Les chauves-souris sont porteuses asymptomatiques d’une multitude de virus pathogènes pour la plupart des autres mammifères. Comment leur système immunitaire a-t-il évolué pour les protéger de ces agents pathogènes ? Une équipe de scientifiques, pour la plupart affiliés au CNRS, à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et à l’ENS de Lyon, vient de publier un article dans Avancées scientifiques répondre à cette question. Une partie de l’explication pourrait résider dans le nombre de copies et la diversification du gène codant pour l’enzyme PKR, impliquée dans la réponse immunitaire aux virus.
Alors que la plupart des mammifères possèdent un seul exemplaire de ce gène, certaines chauves-souris en possèdent plusieurs, ce qui leur permet de diversifier leur répertoire antiviral et ainsi de se défendre d’un large éventail de virus. Ceci a été rendu possible chez les chauves-souris par l’accumulation de multiples copies du gène PKR, chacune soumise à une sélection positive au cours de l’évolution de ces animaux. Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de chercheurs a adopté une approche interdisciplinaire intégrant la génétique, l’évolution, la biologie moléculaire et cellulaire, la virologie et les données de terrain. Ils se sont penchés sur l’histoire évolutive du gène PKR chez diverses espèces de chauves-souris et ont analysé, au niveau moléculaire, les adaptations acquises par ces animaux après avoir fait face à des épidémies dans le passé antique. Leurs travaux contribuent à notre compréhension de la transmission virale entre espèces hôtes.
En France, cette recherche a impliqué des scientifiques du Laboratoire de Biométrie et Biologie évolutive (CNRS / VetAgro Sup / Université Claude Bernard Lyon 1) et du Centre International de Recherche en Infectiologie (CNRS / INSERM / Université Claude Bernard Lyon 1 / ENS de Lyon) , et a été principalement financé par le Laboratoire d’Excellence Ecofect (LabEx) et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR).
La sélection positive est l’acquisition évolutive par les espèces de mutations génétiques qui augmentent leurs chances de se reproduire. Les gènes mutés sont transmis aux générations suivantes jusqu’à ce qu’ils viennent remplacer les formes précédentes.