Vous le savez bien, lectrices et lecteurs assidus de ce blog : nous ne portons pas vraiment dans notre cœur les pratiques de retouche artificielle qui ont tendance à se généraliser sur l’ensemble de la planète ! Et pour cause : les risques et dangers représentés par la chirurgie esthétique ne cessent de progresser, non seulement avec l’apparition de nouveaux produits dont les effets sont mal évalués, mais encore et surtout au vu du nombre de personnes qui n’hésitent pas à subir de multiples interventions afin de rajeunir ou de modifier leur visage. La Chine et l’Iran en sont aujourd’hui de parfaits illustrateurs.
Un bond impressionnant sur le podium
Malgré ses risques et ses dangers potentiels, la chirurgie esthétique est assurément un secteur d’avenir en Chine.
Même si une forme de rejet de la pensée traditionnelle vis-à-vis de la pratique est toujours prégnante dans la société, le secteur connaît une croissance moyenne annuelle de 30 %.
Pour l’année 2015, les dépenses consenties par les ménages chinois en la matière devraient même s’élever à 400 milliards de yuans, soit environ 62,6 milliards de dollars ! En quelques années, la chirurgie esthétique chinoise s’est hissée au troisième rang mondial par son volume, juste derrière les États-Unis et le Brésil.
Rien que pour l’année 2014, environ 7 millions de personnes, des femmes essentiellement, ont eu recours à la chirurgie esthétique, visage et corps compris. Soit six millions de plus par rapport à l’année 2011.
Des actes de chirurgie clandestins
Ces chiffres en croissance exponentielle s’expliquent par la multiplication des opérations et divers actes de chirurgie esthétique qui, bien que parfois risqués, sont vécus comme une sorte de mode.
La fascination pour le modèle de la femme occidentale guide la majorité des décisions, tandis que certains spécialistes invoquent le facteur sociétal pour expliquer cette tendance de fond : le développement économique rapide, l’amélioration des conditions de vie et la concurrence sociale auraient fait naître chez les Chinois et Chinoises la hantise de l’apparence et de l’âge.
Les objectifs des clients sont presque toujours les mêmes :
Selon l’Association chinoise de la chirurgie plastique et esthétique, ces chiffres seraient même inférieurs à la réalité. Cette structure recense en effet uniquement les opérations effectuées dans des hôpitaux et cliniques agréées dotés de personnels qualifiés.
De ce point de vue, les dangers de la chirurgie esthétique du visage paraissent bien réels dans la mesure où les officines plus ou moins en règle ont tendance à se multiplier… Sans parler de la diversité des produits de comblement parfois douteux utilisés pour les injections sous-cutanées.
Car de nombreuses femmes préfèrent dépenser moins d’argent en s’attachant les services de médecins non reconnus comme chirurgiens esthétiques, au mépris du danger. Cette activité clandestine est difficilement quantifiable, au contraire des innombrables voyages effectués vers la Corée du Sud, autre pays émergent en matière de chirurgie esthétique. La clientèle chinoise y représente 60 % du marché. L’an passé, plus d’un million de Chinois(es) ont pratiqué le tourisme médical dans le pays voisin.
On recense aujourd’hui en Chine plus de 10 000 cliniques de chirurgie plastique. Leur nombre croît au rythme de la clientèle et continue de progresser inlassablement.
En Iran, l’apparition de la chirurgie esthétique est également saisissante. Désormais, les pays occidentaux et les stars hollywoodiennes ne sont plus les seuls détenteurs du monopole de la retouche artificielle, qu’on se le dise ! Et là encore, au mépris des risques et dangers liés à la chirurgie esthétique, les chiffres explosent.
Depuis quelques années, la chirurgie esthétique est en pleine expansion dans le pays. Elle touche toutes les classes de la population, pas seulement les plus aisées. Si la retouche du visage connaît un beau succès, les interventions mammaires ont également le vent en poupe.
Dans les grandes villes telles que Téhéran, de plus en plus de femmes portant un pansement sur le nez, signe évident d’une récente opération chirurgicale, n’hésitent pas à assumer leur acte.
On dénombrerait environ 40 000 rhinoplasties et autres interventions effectuées l’année dernière dans le pays. Mais, à l’instar de ce qui se passe en Chine, ce chiffre ne prend pas en compte les opérations réalisées par les chirurgiens non spécialisés, pour qui ce business parallèle s’avère fructueux.
De plus en plus de femmes ont aussi recours à des opérations de chirurgie esthétique dites plus légères mais qui ne sont pas sans danger : injection de Botox dans les joues et le front afin de faire disparaître les rides, ou dans les lèvres pour les rendre plus pulpeuses.
Deux explications majeures peuvent venir étayer le succès croissant pour le bistouri et la seringue en Iran :
- obligée de porter le voile islamique, l’Iranienne accorderait plus d’importance à l’aspect de son visage, seule partie de son corps qu’elle peut montrer en public avec les mains ;
- l’influence des séries télévisées sud-américaines et turques, théoriquement interdites mais très populaires en Iran via la réception satellitaire. Dans ces programmes, les acteurs et actrices ont eux-mêmes été souvent opérés.
Les risques et dangers de la chirurgie esthétique face à la modernisation de la société
Comme dans de nombreux autres pays, la chirurgie esthétique n’est plus le seul apanage des femmes. Ils sont aujourd’hui 35 % d’hommes à vouloir se faire refaire le nez, contre 5% seulement il y a vingt ans.
Si certains commentateurs se réjouissent de la situation et tentent d’expliquer que le phénomène constitue un passage obligatoire vers la modernisation du pays, les milieux les plus conservateurs se désolent d’une évolution néfaste provoquée par la « culture occidentale »… Et la question de santé publique dans tout cela, me direz-vous ? Quid des risques et dangers inhérents à la chirurgie esthétique ? Personne ne semble s’en soucier réellement !
Aux dernières nouvelles, l’Iran fait partie des dix premiers pays au monde au niveau de l’activité chirurgicale esthétique, aux côtés des Etats-Unis et du Brésil, occupant même le 4e rang pour les opérations du nez. Pourtant, ces interventions coûtent cher : environ 1 500 dollars au minimum pour une rhinoplastie, alors que le salaire minimum se chiffre à 270 dollars par mois… Même emprunte de fausseté, la beauté a ses raisons que la raison ignore !