Une étude publiée dans Rapports scientifiques a exploré les déclencheurs de la ménopause prématurée et précoce en Inde sur la base de l’Enquête nationale sur la santé familiale 2019-2021. Il y avait 96 millions de femmes de plus de 45 ans en Inde en 2011, un chiffre qui devrait atteindre plus de 400 millions d’ici 2026.
Sommaire
Arrière-plan
Les biologistes ont émis l’hypothèse que l’âge naturel auquel les femmes peuvent connaître la ménopause, définie comme une insuffisance ovarienne, se situe entre 45 et 50 ans, période durant laquelle les individus passent à une étape post-reproductive de leur vie. Atteindre la ménopause avant 40 ans est considéré comme prématuré, tandis qu’une ménopause avant 45 ans est considérée comme une ménopause précoce.
L’estimation de la prévalence de la ménopause prématurée et précoce et l’identification des facteurs de risque qui y sont associés peuvent permettre aux professionnels de la santé publique et aux décideurs politiques de concevoir des interventions politiques appropriées et de garantir que les systèmes de santé sont prêts à répondre aux besoins de cette population.
À propos de l’étude
En plus de calculer la prévalence, les chercheurs de cette étude ont émis l’hypothèse que les comportements liés au mode de vie, les antécédents médicaux et les facteurs démographiques et socio-économiques modifieraient le risque de ménopause prématurée et précoce. Les données utilisées pour l’analyse proviennent du cinquième cycle de l’Enquête nationale indienne sur la santé familiale (NFHS), qui comprenait 724 115 femmes interrogées.
Après avoir exclu les femmes enceintes ou allaitantes au cours de l’enquête, ainsi que celles ayant connu une ménopause chirurgicale, l’échantillon final comprenait 429 446 femmes ayant connu une ménopause prématurée et 79 643 femmes ayant connu une ménopause précoce. Les femmes étaient classées comme ménopausées si elles n’avaient pas eu de cycle menstruel depuis un an ou plus.
Les facteurs socioéconomiques et démographiques comprenaient l’éducation, le cas, la religion, le lieu de résidence, l’indice de richesse du ménage, la situation professionnelle, l’état matrimonial et la région géographique. Les comportements liés au mode de vie comprenaient la consommation de tabac et d’alcool ainsi que des habitudes alimentaires malsaines (en particulier une consommation élevée de boissons gazeuses et d’aliments frits). Des données anthropométriques ont été utilisées pour évaluer l’indice de masse corporelle (IMC) et le statut d’anémie.
Les rapports de risque ont été calculés à partir de ces données pour évaluer l’évolution du risque de ménopause précoce ou prématurée chez les femmes de différentes catégories démographiques, socio-économiques et autres.
Résultats
L’analyse de prévalence suggère que 2,23 % des femmes âgées de 15 à 39 ans ont connu une ménopause prématurée, tandis que 16,2 % des femmes âgées de 40 à 44 ans ont connu une ménopause précoce. La majorité des femmes connaissant une ménopause précoce ou prématurée résidaient dans des zones rurales (66 %) et 15 à 40 % de ces femmes n’avaient reçu aucune éducation. Près de 40 % étaient pauvres, la plupart étaient mariées et plus de 60 % avaient accouché de leur premier enfant entre 18 et 24 ans.
Les tendances temporelles ont indiqué que la prévalence de la ménopause prématurée a diminué progressivement au fil du temps ; la ménopause prématurée a culminé en 1998-1999 (3,4 %) avant de décliner ou de rester stable au cours des vagues suivantes. À l’inverse, la ménopause précoce, qui affichait une prévalence de 21 % dans les années 1990, fluctue au fil du temps.
Des analyses bivariées ont montré que les femmes rurales employées, celles ayant un faible niveau d’éducation, celles dont le revenu familial était faible et celles appartenant à la catégorie des « autres classes arriérées » (OBC) étaient significativement plus susceptibles de connaître une ménopause prématurée. Les femmes du nord et de l’ouest de l’Inde couraient également un risque plus élevé. D’autres facteurs de risque comprenaient la consommation régulière d’aliments frits, la consommation d’alcool et la consommation de tabac. Pour la ménopause précoce, une analyse bivariée a identifié des facteurs de risque similaires.
Les modèles de survie suggèrent que des niveaux d’éducation plus élevés protègent contre la ménopause prématurée, tout comme le chômage et une richesse élevée. Les femmes qui ont déclaré ne jamais s’être mariées étaient moins susceptibles d’avoir une ménopause prématurée, tandis que celles qui avaient interrompu une grossesse couraient un risque plus élevé. D’autres facteurs de risque comprenaient le tabagisme et l’utilisation de méthodes menstruelles peu hygiéniques. Les femmes dont l’âge aux premières règles était de 12 ans ou moins présentaient un risque accru de ménopause prématurée par rapport à celles dont l’âge aux premières règles était de 15 ans ou plus.
Conclusions
Pour résumer, l’étude a utilisé une enquête démographique à grande échelle et représentative au niveau national pour évaluer la prévalence et les facteurs déterminants de la ménopause prématurée et précoce. Les auteurs ont supposé l’existence de liens liés à la nutrition et à la pauvreté. Plus précisément, les vulnérabilités éducatives, économiques et résidentielles pourraient se croiser et entraîner des effets cumulés sur l’âge à la ménopause.
Les points forts de l’étude comprennent sa robustesse méthodologique et l’utilisation d’une enquête représentative à l’échelle nationale, qui a collecté des données détaillées pour évaluer l’importance relative de divers facteurs dans la ménopause précoce et prématurée. Les antécédents médicaux complets ont permis d’exclure facilement les femmes ayant subi une hystérectomie ou de faibles taux d’œstrogènes. Cependant, la nature autodéclarée des données menstruelles pourrait conduire à un biais de rappel, et la conception transversale ne permet pas d’inférence causale.
Des études plus approfondies sur ce sujet, notamment par le biais de micro-études détaillées, renforceront le système de santé publique et permettront aux initiatives de santé publique de cibler les interventions de santé et de nutrition auprès des femmes défavorisées afin de répondre aux problèmes liés à la ménopause tels que l’ostéoporose.