Dans une étude récente publiée dans le Journal américain de médecine respiratoire et de soins intensifsles chercheurs ont identifié les facteurs de risque et la prévalence des altérations persistantes des tissus pulmonaires chez les patients hospitalisés atteints de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19).
Des études ont rapporté que les survivants du COVID-19 pourraient développer des altérations parenchymateuses pulmonaires compatibles avec une fibrose pulmonaire. La symptomatologie et le contenu génomique partagés entre les infections à coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2) et la fibrose pulmonaire indiquent que le COVID-19 pourrait entraîner des lésions pulmonaires progressives.
À propos de l’étude
Dans la présente étude post-COVID observationnelle longitudinale UKILD (maladie pulmonaire interstitielle du Royaume-Uni), les chercheurs ont étudié les facteurs augmentant le risque et estimé la prévalence de la pathologie pulmonaire résiduelle chez les patients hospitalisés COVID-19 stratifiés par risques. De plus, ils ont estimé la prévalence des pathologies pulmonaires après la sortie de l’hôpital suite à un suivi initial de PHOSP-COVID (étude post-HOSPitalisation COVID-19).
La présente analyse intermédiaire a utilisé les données PHOSP-COVID obtenues dans les huit mois suivant la sortie de l’hôpital. Les tomodensitométries (TDM) liées aux identifiants de l’étude thoracique PHOSP-COVID se sont vu attribuer des scores en fonction des pourcentages de pathologies pulmonaires résiduelles telles que les réticulations et les opacifications en verre dépoli. L’équipe a estimé les facteurs de risque sur les tomodensitogrammes par modélisation de régression binomiale bayésienne.
PHOSP-COVID comprenait des adultes qui avaient reçu une sortie de l’hôpital du NHS (service national de santé) en mars 2021 après une hospitalisation due au COVID-19. Les personnes gérées pour a priori Les diagnostics d’ILD ou de fibrose pulmonaire ont été exclus de l’analyse. L’équipe a analysé les données documentées lors des suivis de recherche réguliers et initiaux, représentant respectivement les niveaux 1 et 2.
Le principal critère de jugement de l’étude était les pathologies pulmonaires résiduelles avec > 10 % d’atteinte pulmonaire sur les tomodensitogrammes attribués aux scores visuels. La gravité de la COVID-19 a été évaluée sur la base de l’échelle de progression clinique modifiée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les symptômes tels que la toux et l’essoufflement ont été documentés à l’aide des questionnaires sur les symptômes des patients.
Les valeurs prédites en pourcentage pour la capacité de diffusion du monoxyde de carbone dans les poumons (ppDLco) et la capacité vitale forcée (ppFVC) ont été évaluées. Une modélisation linéaire des effets mixtes a été réalisée pour analyser les altérations des pathologies pulmonaires résiduelles avec le temps, et les risques relatifs (RR) ont été calculés.
Résultats
La cohorte d’étude de l’analyse intermédiaire était composée de 3 700 personnes, dont 1 304 et 2 396 personnes de niveau 1 et 2, respectivement. Sur 209 individus avec des tomodensitogrammes associés (valeur médiane de 119,0 jours), 164 individus (80 %) présentaient une atteinte pulmonaire résiduelle > 10,0 %. Les facteurs de risque identifiés étaient le sexe masculin, l’âge> 60 ans, les résultats anormaux de la CXR (radiographie pulmonaire), la ppDLco inférieure à 80,0% et les hospitalisations pour COVID-19 sévère nécessitant une ventilation mécanique, avec des valeurs RR de 1,4, 1,2, 1,2, et 1,3, respectivement.
Chez 3 491 autres personnes, la stratification de risque modéré à très élevé et la prévalence estimée des pathologies pulmonaires résiduelles ont été notées à 8,0 % et 9,0 %, respectivement, et la prévalence a augmenté à 12,0 % dans l’analyse de sensibilité. Pour 255 des 3 700 individus de la cohorte intermédiaire (sept pour cent), des tomodensitogrammes couplés ont été effectués, dont 35 et 220 et 35 individus appartenaient respectivement aux niveaux 1 et 2. Sur les 255 personnes ayant subi des tomodensitogrammes après la sortie de l’hôpital (médiane de 113 jours), 82 % (n = 209) d’entre elles se sont vu attribuer des scores visuels, et la concordance entre les deux personnes évaluant était de 70 %. Les personnes avec des scores CT attribués étaient en grande partie des hommes (68%), des Blancs (69%), avec une valeur d’âge médiane des participants de 58,0 ans.
Des pathologies pulmonaires résiduelles > 10,0 % ont été rapportées pour 79 % (166 sur 209 individus). En moyenne, l’opacification du verre dépoli, la réticulation et les pathologies résiduelles touchaient 26 %, 15 % et 42 % des poumons. Pour 33 personnes, les scans ont été répétés après ≥ 90 jours, dont 85 % ont montré une pathologie pulmonaire résiduelle > 10,0 % sur le premier scan, et 93 % d’entre eux ont montré une atteinte pulmonaire > 10,0 % sur le deuxième scanner. L’analyse appariée a montré une altération globale des pathologies pulmonaires résiduelles de -4,0 %, et aucun changement significatif de l’opacification pulmonaire en verre dépoli (-2,0 %) et des réticulations (-2,0 %).
Trente-cinq pour cent des personnes de niveau 2 ont documenté une aggravation de la dyspnée ou de la toux depuis leur sortie de l’hôpital. Trois indicateurs significatifs ont été utilisés pour indexer les risques résiduels de pathologie pulmonaire : résultats anormaux de la CXR, gravité du COVID-19 à l’hospitalisation et ppDLco inférieur à 80 %. Les personnes qui ont atteint les seuils pour les trois indicateurs ont été décrites comme des personnes à très haut risque (indice de risque 4, n = 14, 0,4 %), avec deux seuils atteints comme à haut risque (indice de risque 3, n = 143, 4,0 %). et seuils CXR ou ppDLco atteints comme risque modéré (indice de risque 2, n = 116, 3,0 %).
Les personnes n’atteignant que la sévérité du COVID-19 au seuil d’hospitalisation ont été décrites comme à faible risque (indice de risque 1, n-1 256, 36%), et celles pour lesquelles aucun seuil n’a été atteint comme à très faible risque (indice de risque 0, n= 1 962, 56 %). Huit pour cent (n = 273) des personnes à risque modéré à très élevé ont été décrites comme à risque, tandis que huit personnes avec des tomodensitogrammes non notés ont été décrites comme à risque. La stratification des risques pour le niveau 2 n’a montré que 10 % (n = 231) des patients présentant un risque stratifié comme un risque modéré à un risque très élevé.
Dans l’ensemble, les résultats de l’étude ont fourni des preuves de pathologies pulmonaires persistantes un an après la sortie de l’hôpital et ont identifié des facteurs de risque et leur prévalence, stratifiés selon la gravité du COVID-19, soulignant la nécessité d’une surveillance continue des personnes à risque pour évaluer la résolution ou évolution avec le temps.