Étude : Les polluants environnementaux comme facteurs de risque des troubles du spectre autistique : revue systématique et méta-analyse d'études de cohorteCrédit photo : Alena Lom/Shutterstock.com
Dans un article de synthèse récent publié dans Santé publique BMCles chercheurs ont discuté de l’association entre les polluants environnementaux et l’incidence du trouble du spectre autistique (TSA).
Ils ont conclu que des polluants spécifiques, notamment le dioxyde d’azote, le cuivre et certains phtalates, sont significativement liés aux TSA, soulignant la nécessité d’identifier les facteurs qui augmentent le risque pour développer des stratégies de prévention efficaces.
Sommaire
Arrière-plan
Le TSA, un trouble neurodéveloppemental qui affecte le comportement, la communication et l’interaction sociale, est devenu plus répandu dans le monde entier.
Une revue systématique estime qu’à l’échelle mondiale, 1 enfant sur 100 est concerné, et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) rapportent qu’un enfant sur 36 aux États-Unis recevra un diagnostic de TSA.
Les polluants environnementaux peuvent perturber le métabolisme cellulaire, provoquer un stress oxydatif et déclencher une inflammation cérébrale, autant de facteurs pouvant contribuer au TSA. Les polluants peuvent également provoquer des dommages génétiques et des changements épigénétiques qui affectent le développement du cerveau.
Le moment de l’exposition à ces polluants est crucial, car une exposition précoce pendant les périodes prénatales et postnatales précoces peut avoir un impact significatif sur le développement neurologique.
Cependant, les analyses de ces liens présentent des limites, se concentrant souvent sur les polluants atmosphériques et utilisant des critères de recherche restreints, ce qui peut négliger des preuves importantes. Des recherches plus approfondies sur ces associations peuvent conduire à une meilleure compréhension de la manière dont les polluants affectent le risque de TSA.
À propos de l'étude
Cette revue systématique et méta-analyse a examiné la relation entre les TSA et divers polluants environnementaux. Après avoir examiné 5 780 études individuelles, les chercheurs ont inclus 27 articles dans la revue systématique et en ont utilisé 22 dans leur méta-analyse.
Les études incluses ont porté sur près de 1,3 million de personnes, principalement des enfants et un nombre plus restreint d’adolescents. Les études ont examiné collectivement l’impact de 129 polluants différents, notamment des polluants atmosphériques et des substances toxiques.
Les polluants individuels sont considérés comme des facteurs de risque
Plusieurs polluants ont été fréquemment étudiés, notamment le dioxyde d’azote, les particules fines (PM 2,5 et PM 10), l’ozone et divers phtalates et biphényles polychlorés (PCB). Les études ont montré des associations significatives entre certains polluants et un risque accru de TSA.
Des polluants tels que le phtalate de monobutyle, le dioxyde d’azote, le phtalate de mono-3-carboxypropyle, le cuivre et un PCB ont été particulièrement associés aux TSA. Par exemple, l’exposition au dioxyde d’azote a été associée à une augmentation de 20 % du risque de TSA, bien que ce résultat présente une grande hétérogénéité entre les études.
À l’inverse, l’exposition au cuivre a montré une association plus faible mais significative avec les TSA, avec une faible variabilité entre les études.
Catégories de polluants
La méta-analyse a également révélé une association significative entre les TSA et plusieurs polluants regroupés par catégories. Le monoxyde de carbone, les métaux comme le fer et le molybdène et les oxydes d'azote étaient positivement liés aux TSA.
À l’inverse, les carbamates et les organophosphorés, un type de pesticide, étaient associés négativement aux TSA, indiquant qu’une exposition plus élevée à ces composés était liée à une probabilité plus faible de TSA, bien que ces résultats présentent une grande variabilité.
Contrôles de sensibilité et de robustesse
Les analyses de sensibilité, qui ont testé la robustesse des résultats, ont confirmé les associations significatives entre le dioxyde d’azote, le cuivre et certains phtalates et les TSA.
Ces résultats sont restés cohérents même en considérant différentes méthodes de diagnostic ou de dépistage des TSA. Cependant, un PCB n'a pas pu être inclus dans ces analyses en raison d'un manque d'études suffisantes.
Conclusions
Cette revue systématique, comprenant une méta-analyse, a exploré le lien entre les polluants environnementaux et les TSA chez les adolescents et les enfants. Les résultats ont montré que l’exposition à certains polluants, comme le cuivre, le dioxyde d’azote, certains phtalates et les PCB, augmente le risque de TSA.
D’autres analyses ont également établi un lien entre l’exposition aux métaux, aux oxydes d’azote et au monoxyde de carbone et un risque plus élevé de développement de TSA.
Les résultats de l’étude concordent avec les recherches précédentes sur les polluants comme les PCB et le monoxyde de carbone, mais ont montré certaines différences concernant le dioxyde d’azote et certains phtalates, probablement en raison de variations dans les conceptions d’étude et les temps d’exposition aux polluants.
Bien que ces résultats suggèrent que les polluants environnementaux peuvent être associés à un risque accru de TSA, la certitude des preuves a été jugée comme étant faible à très faible. Cela est principalement dû à des incohérences entre les études, telles que des différences dans la façon dont les polluants ont été mesurés et des différences dans la conception des études.
Les chercheurs ont également noté un risque potentiel de biais de publication, où les études montrant des résultats significatifs pourraient être plus susceptibles d’être publiées que celles sans résultats significatifs.
En résumé, cette étude met en évidence un lien potentiel entre l'exposition à certains polluants environnementaux et le risque de développement de TSA, en particulier des polluants comme le dioxyde d'azote, le cuivre et certains phtalates et PCB. Les points forts de l'étude comprennent une stratégie de recherche complète et une concentration sur des études de haute qualité, mais des limites telles que la variabilité des temps d'exposition et des méthodes de détection ont été notées.
Les chercheurs soulignent la nécessité de méthodes normalisées dans les études futures pour améliorer la compréhension de la façon dont les polluants environnementaux contribuent aux TSA et pour développer des stratégies de prévention efficaces. D'autres recherches avec des modèles d'étude et des mesures plus cohérents sont nécessaires pour renforcer ces conclusions et améliorer la certitude des preuves.