Les consultations vidéo à distance entre patients et spécialistes de la santé mentale montrent une amélioration légère mais significative des symptômes de la dépression et de l'anxiété, révèle un essai publié par Le BMJ aujourd'hui.
Bien que l’effet soit faible, les chercheurs affirment qu’il est néanmoins significatif étant donné les niveaux élevés de ces troubles dans la communauté.
À l’échelle mondiale, la dépression et les troubles anxieux sont parmi les principales causes d’années vécues avec un handicap, mais la plupart des personnes souffrant de dépression et d’anxiété sont traitées en soins primaires et n’ont pas accès à des soins de santé mentale spécialisés.
Des études antérieures ont montré que la télémédecine dans les milieux de soins primaires peut être efficace, mais les preuves de consultations à distance entre les patients dans les milieux de soins primaires et les spécialistes de la santé mentale hors site sont rares.
Pour approfondir cette question, des chercheurs allemands ont étudié l’efficacité d’un nouveau modèle de consultation vidéo en santé mentale (PROVIDE) pour traiter les personnes présentant des symptômes de dépression et d’anxiété dans les établissements de soins primaires.
Leurs conclusions sont basées sur 376 adultes (âge moyen 45 ans ; 63 % de femmes) qui ont consulté leur médecin généraliste avec au moins une dépression ou une anxiété modérément sévère, ou les deux, entre le 24 mars 2020 et le 23 novembre 2021.
La gravité des symptômes a été mesurée à l’aide du questionnaire de santé du patient sur l’anxiété et la dépression (PHQ-ADS) et les participants ont été assignés au hasard pour recevoir le modèle PROVIDE ou les soins habituels.
Le modèle PROVIDE comprenait cinq séances vidéo en temps réel de 50 minutes comprenant une brève psychothérapie sur huit semaines entre le patient dans le cabinet de soins primaires et un spécialiste en santé mentale dans un établissement externe. Les soins habituels étaient fournis par un médecin généraliste et comprenaient de brefs conseils, des médicaments et une orientation vers des spécialistes.
Par rapport aux soins habituels, l’intervention PROVIDE a conduit à de légères améliorations de la gravité des symptômes dépressifs et anxieux (réduction moyenne de 2,4 points sur le score PHQ-ADS) à six mois, et les effets ont été maintenus à 12 mois (réduction moyenne de 2,9 points).
Le modèle PROVIDE s’est également avéré plus efficace pour réduire la détresse psychologique liée aux symptômes physiques (somatiques), à six et douze mois, mais ne semble pas offrir d’avantage supplémentaire pour le rétablissement.
Aucun événement indésirable grave n’a été signalé dans aucun des deux groupes.
Les chercheurs soulignent plusieurs limites, comme la difficulté de réunir un échantillon entièrement représentatif et impartial dans le cadre d’une recherche clinique fondée sur la pratique et l’impact potentiel des données manquantes.
Et bien que la taille de l'effet soit faible (en dessous de la différence minimale cliniquement importante moyenne de 3 à 5 points sur le score PHQ-ADS), ils soutiennent que l'amélioration est toujours significative « étant donné la forte prévalence de la dépression et de l'anxiété dans les milieux communautaires ».
Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour aider à adapter les interventions plus efficacement et maximiser leurs impacts sur la santé publique, ils concluent : « Le modèle PROVIDE s'avère prometteur en tant qu'intervention évolutive qui peut bénéficier collectivement à la santé de la population en termes de dépression et de troubles anxieux. »