L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une affection dans laquelle les reins sont incapables de filtrer efficacement les déchets du sang, ce qui entraîne diverses complications de santé. De nombreuses études ont démontré que l’insuffisance rénale aiguë (IRA) entraîne par la suite des lésions rénales à long terme et évolue vers une maladie rénale chronique (MRC) ; une forme plus grave d’insuffisance rénale. La transition de l’IRA à l’IRC dépend de divers facteurs, tels que la septicémie, le type de chirurgie et la présence de maladies cardiovasculaires.
À l’heure actuelle, les mécanismes exacts sous-jacents à cette transition multifactorielle ne sont pas clairs. Démêler ces mécanismes peut contribuer au développement de stratégies thérapeutiques pour prévenir la transition AKI-CKD. Actuellement, on sait que les macrophages, qui sont un type de cellule immunitaire, jouent un rôle clé dans la transition de l’IRA à l’IRC.
Pour explorer davantage le rôle des macrophages, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Xiaoming Meng de l’Université médicale d’Anhui en Chine, a rédigé un article de synthèse soulignant l’impact de différents sous-types de macrophages sur la transition de l’IRA à l’IRC. Cet article, publié le Revue médicale chinoiseont également exploré le potentiel de la thérapie ciblée sur les macrophages dans la prévention de la transition AKI-CKD.
La source à partir de laquelle un macrophage est dérivé affecte son phénotype et sa fonction. En fait, les macrophages peuvent évoluer vers plusieurs phénotypes, chacun jouant un rôle différent dans la régulation et la réparation de l’insuffisance rénale. Par exemple, les macrophages résidents, spécifiques du tissu rénal, sont impliqués dans les processus anti-inflammatoires lors de la réparation rénale, tandis que les macrophages circulants, dérivés des monocytes sanguins, jouent un rôle pro-inflammatoire lors de la migration vers le site de la lésion.
Généralement, les macrophages sont classés en deux types : M1 et M2. Quelques études ont suggéré que les macrophages M1, qui sont pro-inflammatoires, jouent un rôle dans certains processus précoces associés au développement de l’IRA. D’autre part, les macrophages M2 se sont avérés réduire l’inflammation et la fibrose associées aux IRA.
Comment les macrophages pro-inflammatoires contribuent-ils à l’IRC ? Le Dr Meng déclare : « Les lésions rénales qui conduisent à l’IRC sont aggravées par macrophages pro-inflammatoires. Ces macrophages accélèrent l’inflammation rénale via la libération de plusieurs cytokines et chimiokines pro-inflammatoires ou en déclenchant des processus de cicatrisation anormaux, qui finissent par conduire à une fibrose rénale. »
La nature unique des macrophages leur permet de changer leur phénotype de M1 à M2 en réponse à une lésion rénale ; un processus connu sous le nom de polarisation. Les macrophages peuvent également modifier le microenvironnement rénal par des interactions avec les cellules endothéliales, les cellules immunitaires, les fibroblastes et les cellules épithéliales tubulaires (CET). Par exemple, les macrophages infiltrant le rein en réponse à une blessure favorisent les blessures et la mort des TEC, ce qui bloque finalement la transition AKI-CKD provoquée par les TEC.
Dans l’IRA induite par le sepsis, Csf2, qui est une cytokine sécrétée par les TEC blessés, favorise la transition des macrophages M1 vers les macrophages M2. Fait intéressant, certains macrophages M2 qui expriment les récepteurs CD206 et/ou CD163 contribuent à l’inflammation subclinique, aux lésions tubulaires et à la progression de la fibrose rénale ; un contraste frappant avec leur comportement anti-inflammatoire habituel. De plus, en cas d’inflammation extrême, les macrophages M2 adoptent un «phénotype pro-fibrotique» dans lequel ils activent les myofibroblastes, qui sont des cellules impliquées dans la contraction et la cicatrisation des plaies.
« De manière inattendue, nous avons découvert que les macrophages peuvent se différencier directement en myofibroblastes, via un processus connu sous le nom de transition macrophage-myofibroblaste (MMT). Ces myofibroblastes nouvellement formés augmentent la fibrose rénale, ce qui conduit éventuellement à une insuffisance rénale. », a déclaré le Dr Meng. À l’heure actuelle, le rôle exact du MMT dans la transition AKI-CKD n’est pas clair.
L’article traite également de trois voies de signalisation qui contribuent à la transition AKI vers CKD, notamment la voie de signalisation Notch, la voie de signalisation TGF-β/Smad et la voie de signalisation Wnt/β-caténine. « Cibler les voies qui régulent l’activation des macrophages et du MMT ou la modification des phénotypes des macrophages peut être une approche thérapeutique prometteuse pour les maladies rénales, en bloquant la transition AKI vers CKD. », explique le Dr Meng, tout en expliquant comment la transition AKI-CKD peut être évitée.
Les stratégies thérapeutiques qui interfèrent avec l’activation et le rôle pathogène des macrophages dans cette transition ont été largement étudiées. L’article met en évidence le rôle de molécules connues sous le nom de liposomes de clodronate, qui peuvent épuiser les macrophages et réduire l’étendue de la fibrose rénale. La modification de l’activation des macrophages et des facteurs de blocage avec lesquels ils interagissent peut également prévenir la fibrose rénale et l’échec ultérieur.
De plus, il a été démontré que le traitement avec un composé connu sous le nom de quercétine bloque l’infiltration des macrophages et la polarisation M2. De plus, un récepteur connu sous le nom de facteur de stimulation des colonies (CSF)-1 influence la prolifération, la différenciation et la survie des macrophages. Le blocage du gène qui code pour ce récepteur peut conduire à une inhibition de la prolifération des macrophages dans les reins. De plus, il a été rapporté qu’une molécule connue sous le nom de vorapaxar supprime les macrophages en bloquant les voies impliquées dans la transition AKI vers CKD.
Les enseignements de cet article contribueront au développement de stratégies thérapeutiques supplémentaires contre la transition AKI-CKD !