Des publicités alimentaires aux pressions exercées sur l’image corporelle, une étude mondiale révèle comment les médias sociaux entraînent des habitudes alimentaires malsaines chez des enfants dès l’âge de cinq ans.
Revue : Influence négative des médias sociaux sur l'alimentation des enfants : une revue systématique. Crédit d'image : Jelena Stanojkovic/Shutterstock
Des scientifiques de l'Université de North Texas, aux États-Unis, ont mené une revue systématique de la littérature existante pour comprendre l'impact des médias sociaux sur les habitudes alimentaires des enfants.
L'étude est publiée dans la revue Encyclopédie.
Sommaire
Arrière-plan
Les réseaux sociaux font désormais partie intégrante du mode de vie d'aujourd'hui. Le taux toujours croissant d’utilisation des médias sociaux suscite des inquiétudes, en particulier chez les enfants, car ils peuvent avoir un impact sur divers aspects de leur bien-être, notamment leurs habitudes alimentaires et leur santé nutritionnelle.
L'exposition continue à des informations sur la nutrition, les recettes saines et les tendances en matière de bien-être via les plateformes de médias sociaux peut influencer les préférences alimentaires, le comportement alimentaire et les aspects connexes d'un enfant.
Diverses industries agroalimentaires utilisent les plateformes de médias sociaux pour cibler les jeunes utilisateurs avec des publicités sur des produits alimentaires malsains, ce qui peut avoir un impact négatif sur leurs préférences alimentaires. De la même manière, les médias sociaux peuvent créer une pression sur les enfants en les exposant à des vidéos et des images d’influenceurs et d’amis consommant des aliments malsains.
L’exposition à des images corporelles idéalisées via les plateformes de médias sociaux peut créer des normes corporelles irréalistes et exacerber l’insatisfaction corporelle. Ne pas atteindre ces objectifs peut les rendre plus vulnérables au développement d’une insatisfaction corporelle et à l’adoption de comportements alimentaires malsains.
Cette revue systématique visait à analyser les preuves récentes sur les impacts négatifs des médias sociaux sur l'alimentation des enfants dans diverses populations et contextes.
Conception de l'étude
Les auteurs ont recherché diverses bases de données électroniques pour identifier les études observationnelles et expérimentales publiées entre 2020 et 2024. Ils ont étudié l’association entre l’utilisation des médias sociaux et les résultats alimentaires chez les enfants âgés de 5 à 18 ans.
Au total, 25 études ont été incluses dans l'analyse. Quatre thèmes clés ont été analysés : l'exposition à des publicités sur des aliments malsains, la pression des pairs favorisant une consommation alimentaire malsaine, les perceptions déformées de l'image corporelle conduisant à une alimentation malsaine et la qualité réduite des repas en raison des distractions des médias sociaux.
Observations importantes
Des études axées sur l'exposition au contenu ont montré des associations positives entre l'utilisation des médias sociaux et la consommation d'aliments malsains, notamment les boissons sucrées, la restauration rapide et les collations riches en calories.
En ce qui concerne le marketing d’influence sur les réseaux sociaux, les données probantes indiquent que l’exposition au marketing d’influence sur des aliments malsains peut entraîner une vulnérabilité accrue aux comparaisons avec les pairs, une mauvaise perception de l’image corporelle et une consommation accrue d’aliments annoncés. Les enfants exposés à des publicités alimentaires sur les réseaux sociaux avaient une préférence plus marquée pour les aliments malsains.
En ce qui concerne les comportements alimentaires, les données indiquent que les enfants qui participent aux tendances alimentaires et aux défis alimentaires basés sur les médias sociaux courent un risque plus élevé de développer des troubles de l’alimentation et des carences nutritionnelles.
Concernant le temps passé devant un écran, des études ont montré qu'une utilisation accrue des médias sociaux est associée à une augmentation des sauts de repas, à des comportements de grignotage malsains, à une alimentation émotionnelle accrue, à une dépendance alimentaire, à une inactivité physique et à un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé.
Concernant la perception de l’image corporelle, des études ont montré qu’une exposition fréquente à des images corporelles idéalisées peut conduire à une insatisfaction corporelle et à des comportements alimentaires restrictifs. Les enfants qui publient fréquemment du contenu lié à l’alimentation sur les réseaux sociaux présentent des niveaux plus élevés de restrictions alimentaires et de problèmes de poids.
Concernant les médias sociaux en tant que source d’information, les données indiquent que l’exposition à des informations erronées liées à la nutrition peut conduire à une mauvaise connaissance nutritionnelle chez les enfants, ce qui peut à son tour influencer leurs choix en faveur de produits alimentaires malsains. La prolifération de la désinformation est un domaine critique nécessitant une intervention immédiate.
Importance de l’étude
Cette revue systématique comprend des études de plusieurs pays sur tous les continents et fournit ainsi une perspective globale sur l'impact de l'utilisation des médias sociaux sur les habitudes alimentaires des enfants et des adolescents.
Cependant, les résultats révèlent également des lacunes clés, telles que l'inclusion limitée d'études provenant de régions comme l'Amérique latine, l'Afrique et certaines parties de l'Asie, ce qui rend difficile la généralisation des résultats à l'échelle mondiale.
La plupart des études incluses dans la revue ont été publiées pendant la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), ce qui pourrait conduire à un biais potentiel selon lequel les confinements auraient pu augmenter le temps global passé devant un écran et l'utilisation des médias sociaux chez les enfants et les adolescents.
L'analyse de l'étude révèle l'influence cohérente et généralisée des médias sociaux sur les habitudes alimentaires malsaines au sein de diverses populations et contextes. De nombreuses études ont signalé un fort impact du marketing d’influence sur les réseaux sociaux et des publicités alimentaires sur les choix alimentaires malsains.
Il a notamment été démontré que l’utilisation des médias sociaux affecte les comportements alimentaires des enfants âgés de 5 à 8 ans. Chez les adolescents, il a été démontré que les médias sociaux contribuent à une mauvaise perception de l’image corporelle et au développement de troubles de l’alimentation.
Compte tenu de ces observations, les auteurs suggèrent que les décideurs publics devraient mettre en œuvre de toute urgence des réglementations strictes sur la commercialisation des aliments destinés aux enfants via les plateformes de médias sociaux.
Ils soulignent en outre l'importance de combler les lacunes en matière de sensibilisation et d'implication des parents en promouvant des ressources pour aider les parents à arbitrer l'exposition en ligne de leurs enfants. Ils soulignent également la nécessité de donner la priorité à l’éducation aux médias dans les écoles afin d’aider les enfants à analyser et à comprendre de manière critique le contenu en ligne.
Les études futures devraient explorer les impacts à long terme des médias sociaux et des facteurs de protection pour orienter les politiques visant à créer des environnements numériques plus sains pour les enfants.
En outre, des recherches sont nécessaires sur la manière dont les médias sociaux peuvent être exploités efficacement pour promouvoir des comportements alimentaires plus sains, en les transformant en un outil de changement positif.