Une nouvelle solution, connue sous le nom d’E-MOTIVE, pourrait constituer une percée majeure dans la réduction des décès dus aux saignements liés à l’accouchement, selon une étude historique publiée aujourd’hui par des chercheurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Université de Birmingham.
L’hémorragie post-partum (HPP) – définie comme la perte de plus de 500 ml de sang dans les 24 heures suivant la naissance – est la principale cause de mortalité maternelle dans le monde. Elle touche environ 14 millions de femmes chaque année et entraîne environ 70 000 décès – principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire – soit l’équivalent d’un décès toutes les 6 minutes
L’hémorragie post-partum est effrayante, pas toujours prévisible, mais tout à fait traitable. Néanmoins, ses impacts dans le monde sont tragiques. Aucune femme ne devrait craindre pour sa vie lors de l’accouchement. Des solutions efficaces pour lutter contre les saignements post-partum doivent être disponibles et accessibles afin que toutes les femmes puissent vivre une naissance en toute sécurité et un avenir en bonne santé avec leur famille. »
Dr Pascale Allotey, directrice de la santé et de la recherche sexuelles et reproductives à l’OMS et chef du programme spécial de recherche, de développement et de formation à la recherche en reproduction humaine (HRP) des Nations Unies
L’étude, qui a impliqué plus de 200 000 femmes dans quatre pays, a révélé que la mesure objective de la perte de sang à l’aide d’un dispositif de prélèvement simple et peu coûteux appelé « drapé » et le regroupement des traitements recommandés par l’OMS – plutôt que de les proposer de manière séquentielle – entraînaient des conséquences dramatiques amélioration des résultats pour les femmes. Les saignements graves – lorsqu’une femme perd plus d’un litre de sang après l’accouchement – ont été réduits de 60% et ils étaient moins susceptibles de mourir.
Il y a également eu une réduction substantielle du taux de transfusions sanguines pour saignement, ce qui est particulièrement important dans les pays à faible revenu où le sang est une ressource rare et coûteuse.
« Cette nouvelle approche du traitement de l’hémorragie post-partum pourrait radicalement améliorer les chances des femmes de survivre à l’accouchement dans le monde, en les aidant à obtenir le traitement dont elles ont besoin quand elles en ont besoin », a déclaré le professeur Arri Coomarasamy, qui a dirigé l’essai et est le codirecteur du WHO Collaborating Centre sur la santé mondiale des femmes à l’Université de Birmingham. « Le temps est essentiel pour répondre aux saignements post-partum, donc les interventions qui éliminent les retards de diagnostic ou de traitement devraient changer la donne pour la santé maternelle. »
Actuellement, un défi majeur dans la réponse à l’HPP est qu’elle est souvent détectée trop tard pour répondre efficacement. La plupart des prestataires utilisent l’inspection visuelle pour évaluer les saignements, ce qui tend à sous-estimer la perte de sang et peut entraîner des retards de traitement potentiellement mortels. Lorsque le traitement est fourni, cela se fait généralement de manière séquentielle avec des intervalles entre chaque intervention – ce qui coûte plus de temps si les premières options ne sont pas efficaces.
Le pack E-MOTIVE recommandé comprend une détection précoce et précise de l’HPP à l’aide d’un champ de prélèvement sanguin. Ceci est complété par un ensemble de traitements immédiats, le cas échéant, comprenant un massage utérin, des médicaments pour contracter l’utérus et arrêter le saignement, l’administration de liquide intraveineux, un examen et, si nécessaire, une escalade vers des soins avancés. Dans l’essai, l’intervention E-MOTIVE a été soutenue par une stratégie de mise en œuvre consistant en une formation spécifique, des chariots PPH ou des valises de transport, l’engagement de champions locaux, des audits et des commentaires. Toutes les composantes de l’intervention E-MOTIVE peuvent être réalisées par des sages-femmes.
Cette recherche répond à l’une des principales priorités de recherche identifiées par plus de 130 experts de plus de 50 pays lors du premier Sommet mondial sur l’HPP organisé par l’OMS et HRP en mars de cette année. Le Sommet a marqué le début d’une initiative mondiale collaborative visant à réduire considérablement le fardeau de l’HPP et ses conséquences dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
À propos de l’étude
Les principaux résultats de cette étude sont publiés aujourd’hui dans le New England Journal of Medicine. L’essai randomisé en grappes parallèles était un partenariat entre le Centre collaborateur de l’OMS sur la santé mondiale des femmes de l’Université de Birmingham, au Royaume-Uni, et l’OMS, l’étude ayant été menée dans 80 hôpitaux du Kenya, du Nigeria, de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie.
Le projet E-MOTIVE a été soutenu par une subvention de la Fondation Bill & Melinda Gates.