Dans une étude récente publiée dans npj Vaccines, les chercheurs ont mené une revue systématique de la littérature et une méta-analyse pour examiner la baisse des titres d’anticorps neutralisants (nAb) après la vaccination contre le COVID-19.
L’étude a systématiquement examiné les preuves d’une diminution des anticorps au cours des six premiers mois suivant la réception de la dernière dose de la primovaccination contre le COVID-19 par rapport à la vaccination de rappel.
Cette analyse a inclus des personnes qui n’avaient pas été infectées auparavant par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) ainsi que celles présentant une immunité hybride. La recherche a englobé une série d’études, publiées et sous forme de pré-impression, qui ont exploré ce phénomène à travers différents scénarios immunologiques.
Étude: Revue systématique et méta-analyse des facteurs affectant le déclin des réponses en anticorps neutralisants post-vaccination contre le SRAS-CoV-2. Crédit d’image : Milliards de photos/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Malgré l’évolution constante du SRAS-CoV-2 et le déclin de l’immunité acquise grâce aux vaccins, les vaccins contre la COVID-19 continuent de conférer une protection contre les maladies graves et la mort. Cependant, des études ont montré que l’efficacité du vaccin contre Omicron est inférieure à celle de ses prédécesseurs.
Ainsi, il est impératif d’évaluer l’impact des variantes émergentes du SRAS-CoV-2 sur les performances des vaccins contre la COVID-19 et le phénomène biologique complexe de diminution des anticorps après la vaccination ou l’infection par le biais d’études cliniques sur des sujets humains.
Malheureusement, ces études nécessitent beaucoup de temps pour recevoir des résultats. En cas d’indisponibilité ou d’insuffisance des données cliniques, les évaluations en laboratoire des titres de nAb, générées assez rapidement, pourraient aider à éclairer les futures stratégies de vaccination.
Cependant, même ces études n’ont souvent pas la puissance suffisante pour fournir des preuves solides.
Une méta-analyse des données de plusieurs études pourrait aider à contourner ces limitations et à évaluer de manière plus complète l’impact de tous les facteurs immunologiques sur la diminution des anticorps.
À propos de l’étude
Dans cette étude, les chercheurs ont mené une recherche approfondie dans PubMed, medRxiv et bioRxiv entre le 15 décembre 2021 et le 31 janvier 2023 pour identifier les études qui ont étudié l’impact des doses de rappel ou de l’immunité hybride sur le taux de déclin des anticorps neutralisants.
Sur les 347 articles initialement identifiés, seuls 26 répondaient aux critères d’une révision en texte intégral. Ces 26 articles ont fait l’objet d’une revue systématique et d’une analyse de méta-régression suivant les lignes directrices PRISMA.
La méta-analyse a été organisée en cinq strates comme suit :
1. La première strate était composée de 18 cohortes d’individus naïfs d’infection et ayant reçu une primo-vaccination contre la souche Index, définie comme soit une dose du vaccin Ad26.CoV2.S, soit deux doses de tout autre vaccin contre le COVID-19. vaccin.
2. La deuxième strate comprenait également 18 cohortes d’individus naïfs d’infection, mais qui avaient reçu une vaccination de rappel contre la souche Index, définie comme une dose de tout vaccin contre la COVID-19 après avoir terminé leur première série de vaccinations.
3. La troisième strate comprenait 15 cohortes d’individus naïfs d’infection qui avaient reçu une vaccination de rappel ciblant spécifiquement la variante Omicron BA.1.
4. La quatrième strate comprenait huit cohortes d’individus hybrides immunisés qui avaient déjà été infectés par la souche Index et avaient également reçu une primo-vaccination.
5. La cinquième strate comprenait six cohortes d’individus hybrides immunisés qui avaient déjà été infectés par le variant Omicron BA.1 et avaient également reçu une primo-vaccination.
Notamment, toutes les cohortes hybrides-immunes incluses dans cette méta-analyse provenaient de l’ère pré-Omicron, ce qui limitait l’analyse de l’évaluation de l’immunité hybride spécifique à une variante.
Les chercheurs ont utilisé des méta-régressions pour évaluer les changements temporels des titres de nAb par rapport à Wuhan-1, à la souche Index SARS-CoV-2 et à Omicron BA.1 pour les cinq strates.
Ils ont inclus des études avec six cohortes ou plus rapportant des titres de nAb post-vaccination pendant au moins deux points après la dernière dose de vaccin. Un autre critère d’inclusion important était que ces études utilisaient des tests de neutralisation virale pseudo-ou authentiques.
En outre, ils ont déduit des baisses moyennes des titres moyens géométriques (GMT) stratifiés par type de vaccin, nombre de doses de vaccin, statut d’infection antérieur, souche infectante et immunité hybride.
En outre, les chercheurs ont systématiquement évalué la fiabilité des 26 études incluses et ont constaté qu’elles tombaient dans l’une des quatre catégories en fonction de leurs scores de fiabilité : élevé, moyen, faible et peu clair.
Enfin, ils ont utilisé plusieurs processus statistiques, notamment l’estimation du logGMT naturel, un modèle linéaire à effets mixtes et une analyse de régression, mettant en évidence des résultats statistiquement significatifs avec p < 0,05.
Résultats
Dans cette étude, les chercheurs ont initialement examiné 8 418 articles, se concentrant finalement sur 26 études rapportant principalement des données sur les anticorps neutralisants (nAb) contre la souche Index et Omicron BA.1.
Leur analyse, utilisant une méta-régression à effets aléatoires, a indiqué que le taux de diminution des anticorps était généralement similaire parmi les cohortes d’individus précédemment infectés et ceux naïfs d’infection, quel que soit le nombre de doses de vaccin qu’ils ont reçues.
La réduction observée des titres moyens géométriques (TMG) de nAb entre les mois 1 et 6 variait, allant d’une diminution de 3,7 fois contre la souche Index dans les cohortes hybrides immunisées après la primo-vaccination à une diminution de 5,9 fois contre Omicron BA.1 chez cohortes naïves d’infection qui avaient reçu un rappel.
De plus, il a été noté que les nAb à réaction croisée avec Omicron BA.1 diminuaient plus rapidement que les nAb spécifiques à l’index dans les deux cohortes, bien que cette différence ne soit pas statistiquement significative (p = 0,67).
Les taux de diminution sont restés relativement cohérents d’une plateforme vaccinale à l’autre, mais les TMG maximaux variaient considérablement d’une étude à l’autre, ce qui donnait lieu à de larges intervalles de confiance (IC) dans les méta-analyses.
De plus, cette étude a révélé des différences dans l’immunogénicité de diverses stratégies de vaccination, les vaccins à ARNm produisant les titres de nAb les plus élevés et les vaccins inactivés les plus faibles.
Les individus qui ont reçu un schéma de primo-vaccination moins immunogène ont vu les titres de nAb non protecteurs diminuer plus rapidement, et cet effet était plus prononcé parmi ceux qui ont reçu uniquement un vaccin primaire, par rapport aux cohortes hybrides-immunes.
Notamment, trois cohortes naïves d’infection ont produit des observations intrigantes. Dans une cohorte, les titres de nAb sont restés constamment faibles pendant trois mois, sans changement (à court terme). Dans les deux autres cohortes, les titres de nAb contre Omicron BA.1 ont diminué, ce qui suggère qu’aucune infection révolutionnaire ne s’est produite.
Les chercheurs ont émis l’hypothèse que l’utilisation d’un vaccin vectoriel comme dernière dose dans ces trois cohortes aurait pu provoquer des réponses nAb plus durables après le rappel. Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires pour explorer le rôle potentiel des vaccins vectoriels dans l’amélioration des réponses immunitaires à long terme.
L’étude a révélé qu’une majorité significative (88 %) des études incluses présentaient des scores de fiabilité moyens, faibles ou peu clairs, principalement en raison d’une qualité de rapport inadéquate.
Très peu d’études présentaient des scores de fiabilité élevés, ce qui indique qu’il est difficile de comparer les données sur les titres de nAb dans différentes études. Il est intéressant de noter que les différences dans les titres maximaux de nAb et les taux de diminution entre les études avec des scores de fiabilité moyens à élevés et faibles n’étaient pas statistiquement significatives.
Il est important de noter que les données sur la diminution des anticorps à long terme, en particulier 12 mois après la dernière dose de vaccin, n’étaient pas disponibles. Cependant, étant donné que les taux de diminution sont restés similaires après la primo-vaccination et lors du premier rappel, il est concevable qu’ils continuent à être similaires pour les doses ultérieures.
À mesure que l’intervalle de temps entre les doses du vaccin contre la COVID-19 s’allonge, de futures recherches pourraient aborder la question de la diminution des anticorps à long terme, offrant potentiellement des perspectives pour des stratégies de vaccination plus raffinées.
Conclusions
Cette étude rétrospective renforce fortement l’idée selon laquelle l’infection par le SRAS-CoV-2 et les anticorps neutralisants induits par le vaccin sont des facteurs essentiels de protection contre le COVID-19. Ces facteurs resteront cruciaux pour façonner les futures stratégies de vaccination.
Les découvertes de l’étude soulignent l’importance d’administrer des vaccinations de rappel supplémentaires pour se protéger contre le COVID-19, compte tenu en particulier de l’émergence de nouvelles variantes du SRAS-CoV-2 et de la baisse notable des niveaux d’anticorps au fil du temps.
En outre, la recherche souligne l’importance de chronométrer soigneusement ces vaccinations de rappel en fonction des antécédents individuels d’infection par le SRAS-CoV-2 et de vaccination antérieure.
Il est également essentiel de prendre en compte d’autres facteurs importants, tels que le niveau global d’immunité au sein de la population et le risque de conséquences graves, lors de la planification des futures stratégies de vaccination.