Sommaire
Les problèmes de santé
Un Français sur huit souffre de migraine. Elle concerne davantage les femmes (16 % sont touchées) que les hommes (6 %). Ce mal de tête survient sous forme de crise et peut durer de quelques heures à plusieurs jours. Commençant par une douleur lancinante ou pulsatile (sensation de coups de marteau) localisée d’un côté du crâne, la migraine s’accompagne fréquemment de nausées, de vomissements, d’une intolérance à la lumière ou au bruit, et parfois de troubles de la vue. Si son mécanisme précis demeure inconnu, des éléments déclencheurs peuvent en être à l’origine, comme le stress, la faim, la fatigue, mais aussi une modification environnementale (par exemple une odeur particulière) ou une conduite alimentaire (surconsommation d’alcool ou de café, réaction à certains produits comme le chocolat). Un mauvais réflexe est l’utilisation systématique et sans modération de médicaments antalgiques, qui conduisent à une dépendance et ont de nombreux effets secondaires.
L’étude de référence
Une revue systématique a analysé l’efficacité des programmes éducatifs d’autogestion des migraines chez l’adulte par rapport aux soins courants. Ce type d’INM correspond à un protocole structuré, spécialisé, enseigné en face à face ou délivré par un simple livret pédagogique. Sur la base de seize essais randomisés, les auteurs ont montré l’efficacité d’un programme d’autogestion, la méthode CHESS, par rapport aux soins habituels sur l’intensité de la douleur, le handicap lié au mal de tête, la qualité de vie et l’humeur. Ce programme s’avère néanmoins sans impact sur la fréquence des migraines.
Descriptif de la méthode
Une intervention éducative d’autogestion pour les personnes migraineuses a été développée dans une étude. Ses auteurs ont conçu la méthode CHESS (Chronic Headache Education and Self-management) dispensée par un infirmier spécialisé dans les migraines. L’intervention commence par deux journées de formation en groupe de huit à dix participants. Le premier jour vise à comprendre les contextes d’apparition des maux de tête et à partager des techniques d’évitement. Le participant apprend leur fonctionnement, à les accepter, à appréhender les liens entre corps et esprit avec la douleur ainsi qu’à trouver des alternatives aux schémas de pensée inutiles. Le second jour vise à apprendre à s’adapter et à prendre le contrôle de sa vie avec des maux de tête. Il identifie les obstacles au changement et explore les voies de résolution en tenant compte des facteurs liés au mode de vie. Il apprend aussi à rendre les maux de tête plus gérables par la gestion du stress, de l’anxiété et du sommeil et l’utilisation à bon escient des médicaments. Échanger avec les autres participants aide également à anticiper les migraines et à mieux gérer les situations d’échec. Une séance individuelle est ensuite organisée pour dresser un bilan (sur la base du contenu d’un journal des maux de tête) et discuter de l’usage des médicaments ainsi que des facteurs déclencheurs liés au style de vie. Ceci aboutit à l’établissement d’objectifs personnalisés. Enfin, un appel téléphonique de l’infirmier dans les deux mois qui suivent le programme permet de réaliser un nouveau bilan et d’ajuster les objectifs.
Les mécanismes d’action
L’INM s’appuie sur une méthode d’apprentissage centrée sur les besoins propres de la personne. Elle modifie les croyances en apportant des connaissances scientifiques sur l’apparition, le fonctionnement et la gestion des migraines. Elle s’appuie sur les motivations personnelles et le mode de vie individuel pour donner des solutions pratiques afin de prévenir et d’atténuer les migraines.
Bénéfices
L’INM permet de réduire l’intensité des migraines, sans toutefois modifier leur fréquence d’apparition. Les effets les plus importants sur la douleur sont retrouvés dans les interventions incluant des contenus éducatifs explicites, une participation active des patients et des séances collectives plutôt qu’individuelles.
Quels sont les risques ?
Faute de résultat rapide, l’INM peut provoquer chez certains patients une lassitude et une frustration puis un possible découragement vis-à-vis des techniques à mettre en œuvre au quotidien.
Conseils pratiques
Une des clés de la réussite de ce programme est de parvenir à entreprendre puis à réaliser sur la durée un changement progressif de mode de vie qui évite les comportements à risque vis-à-vis des migraines (stress, mauvaise alimentation, sédentarité, alcool, tabac, produits psychotropes…).
À qui s’adresser ?
Dans un centre hospitalier spécialisé dans la migraine chronique, demandez à suivre ce type de programme. Des infirmiers ou des neuropsychologues spécialisés vous aideront.