Une équipe de l’UNIGE et des HUG a analysé les contacts de 50’000 cas positifs au Covid-19. L’immunité suite à la vaccination offre une meilleure protection à votre entourage.
Près d’une personne sur trois exposée au SRAS-CoV2 est infectée, et jusqu’à deux sur cinq par le variant Omicron. En cas d’immunité – ; conféré par vaccination, infection ou une combinaison des deux – ; ce taux tombe à un sur dix. Or, l’immunité disparaît au bout de quelques mois, confirme une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), après avoir revisité les données épidémiologiques recueillies à Genève. Tandis que la protection après l’infection semble être légèrement supérieure à celle après la vaccination – ; bien qu’au risque de symptômes potentiellement graves – ; la vaccination réduit la contagiosité des patients sur une période plus longue. Alors que le nombre de cas augmente à nouveau, la filtration de l’air, la ventilation et le port du masque à proximité des personnes vulnérables apparaissent comme des mesures nécessaires. Ces résultats sont à découvrir dans la revue Communications naturelles.
Immunité – ; la capacité de l’organisme à se défendre contre les agents pathogènes, ici le SARS-CoV2 – ; peut être conférée par une vaccination, une infection ou une combinaison des deux. Le vaccin agit de deux manières sur la propagation du virus. Il empêche les personnes de contracter le virus, mais aussi, en cas d’infection, de se propager à votre entourage.
« Notre objectif était d’évaluer le taux d’attaque secondaire du SRAS-CoV2, c’est à dire la proportion de personnes infectées parmi les contacts d’une personne malade, de voir l’effet de l’immunité sur la transmission, et d’identifier comment cet effet se répartit entre une contagiosité réduite. et protection contre les infections », explique Delphine Courvoisier, professeure adjointe au Département de médecine de la Faculté de médecine de l’UNIGE, épidémiologiste au Département de la qualité des soins des HUG et déléguée des HUG en tant que chef de l’unité de données au Service médical cantonal, qui a dirigé ce travail.
Un corpus de données exceptionnel
Les données de plus de 50’000 cas et 110’000 contacts enregistrés dans le canton de Genève entre juin 2020 et mars 2022 ont été analysées. Ces chiffres constituent une base de données très complète, tant par le nombre de cas que par la diversité des informations fournies : zone de résidence, âge, poids, type de symptômes, statut vaccinal, dates de vaccination et/ou d’infection.
«Cette étude ne porte pas sur des échantillons biologiques, mais sur les résultats de tests et le suivi des contacts rapportés par les personnes testées positives à la COVID-19», explique Denis Mongin, chercheur au Département de médecine de la Faculté de médecine de l’UNIGE. Médecin, statisticien aux HUG et expert délégué à l’informatique. « Cependant, la quantité de données dont nous disposons nous permet de procéder à une analyse détaillée et d’ajuster les paramètres pour éviter tout biais. »
Vaccination ou infection : quelle immunité ?
En moyenne, une personne a infecté un peu plus de trois de ses contacts sur dix, principalement au sein de la cellule familiale, et jusqu’à quatre sur dix par Omicron. Cependant, l’immunité réduit considérablement le nombre de contacts infectés, principalement en protégeant contre l’infection et, dans une moindre mesure, en réduisant le pouvoir infectieux des individus malades. De plus, ces résultats confirment ce qui avait déjà été observé : l’immunité suite à une infection a un effet plus fort sur la transmission du virus que le vaccin, tant en termes de réduction de la contagiosité que du risque de contamination. Cependant, l’effet s’estompe au bout de quelques mois dans tous les cas.
« Toutefois, les risques liés à l’infection sont importants, notamment pour les personnes fragiles. On sait aussi qu’il existe des risques cumulés liés à des infections multiples, notamment cardiaques ou neurologiques », précise Delphine Courvoisier. Par ailleurs, l’analyse des données genevoises montre que l’âge, le sexe, le statut socio-économique et l’obésité ont peu d’impact. La combinaison de la vaccination et de l’infection ne confère pas non plus une plus grande immunité.
Des recommandations simples mais efficaces
Pour l’heure, si les vaccins restent utiles pour limiter la contagiosité, notamment pour les soignants et les personnes très âgées et/ou fragiles, ils ne peuvent pas être la seule mesure de santé publique en cas de nouvelle vague. « C’est pourquoi des mesures de santé publique relativement simples et peu coûteuses telles que la filtration de l’air, la ventilation des maisons, des bureaux et des salles de classe, ainsi que le port de masques doivent être envisagées si nous voulons réduire efficacement la propagation du SarS-Cov-2 », concluent les auteurs.