De nombreux Suédois obtiennent-ils des antibiotiques sans ordonnance, et qu’est-ce qui motive leur comportement lorsque cela se produit ? Les réponses sont importantes lorsqu’il s’agit de faire face à la résistance aux antibiotiques, qui représente un sérieux défi pour l’ensemble du secteur de la santé. Des philosophes pratiques et des politologues de l’Université de Göteborg ont mené une vaste étude examinant les expériences et les attitudes des Suédois en matière d’obtention d’antibiotiques sans ordonnance.
Les chercheurs sont affiliés au Centre de recherche sur la résistance aux antibiotiques (CARe) de l’Université de Göteborg, et leur étude a récemment été publiée dans la revue scientifique PLOS One.
Afin de ralentir le développement de bactéries résistantes, il est essentiel de limiter l’utilisation d’antibiotiques. C’est pourquoi les services de santé tentent de limiter les prescriptions d’antibiotiques, les médecins étant incités à adopter une approche restrictive. Dans le même temps, il existe de nombreuses possibilités de se procurer des antibiotiques sans ordonnance, comme lors de voyages à l’étranger, via des contacts étrangers ou auprès de pharmacies en ligne qui contournent les réglementations nationales.
« Nous avons d’abord mené une petite étude pilote », explique Christian Munthe, qui a dirigé l’étude en collaboration avec Erik Malmqvist et Björn Rönnerstrand. « Dix-huit pour cent des répondants ont indiqué qu’ils avaient obtenu des antibiotiques sans ordonnance et 16 % envisageraient de le faire, ce qui était très préoccupant. Leur motivation était souvent qu’ils n’étaient pas satisfaits ou ne faisaient pas confiance aux soins de santé. »
Peu d’études de recherche
Les chercheurs n’ont trouvé que quelques publications sur le sujet, dont la plupart traitaient de phénomènes apparentés ou de produits pharmaceutiques en général. Cependant, aucune étude n’avait examiné la question spécifiquement pour les antibiotiques, ou pourquoi certaines personnes contournent les règles de la société qui visent à contrôler l’utilisation des antibiotiques.
Nous avons donc procédé à une vaste étude utilisant le panel de citoyens suédois de l’Institut SOM, auprès de plusieurs milliers de personnes qui constituent un échantillon plus représentatif de la population dans son ensemble, ce qui nous a permis d’examiner l’hypothèse selon laquelle la confiance dans les soins de santé joue un rôle important dans cette phénomène. »
Christian Munthe, auteur principal de l’étude
L’une de leurs principales conclusions était que la proportion de Suédois qui ont obtenu ou souhaitent obtenir des antibiotiques sans ordonnance est inférieure à ce que l’étude pilote suggérait. Dans le même temps, près de deux fois plus – un peu moins de 5% des répondants – seraient prêts à le faire à l’avenir par rapport à ceux qui ont déclaré l’avoir fait (2,3%). L’autre constatation principale est que la confiance dans les soins de santé – ou le manque de confiance – l’emporte sur tous les autres facteurs explicatifs potentiels, tels que le niveau d’éducation et les préoccupations concernant sa propre santé.
Action nécessaire
« Parce que nous savons que la confiance dans les soins de santé varie considérablement d’un pays à l’autre, nos résultats fournissent une bonne raison pour que les pays ayant des taux de confiance inférieurs aux pays nordiques réexaminent la situation et mettent en place des mesures s’il s’avère que de nombreuses personnes sont obtenir des antibiotiques sans ordonnance. »
Les chercheurs pensent que la Suède a également de bonnes raisons de surveiller ce problème compte tenu du nombre de personnes prêtes à acheter des antibiotiques sans ordonnance à l’avenir.
« Il est également important de tenir compte de la nécessité de maintenir et de renforcer la confiance dans les soins de santé lors de l’élaboration de stratégies visant à limiter l’utilisation d’antibiotiques. »