Sommaire
Le problème de santé
L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) se caractérise par un rétrécissement du calibre de certaines artères. Il a pour cause une athérosclérose (dépôt d’une plaque de lipides sur la paroi des artères), ce qui entraîne une claudication intermittente, crampe de la jambe apparaissant pendant la marche et soulagée par le repos. Son meilleur indicateur est la chute du rapport entre la pression artérielle maximale de la cheville et celle mesurée dans le bras, appelé indice de pression systolique. Les personnes atteintes d’AOMI voient souvent leurs capacités de déplacement se fragiliser avec une réduction de la vitesse et de la distance à un test de marche. La maladie touche environ 2 % des plus de cinquante-cinq ans et jusqu’à 40 % des plus de quatre-vingts ans. Avec des risques de morbidités et de décès prématurés fortement augmentés.
Les études de référence
Dans un essai randomisé incluant cent quatre-vingts participants atteints d’AOMI, des chercheurs ont comparé l’efficacité de trois programmes thérapeutiques : l’un comprenait des exercices intermittents sur tapis roulant, l’autre proposait de la marche à domicile et le dernier des exercices contre des résistances légères. Chaque groupe devait réaliser trois séances hebdomadaires d’environ quarante minutes en marchant jusqu’à ressentir dans les jambes une forte douleur dite ischémique, provoquée par l’interruption du flux sanguin. Au bout de douze semaines, le groupe d’exercices sur tapis roulant a vu son temps de marche augmenter près de deux fois plus que celui du groupe à domicile. Mais l’amélioration a été trois fois supérieure dans ce dernier pour la distance parcourue au test de marche de six minutes. Or la marche que les participants effectuaient chez eux ou en milieu naturel est plus proche de la marche habituelle. Le programme d’exercices à domicile, dénommé Gardner, s’intègre donc mieux à la vie quotidienne des malades. Il est surtout le plus profitable, comme l’a rappelé une synthèse de la littérature scientifique et médicale de l’American Heart Association et de l’American College of Cardiology. Tout comme l’expertise collective de l’Inserm, ces sociétés savantes américaines le recommandent ainsi clairement pour traiter l’AOMI en première intention. En s’appuyant sur le meilleur niveau de preuve possible.
Descriptif de la méthode
Basé principalement sur des exercices de marche et de gymnastique, le programme Gardner mis en place conjointement au traitement médical pour claudication comprend au moins trois séances de quarante minutes par semaine d’exercice physique à effort intermittent durant trois mois. Dans les séances de marche, la claudication doit survenir en moins de dix minutes. Le patient doit alors dépasser la première gêne et parvenir à la limite de la douleur avant de s’arrêter, sans avoir forcé, puis repartir après un temps de repos de deux à cinq minutes. Plus la claudication est précoce et intense, plus le temps nécessaire à l’amélioration sera long et celui de repos pourra alors aller jusqu’à dix minutes. Le programme Gardner doit ainsi atteindre un volume d’entraînement total de trente heures, la durée des séances augmentant avec les progrès accomplis pour arriver à une cinquantaine de minutes d’effort. Il est préconisé d’associer cette INM à un travail des membres supérieurs (renforcement musculaire des bras, des épaules, du dos et des pectoraux avec des poids légers), mais aussi à une gymnastique spécifique au niveau des jambes, toujours avec une intensité soutenue sans toutefois dépasser le seuil modéré de douleur.
Les mécanismes d’action
Différents mécanismes physiologiques agissent de concert. L’INM entraîne une dilatation des vaisseaux sanguins existants au niveau des muscles. De nouveaux vaisseaux se créent et contribuent à un meilleur apport d’oxygène. On évoque aussi la hausse de la vélocité du flux sanguin et l’augmentation de la production de monoxyde d’azote et de prostacycline (un lipide) qui améliore les propriétés vasodilatatrices et vasoprotectrices des vaisseaux. Enfin, de meilleures capacités oxydatives et la réduction de la glycolyse anaérobie engendrent des modifications métaboliques. Associées à une amélioration de facteurs biomécaniques, elles favorisent le rendement musculaire. L’ensemble de ces mécanismes ne s’accompagnent pas de modifications des indices de pression systolique, d’après une méta-analyse.
Bénéfices
Le programme Gardner réduit la morbidité, la mortalité totale et la mortalité cardio-vasculaire des patients artéritiques. Cette dernière est diminuée de 24 %. On constate une amélioration des facteurs biomécaniques, des fonctions endothéliales et mitochondriales musculaires et des paramètres inflammatoires, ainsi qu’une réduction de la viscosité du sang et une légère stimulation de la création de vaisseaux sanguins. Le programme améliore surtout le temps d’apparition de la claudication et la distance de marche maximale parcourue.
Quels sont les risques ?
Les risques sont rares si vous respectez l’arrêt de l’effort lors du seuil de douleur et les temps de repos sous le contrôle d’un praticien. Il est recommandé de pratiquer à une intensité d’effort suffisante pour ressentir les symptômes de claudication et une douleur d’intensité moyenne, puis un arrêt temporaire de l’effort afin de permettre la disparition de la douleur avant de recommencer.
Conseils pratiques
Apprenez à repousser le seuil d’apparition de la douleur avec une marche de plus en plus rapide sur des terrains de plus en plus vallonnés. Une méta-analyse montre que plus l’intensité est importante, meilleurs seront les bénéfices. Vous pouvez vous aider d’un smartphone afin de suivre votre progression en comptant vos pas et la distance parcourue. Fixez-vous des challenges de plus en plus élevés et imaginez-vous un objectif de fin de programme à atteindre, comme gravir une colline, un mont ou une montagne, selon votre niveau de départ.
À qui s’adresser ?
Un enseignant en activité physique adaptée ou un kinésithérapeute formé spécifiquement à la méthode Gardner.