Parmi les adultes atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC) inscrits dans la cohorte d’insuffisance rénale chronique (CRIC), le jeune âge, la race noire et les faibles niveaux d’éducation et de revenus étaient associés à une probabilité plus faible de se faire vacciner chaque année contre la grippe.
L’identification des facteurs de risque de ne pas recevoir de vaccin contre la grippe (« non-vaccination ») chez les personnes atteintes d’une maladie rénale, qui sont à risque de contracter la grippe et ses complications, pourrait éclairer les stratégies visant à améliorer la vaccination. Dans cette étude publiée dans le Journal américain des maladies rénales (AJKD), des chercheurs dirigés par Junichi Ishigami ont examiné si les facteurs démographiques, les déterminants sociaux de la santé et les conditions cliniques étaient liés au fait de ne pas recevoir de vaccin contre la grippe chez les personnes vivant avec une maladie rénale et recevant des soins de néphrologie. Les auteurs ont constaté que le taux de vaccination moyen contre la grippe entre 2009 et 2020 était de 72 %. Les personnes plus jeunes, les personnes noires et celles présentant des déterminants sociaux de la santé défavorables étaient moins susceptibles de recevoir un vaccin contre la grippe. En revanche, les personnes atteintes de diabète, de BPCO, d’ESKD et de fragilité étaient moins susceptibles d’avoir le statut de non-vaccination contre la grippe.
Ces résultats ont des implications importantes. Leur constatation d’un taux de vaccination < à 80 % (soit seulement 44 % des participants recevant systématiquement un vaccin contre la grippe chaque année) indique qu'il y a une marge d'amélioration dans le taux de vaccination des personnes atteintes d'IRC. Bien qu'on ne sache pas si les participants à cette étude ont reçu leurs vaccins contre la grippe dans une clinique de néphrologie (par opposition à une clinique de soins primaires, une pharmacie, etc.), le rôle optimal des soins de néphrologie dans la promotion de la vaccination devrait être exploré dans les études futures. L'efficacité des efforts de vaccination pour les personnes atteintes d'IRC peut être améliorée en ciblant ceux qui rencontrent des obstacles à la vaccination (par exemple, les jeunes adultes, les individus noirs, ceux présentant des déterminants sociaux défavorables de la santé).
À ce jour, peu de données existent sur l’efficacité des programmes de vaccination en soins néphrologiques, en dehors des projets d’amélioration de la qualité dans les centres de dialyse. Il est important de noter que les soins néphrologiques peuvent représenter une opportunité importante d’augmenter le taux de vaccination chez les patients atteints d’IRC en tirant parti des relations de confiance entre les néphrologues et les patients. De plus, la participation des parties prenantes au niveau des patients (p. ex. membres de la famille, soignants) peut contribuer à réduire les obstacles et à fournir un soutien social et une responsabilisation en matière de soins de santé préventifs. Les études futures devraient examiner les raisons de l’hésitation à la vaccination (p. ex., préoccupations concernant les effets secondaires, accès difficile à la vaccination), afin que les programmes de vaccination puissent être adaptés pour répondre à ces préoccupations.