Vers une vie plus longue : de nouvelles recherches soulignent à quel point une activité physique modeste augmente la longévité de chacun, en particulier des moins actifs.
Étude : Activité physique et espérance de vie : une analyse des tables de survie. Crédit d'image : Images d'affaires de singe/Shutterstock
Dans une étude récente publiée dans le Journal britannique de médecine du sportun groupe de chercheurs a évalué l'impact d'une faible activité physique (AP) sur l'espérance de vie et les gains potentiels d'une activité accrue au niveau individuel et de la population.
Sommaire
Arrière-plan
Une faible AP est un contributeur mondial important aux maladies non transmissibles et à la mortalité prématurée. L’augmentation des niveaux d’AP réduit le risque de décès dans tous les groupes d’âge et toutes les intensités, avec les plus grands avantages pour les personnes les moins actives. Malgré les politiques mondiales telles que les lignes directrices et les plans d'action de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l'AP, des disparités persistent, en particulier parmi les groupes socio-économiquement défavorisés.
Les estimations existantes du fardeau sur la santé d’une faible AP sont probablement sous-estimées en raison du recours à des données autodéclarées, qui manquent de précision. L'introduction de données mesurées par appareil offre la possibilité de mieux saisir la relation entre l'AP et la mortalité, révélant une association plus prononcée que celle estimée précédemment.
Des preuves récentes de l'AP mesurée par un appareil montrent des associations plus fortes avec la mortalité, ce qui nécessite des recherches supplémentaires pour affiner les estimations de la charge de morbidité et orienter les interventions.
À propos de l'étude
Une table de mortalité pour la population des États-Unis (US) de 2019 a été construite à l'aide des données de mortalité de 2017 du National Center for Health Statistics, intégrant des calculs de fraction d'impact potentiel (PIF) pour estimer l'impact des différents niveaux d'AP sur la mortalité. Le PIF quantifie la réduction proportionnelle du risque obtenue grâce à des changements hypothétiques dans l'exposition, aidant ainsi à modéliser l'impact de l'AP sur l'espérance de vie. Cette approche a permis de dériver des tables de mortalité alternatives pour estimer l'espérance de vie sous différents niveaux d'AP.
Les niveaux d'AP dans la population étaient basés sur les données de l'Enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) de 2003 à 2006, qui utilisait des accéléromètres portés sur la hanche pour mesurer l'activité. Seuls les participants ayant une durée de port suffisante (au moins 10 heures par jour pendant quatre jours ou plus) ont été inclus, ce qui a entraîné l'exclusion de 824 personnes.
L’AP totale a été exprimée en coups par minute (cpm), une mesure reflétant l’intensité du mouvement. Par souci de cohérence, l'étude a suivi les mêmes critères d'exclusion qu'une méta-analyse clé utilisée pour modéliser la relation dose-réponse entre l'AP et la mortalité. Les niveaux d'AP ont été divisés en quartiles, représentant des niveaux d'activité croissants.
En utilisant les rapports de risque pour la mortalité toutes causes confondues dans les quartiles AP, des scénarios contrefactuels de mortalité ont été modélisés. Des estimations de l'espérance de vie ont été générées pour chaque quartile PA et comparées à des scénarios dans lesquels tous les individus appartenaient au quartile le moins actif ou au quartile le plus actif.
Les différences de niveaux d’AP entre quartiles ont été traduites en équivalents de marche pour plus de clarté, alignant l’activité physique sur une mesure compréhensible. Des estimations des gains d'espérance de vie résultant de la marche supplémentaire ont été fournies pour les personnes âgées de 40 ans et plus, en intégrant une période de décalage pour refléter les réductions progressives du risque de mortalité. Pour tenir compte des incertitudes, l'étude a eu recours à une analyse de sensibilité probabiliste, en utilisant des méthodes d'amorçage pour améliorer la fiabilité.
Résultats de l'étude
En 2017, l'espérance de vie moyenne aux États-Unis était de 78,6 ans. Les estimations suggèrent que si tous les Américains âgés de 40 ans et plus étaient aussi actifs que les 25 % les moins actifs (T1), l’espérance de vie diminuerait de 5,8 ans, ce qui donnerait une moyenne de 73,0 ans.
Une augmentation progressive de l’AP jusqu’aux niveaux des deuxième (Q2) et troisième quartiles (Q3) entraînerait des gains d’espérance de vie de 0,6 an et 3,5 ans, respectivement. Ces augmentations correspondraient à des espérances de vie de 79,2 ans et 82,0 ans. En revanche, si les individus atteignaient des niveaux d’activité comparables au quartile le plus actif (Q4), l’espérance de vie atteindrait 83,7 ans, soit une augmentation de 5,3 ans.
Pour obtenir les bienfaits pour la santé observés dans le quartile le plus actif, les individus du groupe Q1 auraient besoin de l’équivalent de 111,2 minutes supplémentaires de marche quotidienne. Cette augmentation de l’AP pourrait potentiellement prolonger leur espérance de vie jusqu’à 10,9 ans.
Chaque heure supplémentaire de marche contribue en moyenne à 169,1 minutes à l’espérance de vie, ce qui reflète une forte relation dose-réponse. La relation entre l’AP et la mortalité suit une courbe non linéaire, les bénéfices relatifs les plus importants étant observés à des niveaux d’activité plus faibles.
Pour les individus passant d’un quartile à l’autre, la marche supplémentaire requise varie. Passer du premier au deuxième trimestre nécessite 28,5 minutes de marche supplémentaires par jour, chaque heure ajoutant environ 6,3 heures à l'espérance de vie. Passer du deuxième au troisième trimestre nécessite 27,8 minutes supplémentaires par jour, chaque heure générant près de 3 heures de durée de vie supplémentaire. Du troisième au quatrième trimestre, les individus auraient besoin de marcher 55 minutes supplémentaires par jour, chaque heure de marche prolongeant la vie d'un peu moins d'une heure.
Pour les individus du deuxième trimestre visant à atteindre le quatrième trimestre, 82,8 minutes supplémentaires de marche quotidienne sont nécessaires. Bien que les gains d’espérance de vie diminuent à mesure que les niveaux d’activité sont élevés, de modestes augmentations de l’AP à des niveaux inférieurs offrent des avantages substantiels pour la santé, soulignant leur importance pour la santé publique.
Conclusions
En résumé, cette étude souligne l’impact profond de l’AP sur l’espérance de vie, en particulier chez les individus les moins actifs. Des augmentations modestes de l’AP, comme une heure de marche quotidienne, peuvent se traduire par des gains significatifs, ajoutant jusqu’à six heures d’espérance de vie par heure de marche supplémentaire.
L'analyse améliore les estimations autodéclarées précédentes en utilisant des données précises d'accéléromètre, révélant une association plus forte entre l'AP et la réduction de la mortalité. Les résultats plaident en faveur d’un investissement plus important dans les environnements et les politiques favorisant les AP, tels que les initiatives de planification urbaine, les transports actifs et un accès accru aux espaces verts, afin de favoriser l’amélioration de la santé au niveau de la population.