L'intelligence artificielle (IA) peut-elle contribuer à réduire le nombre de décès à l'hôpital ? Un système basé sur l'IA a pu réduire le risque de décès inattendus en identifiant les patients hospitalisés présentant un risque élevé de détérioration de leur santé, selon une nouvelle étude publiée dans JAMC (Journal de l'Association médicale canadienne) https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.240132.
La détérioration rapide de l’état de santé des patients hospitalisés est la principale cause d’admission non planifiée aux soins intensifs. Des recherches antérieures ont tenté d’utiliser la technologie pour identifier ces patients, mais les données sont mitigées quant à l’application d’outils de prédiction pour aider les patients vulnérables les plus à risque.
Des chercheurs d'Unity Health Toronto, de l'ICES et de l'Université de Toronto ont étudié l'efficacité de CHARTWatch, un système d'alerte précoce basé sur l'IA utilisé dans le service de médecine interne générale (GIM) de l'hôpital St. Michael après 3 ans de développement et de tests.
L'étude a porté sur 13 649 patients âgés de 55 à 80 ans admis au GIM (9 626 au cours de la période pré-intervention et 4 023 avec CHARTWatch) et 8 470 admis dans des unités de sous-spécialité qui n'utilisaient pas CHARTWatch. Au cours de la période d'intervention de 19 mois, 482 patients du GIM sont devenus à haut risque, contre 1 656 patients qui sont devenus à haut risque au cours de la période pré-intervention de 43 mois. Il y a eu moins de décès non palliatifs dans le groupe CHARTWatch que dans le groupe pré-intervention (1,6 % contre 2,1 %).
Les outils d'IA étant de plus en plus utilisés en médecine, il est important de les évaluer soigneusement pour garantir leur sécurité et leur efficacité. Nos résultats suggèrent que les systèmes d'alerte précoce basés sur l'IA sont prometteurs pour réduire les décès inattendus dans les hôpitaux.
Dr Amol Verma, auteur principal, clinicien-chercheur à l'hôpital St. Michael, Unity Health Toronto, et professeur Temerty de recherche et d'enseignement en IA en médecine, Université de Toronto, Toronto, Ontario
Des communications régulières ont contribué à réduire le nombre de décès, car CHARTWatch a permis aux cliniciens d'être informés en temps réel, d'envoyer des courriels deux fois par jour aux équipes soignantes et des courriels quotidiens à l'équipe de soins palliatifs. L'équipe a également créé un parcours de soins pour les patients à haut risque avec une surveillance accrue par les infirmières, une meilleure communication entre les infirmières et les médecins et des messages incitant les médecins à réévaluer les patients.
« En fin de compte, cette étude montre comment les systèmes d’IA peuvent aider les infirmières et les médecins à fournir des soins de haute qualité », explique le Dr Verma.
Les auteurs espèrent que les solutions d’IA comme CHARTWatch pourront améliorer la santé des patients et éviter les décès prématurés.
« Cette importante étude évalue les résultats associés au déploiement complexe de l’ensemble de la solution d’IA, ce qui est essentiel pour comprendre les impacts réels de cette technologie prometteuse », explique le coauteur, le Dr Muhammad Mamdani, vice-président de la science des données et de l’analyse avancée à Unity Health Toronto et directeur du Centre de recherche et d’éducation en IA de la faculté de médecine Temerty de l’Université de Toronto. « Nous espérons que d’autres institutions pourront s’inspirer des expériences d’Unity Health Toronto et les améliorer au profit des patients qu’elles soignent. Unity Health Toronto est un leader collaboratif qui contribue déjà à diffuser nos outils d’IA grâce à des partenariats innovants, et d’autres suivront. »
Un deuxième article https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.240363 fournit un aperçu de ce que les médecins doivent savoir s'ils envisagent d'utiliser des scribes IA dans la pratique clinique, y compris l'importance d'obtenir le consentement du patient, d'examiner les notes générées par l'IA pour détecter les erreurs et de s'assurer que le logiciel est conforme à la législation locale sur la confidentialité.