Les troubles liés à la marche affectent négativement la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson (MP), une maladie qui touche des millions de personnes dans le monde. Bien que divers traitements pharmacologiques, chirurgicaux et rééducatifs existent, leur efficacité est limitée. Maintenant, une équipe de chercheurs du Japon a réussi à résoudre cette limitation. En utilisant une nouvelle approche de neuromodulation qui intègre une stimulation électrique transcrânienne en boucle fermée combinée à la marche, l’équipe a démontré des améliorations significatives de la marche chez les patients atteints de divers troubles neurologiques, y compris la MP.
La maladie de Parkinson (MP) est une maladie neurodégénérative débilitante caractérisée par un déclin de la fonction motrice, en particulier en relation avec des troubles de la marche. Ces troubles de la marche se manifestent par une diminution de la longueur des pas, une réduction du balancement des bras, des mouvements lents, de la rigidité et une instabilité posturale, qui sont prévalents chez les patients atteints de MP. Alors que les approches non pharmacologiques telles que la stimulation transcrânienne à courant continu sont prometteuses pour améliorer la fonction motrice, des recherches récentes se concentrent sur la stimulation en boucle fermée combinée à la marche, qui synchronise la stimulation cérébrale avec le rythme de marche de l’individu. Une étude récente publiée le 9 juin 2023 dans le Journal de neurologie, neurochirurgie et psychiatrie propose une nouvelle intervention pour l’amélioration de la marche, créant ainsi un nouvel espoir pour les patients atteints de MP.
« Nous avons récemment développé une nouvelle approche de neuromodulation utilisant la stimulation électrique transcrânienne en boucle fermée (tES) combinée à la marche et démontré des améliorations prometteuses de la marche chez les patients post-AVC. Ici, nous avons testé l’efficacité de cette intervention chez des patients souffrant de troubles de la marche parkinsoniens, « explique l’auteur principal Ippei Nojima de l’Université de Shinshu et de l’Université de la ville de Nagoya, au Japon.
À cette fin, les chercheurs cliniques du Japon ont recruté vingt-trois patients atteints de la MP ou du syndrome de Parkinson. Tous les participants à l’étude ont été assignés au hasard pour recevoir soit le traitement actif, soit un traitement « fictif » qui imite le traitement actif mais n’offre aucun avantage thérapeutique.
Au cours de l’essai, une électrode transportant un faible courant (jusqu’à 2 mA) a été fixée à l’extérieur de la région occipitale de la tête. Une électrode de référence a ensuite été placée dans la région du cou pour établir un point de référence électrique stable et pour compléter le circuit électrique. Le traitement comprenait la réalisation de tES sur le cervelet de manière non invasive. Le côté cérébral présentant un impact sévère a été spécifiquement ciblé pendant l’électrothérapie.
« Les troubles de la marche réduisent les activités de la vie quotidienne chez les patients atteints de MP et de troubles apparentés. Cependant, l’efficacité des traitements pharmacologiques, chirurgicaux et de réadaptation est limitée. Notre nouvelle intervention pourrait être en mesure d’améliorer la fonction physique non seulement des patients atteints de MP mais aussi pour ceux qui ont d’autres handicaps », commente l’auteur principal Yoshino Ueki du Département de médecine de réadaptation de l’Université de la ville de Nagoya.
Le cervelet joue un rôle clé dans le contrôle de la porte. Par conséquent, la stimulation électrique de cette région est susceptible d’exercer des avantages thérapeutiques. La thérapie a montré des résultats encourageants après seulement dix répétitions. Le groupe de traitement a montré une amélioration significative des paramètres de la marche, notamment la vitesse, la symétrie de la marche et la longueur de la foulée.
Dit le professeur Nojima, « Ces résultats ont montré que le tES en boucle fermée combiné à la marche sur le cervelet améliorait les troubles de la marche parkinsoniens, peut-être grâce à la modulation des réseaux cérébraux générant des rythmes de marche. »
Fait intéressant, aucun patient n’a abandonné au cours de l’étude. De plus, les patients des deux groupes (traitement et simulation) ont montré une observance bonne et comparable. Des effets secondaires tels qu’une irritation de la peau, des vertiges ou des sensations/perceptions étranges n’ont également été observés chez aucun des patients volontaires. Cette étude revêt une importance particulière compte tenu du fait que le Japon connaît une forte augmentation de sa population âgée.
« Les patients dont la démarche est perturbée ont des activités quotidiennes restreintes. Nous avons développé avec succès une nouvelle intervention non pharmacologique et non invasive pour la rééducation des patients atteints de MP et d’autres troubles neurologiques. Notre méthode révolutionnaire pourrait être utilisée pour rétablir la marche chez ces patients », conclut le professeur Ueki.
Bien que l’étude présente certaines limites, elle suggère que la stimulation cérébrale personnalisée, synchronisée avec le rythme de marche individuel, peut améliorer efficacement la fonction de marche dans la MP et a le potentiel d’être utilisée comme thérapie d’appoint pour la rééducation de la marche.