Les millions de personnes touchées par les séquelles chroniques de la COVID-19 suite à une infection par le SRAS-CoV-2 représentent un défi de santé publique important.
Une étude récente dans le Annales de médecine interne ont examiné si les tests actuels étaient adéquats pour identifier les séquelles post-aiguës du SRAS-CoV-2 (PASC).
Le PASC, ou COVID long, englobe un large éventail de symptômes qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Selon les manifestations spécifiques, les symptômes peuvent varier de modérés à sévères. Malgré ses effets généralisés, il n'existe aucun biomarqueur validé pour cette maladie.
Étude: Différenciation de l'infection antérieure par le SARS-CoV-2 et des séquelles post-aiguës par des mesures cliniques standard de laboratoire dans la cohorte RECOVERCrédit photo : Pressmaster/Shutterstock.com
À propos de l'étude
Des tests de laboratoire clinique ont été évalués comme biomarqueurs potentiels du PASC. À l'aide d'un nouvel indice PASC développé, la probabilité que ces tests identifient le PASC plutôt qu'une infection antérieure au SARS-CoV-2 a été calculée.
L'étude a porté sur 10 094 participants répartis sur 83 sites dans le cadre de la cohorte d'adultes RECOVER (Researching COVID to Enhance Recovery) des National Institutes of Health. Les participants comprenaient des personnes ayant des antécédents d'infection par le SRAS-CoV-2, mais aucune n'avait été réinfectée dans les 30 jours précédant la visite d'étude.
Les chercheurs ont utilisé des données obtenues de manière prospective pour créer l'indice PASC basé sur 12 symptômes ayant la plus grande valeur discriminante pour différencier l'infection par le SARS-CoV-2 de la non-infection. Cet indice a été validé chez 23 % des participants infectés.
Bien que l'indice PASC ne prétende pas identifier tous les patients atteints de PASC, il offre un aperçu des profils de laboratoire d'un sous-ensemble de patients qui répondent à ces critères. Cela pourrait aider à diagnostiquer, traiter et prévenir la maladie, ainsi qu'à fournir un pronostic fiable.
L'étude a analysé 25 tests de routine standardisés largement disponibles et étayés par la littérature et l'expérience clinique antérieures. L'objectif était de déterminer si des altérations chroniques de ces tests pouvaient améliorer la précision du diagnostic de PASC basé sur les symptômes et identifier tout changement caractéristique chez les patients atteints de PASC symptomatique.
Qu'a montré l'étude ?
Parmi les participants, 72 % étaient des femmes, avec un âge médian de 47 ans. Parmi eux, 8 746 avaient des antécédents d'infection par le SARS-CoV-2, tandis que 1 348 n'en avaient pas. L'indice PASC était de 12 ou plus pour 1 880 participants et de zéro pour 3 351 participants.
L'analyse ajustée a révélé que les participants ayant déjà été infectés présentaient une numération plaquettaire moyenne légèrement inférieure, mais des taux moyens d'hémoglobine glyquée (HbA1c) et de créatinine urinaire (uACR) plus élevés que les participants non infectés. Cependant, ces différences n'étaient pas cliniquement significatives, bien qu'elles suggèrent des lésions du système vasculaire, y compris des reins.
Lorsque les participants souffrant de diabète préexistant ont été exclus de l’analyse, aucune différence significative dans les niveaux d’HbA1c n’a été observée entre les deux groupes.
De plus, les participants ayant un indice PASC de 12 ou plus n'ont montré aucune différence significative dans les résultats de laboratoire par rapport à ceux ayant un indice de zéro. L'absence de différence dans l'HbA1c par rapport à l'indice peut indiquer un changement du métabolisme du glucose induit par le virus, indépendamment des symptômes.
Les chercheurs n’ont pas pu déterminer si l’infection était à l’origine des changements observés dans les paramètres de laboratoire ou si elle prédisposait les individus à cela.
Des sous-analyses ont révélé différents phénotypes du SARS-CoV-2 parmi les personnes ayant déjà été infectées. Par exemple, les taux de protéine C-réactive à haute sensibilité (hsCRP) étaient en moyenne plus élevés chez les patients présentant des troubles du goût ou de l'odorat et chez ceux qui souffraient de fatigue, d'étourdissements, de brouillard cérébral et de symptômes intestinaux. En revanche, une diminution des taux de sodium et une augmentation des taux de calcium étaient plus fréquentes chez les personnes fatiguées.
Ces résultats suggèrent un état inflammatoire persistant chez les patients atteints de PASC symptomatique, ce qui corrobore les études antérieures. Cette pathologie semble impliquer un dysfonctionnement plaquettaire et des défauts de coagulation au-delà de la réduction du nombre de plaquettes.
Des recherches antérieures ont suggéré une diminution de l’inflammation chez les personnes atteintes de déficiences sensorielles, ce qui contredit les conclusions actuelles. Il est possible que l’étude actuelle ait inclus des variants viraux ultérieurs qui ont provoqué des troubles du goût et de l’odorat ainsi qu’une plus grande gravité de la maladie, contrairement aux souches antérieures.
Conclusions
«Aucune preuve n'a été trouvée que l'une des 25 valeurs de laboratoire clinique de routine évaluées dans cette étude pourrait servir de biomarqueur cliniquement utile du PASC.”
Même les cas graves de PASC peuvent ne pas être liés à des anomalies de laboratoire significatives. Les associations mineures observées entre certains tests de laboratoire et les phénotypes PASC étaient en grande partie négligeables et pourraient être une coïncidence.
Les chercheurs ont conclu que ces tests de laboratoire ne sont pas utiles pour diagnostiquer ou prédire le PASC, bien qu’ils soient importants pour exclure d’autres causes potentielles des symptômes.
De plus, ces tests pourraient aider à éclairer les mécanismes sous-jacents du PASC lorsqu'ils sont combinés à des recherches plus détaillées telles que la transcriptomique, la protéomique et la métabolomique.