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Le problème de santé
Première cause de handicap moteur chez l’enfant, la paralysie cérébrale frappe chaque année environ mille cinq cents nouveau-nés, soit une naissance sur cinq cent cinquante. Elle résulte de lésions irréversibles sur le cerveau du fœtus ou du nourrisson dues à la destruction de certaines cellules en développement par des causes multiples (infection, grande prématurité, accouchement difficile…), inexpliquées dans 40 % des cas. Ces lésions provoquent des troubles du mouvement et de la posture, souvent accompagnés de difficultés cognitives ou sensorielles. Leur nature et leur importance dépendent des zones du cerveau affectées, de l’étendue des lésions et du moment de leur survenue.
L’étude de référence
Alors que l’on traite classiquement la paralysie cérébrale par des séances de kinésithérapie visant à aider les enfants à accomplir des gestes normaux, une thérapie intensive appelée HABIT-ILE (Hand and arm bimanual intensive therapy including lower extremities) s’est montrée plus efficace. Une revue d’essais randomisés a évalué ses effets auprès d’enfants de plus de six ans. Ils s’avèrent significatifs et persistent six mois après l’intervention au niveau du fonctionnement des membres supérieurs et inférieurs.
Descriptif de la méthode
La méthode HABIT-ILE est dispensée aux enfants pré-scolarisés durant six mois par un ou deux praticiens à l’hôpital. Adaptée aux capacités d’équilibre de chacun, cette méthode d’apprentissage moteur aborde simultanément la coordination des membres supérieurs et inférieurs. Elle se réalise en groupe de quatre à six enfants en séquences de deux semaines proposant des séances de quatre heures cinq jours par semaine, auxquelles s’ajoute un programme à domicile de généralisation de l’apprentissage. Soit une dose totale d’HABIT-ILE de cinquante heures par semaine. Le niveau d’intensité varie au cours d’une séance de faible à vigoureux, le dosage étant très important. Concrètement, les enfants s’adonnent à des jeux thérapeutiques (jeux de construction, pâte à modeler, trottinette…) choisis en fonction de la spécificité des objets utilisés (taille, forme…) pour les faire progresser dans une stimulation constante à s’impliquer dans des tâches permettant d’améliorer leurs habiletés motrices. À la fin de chaque séance, le praticien rencontre individuellement les parents et discute du programme du jour puis suggère des activités de consolidation des acquis à pratiquer à la maison. Il tient également un journal quotidien indiquant le détail des activités et de leur réalisation pour évaluer la participation de l’enfant.
Les mécanismes d’action
La méthode stimule constamment de manière concomitante la coordination des mains et celle des jambes, ainsi que le tonus postural. Des progrès neurologiques sont constatés dans le domaine visuo-spatial et les fonctions exécutives qui permettent de décider quelles sont les informations importantes dans son environnement pour atteindre un objectif. L’INM induit de ce fait des changements moteurs. La clé du succès est la répétition, l’intensité des efforts et des objectifs bien ciblés.
Bénéfices
Tant au niveau des membres supérieurs qu’inférieurs et du tronc, des enfants handicapés améliorent leurs fonctions motrices. Ils peuvent par exemple marcher plus longtemps avec un déambulateur, sur une distance beaucoup plus longue. 90 % des objectifs sont durablement acquis en dix jours, et plus les enfants sont jeunes, plus les progrès sont rapides.
Quels sont les risques ?
Aucun n’a été constaté.
Conseils pratiques
Au-delà du problème de l’investissement qu’implique une telle méthode de soin, l’appliquer efficacement requiert un changement de perspective des professionnels : ils doivent apprendre à voir l’enfant en acteur de sa propre rééducation. À lui de définir ses objectifs, ceux qui ont du sens pour lui. Voilà ce qui lui permet de s’engager dans un processus exceptionnel par le nombre d’heures alloué.
À qui s’adresser ?
Un kinésithérapeute ou un ergothérapeute formé à la méthode HABIT-ILE.