÉCEPTEUR DU GLUCAGON-LIKE PEPTIDE-1 (GLP-1) DANS LES TROUBLES LIÉS À LA CONSOMMATION DE SUBSTANCES : UNE REVUE SYSTÉMATIQUE D'ESSAIS RANDOMISÉS. Crédit photo : Designua / Shutterstock
Une revue systématique publiée dans la revue Dépendance aux drogues et à l'alcool fournit une analyse détaillée des résultats des essais cliniques disponibles qui ont étudié l’effet des agonistes du récepteur du peptide de type glucagon-1 (GLP-1) sur les troubles liés à la consommation de substances.
Sommaire
Arrière-plan
Les troubles liés à l’usage de substances constituent un problème majeur de santé publique, touchant environ 40 millions de personnes dans le monde. Une augmentation de 23 % de sa prévalence a été observée en 2021 par rapport à celle observée au cours des dix dernières années.
Selon des estimations récentes, environ 5 millions et 280 millions de personnes souffrent respectivement de troubles liés à la consommation de cocaïne et d’alcool. Le taux de mortalité associé aux surdoses de cocaïne augmente également rapidement dans le monde entier, dépassant celui des décès liés aux surdoses d’opioïdes.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles liés à la consommation d’alcool sont associés à 5,3 % des décès et à 5,1 % de la charge mondiale de morbidité et de blessures. Comme l’alcool, le tabagisme est une autre cause majeure de décès prématuré.
Tous les types de dépendances aux substances sont cliniquement codifiés comme un trouble lié à l’utilisation de substances, qui est considéré comme une maladie chronique caractérisée par une transition de la consommation récréative de drogues à une consommation compulsive et désordonnée.
Les agonistes du récepteur du peptide de type glucagon-1 (GLP-1) sont une classe de médicaments généralement utilisés pour maintenir l'homéostasie du glucose chez les patients atteints de diabète de type 2. Ces agonistes jouent également un rôle essentiel dans la différenciation des cellules nerveuses et l'inhibition de la neuroinflammation. Outre leurs effets neuroprotecteurs, les agonistes du récepteur du GLP-1 sont impliqués dans les réseaux cérébraux associés à la récompense et à la dépendance.
Dans cette revue systématique, les auteurs ont mené une analyse complète des essais cliniques pour déterminer l’impact des agonistes du récepteur GLP-1 sur la réduction des troubles liés à la consommation de substances chez les patients.
Conception d'une revue systématique
Les auteurs ont examiné diverses bases de données électroniques pour identifier les essais cliniques qui ont étudié l’effet des agonistes du récepteur GLP-1 sur différents types de troubles liés à la consommation de substances (troubles liés à la consommation d’alcool, de nicotine et de cocaïne) chez les patients adultes.
Outre les effets protecteurs sur les troubles liés à la consommation de substances, les auteurs ont analysé l’impact des agonistes du récepteur GLP-1 sur la gestion du poids corporel, l’indice de masse corporelle (IMC) et le taux d’hémoglobine glyquée (une mesure du contrôle glycémique).
Après une revue du texte intégral de 39 études, les auteurs ont inclus cinq essais cliniques contrôlés randomisés dans l'analyse finale. Ces essais comprenaient un total de 630 participants et utilisaient l'exénatide ou le dulaglutide comme agonistes du récepteur GLP-1. La durée des essais variait de 6 à 26 semaines. Il est important de noter que ces essais présentaient un degré élevé d'hétérogénéité en termes de types de substances étudiées, de caractéristiques des patients et de protocoles de traitement, ce qui posait des défis importants pour tirer des conclusions définitives. Dans l'ensemble, les essais sélectionnés présentaient un risque de biais faible à modéré.
Observations importantes
Les cinq essais cliniques inclus dans l’analyse ont tous rapporté une réduction des troubles liés à la consommation de substances induite par l’agoniste du récepteur du GLP-1, deux essais rapportant respectivement un impact thérapeutique significatif de l’agoniste du récepteur du GLP-1 sur la réduction des troubles liés à la consommation d’alcool et de nicotine. Il est important de noter que ces essais ont montré un degré élevé d’hétérogénéité en termes de types de substances étudiées, de caractéristiques des patients et de protocoles de traitement, ce qui a posé des défis importants pour tirer des conclusions définitives.
De plus, dans l’essai examinant les troubles liés à la consommation d’alcool, une réduction significative de la consommation d’alcool n’a été observée que dans un sous-groupe spécifique de patients obèses, ce qui suggère que les caractéristiques des patients, telles que l’IMC, pourraient influencer les résultats du traitement.
En ce qui concerne les résultats secondaires, quatre des cinq essais sélectionnés ont rapporté une réduction significative du poids corporel, de l’IMC et des niveaux d’hémoglobine glyquée chez les participants traités par un agoniste du récepteur GLP-1.
Importance
Cette revue systématique met en évidence l’impact thérapeutique potentiel des agonistes du récepteur GLP-1 dans la réduction des troubles liés à la consommation de substances chez les patients adultes. Les auteurs appellent toutefois à la prudence dans l’interprétation de ces résultats en raison du nombre limité d’essais, des variations dans les modèles d’étude et de l’hétérogénéité des populations de patients et des types de substances étudiés.
L’association entre obésité et troubles liés à la consommation de substances psychoactives a été largement documentée dans la littérature. Il a été observé que l’exposition à des aliments très appétissants augmente les signaux neuroendocriniens clés, qui remodèlent les circuits de récompense du cerveau pour renforcer les comportements alimentaires pathologiques.
Ce phénomène est similaire à celui qui se produit au niveau neurobiologique dans le cas des troubles liés à la consommation de substances. Des études utilisant des modèles animaux d’obésité ont révélé des caractéristiques neurobiologiques typiques de la dépendance dans les systèmes cérébraux, qui résultent de comportements similaires à la dépendance aux aliments riches en graisses et en sucre.
Compte tenu de l’expression généralisée des récepteurs GLP-1 dans le cerveau, les auteurs recommandent que les études futures se concentrent sur l’identification des principaux circuits neuronaux impliqués dans la médiation des effets des agonistes des récepteurs GLP-1 sur les troubles liés à la consommation de substances, ainsi que sur la détermination des sous-types spécifiques de patients les plus susceptibles de bénéficier de ces traitements.
Ils soulignent également la nécessité de futurs essais cliniques pour déterminer de manière plus concluante la dose et la durée des traitements à base d’agonistes du récepteur GLP-1 chez les patients dépendants de différents types de substances, notamment les amphétamines, les opioïdes et les benzodiazépines.
Les essais cliniques inclus dans la revue présentaient un degré élevé d'hétérogénéité en termes de types de substances, de caractéristiques des patients et de types et doses d'agonistes du récepteur GLP-1 administrés. Cette variabilité a limité la possibilité de mener une méta-analyse et a souligné la nécessité de protocoles standardisés dans les recherches futures.
Comme mentionné par les auteurs, les résultats de cette revue doivent être considérés avec une certaine prudence en ce qui concerne l’effet thérapeutique potentiel des agonistes du récepteur GLP-1 sur les troubles liés à la consommation de substances.