Dans une étude récente publiée dans le Journal des troubles affectifsun groupe de chercheurs a mesuré la prévalence ponctuelle du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) à l’aide d’un diagnostic confirmé et provisoire.
Arrière-plan
Le PMDD, un problème de santé mentale important, est passé d’une condition nécessitant une étude plus approfondie dans les éditions antérieures du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) à un trouble reconnu dans le DSM-5 et la Classification internationale des maladies (CIM)-11. Ce trouble, caractérisé par de graves symptômes émotionnels et physiques liés au cycle menstruel, est désormais reconnu comme ayant un impact important sur la qualité de vie et est associé à une augmentation des tendances suicidaires. Le diagnostic dépend du moment précis et de la gravité des symptômes, le DSM-5 et la CIM-11 mettant l’accent sur les symptômes de la phase lutéale, notamment les changements émotionnels et l’inconfort physique.
Le processus de diagnostic, idéalement basé sur l’évaluation prospective des symptômes de deux cycles menstruels, varie entre confirmé et provisoire, en fonction de la méthode de déclaration des symptômes. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre l’étiologie du PMDD, l’efficacité du traitement et les impacts à long terme sur la santé mentale et physique.
À propos de l’étude
Les chercheurs ont mené une recherche approfondie d’études observationnelles examinant la prévalence du TDPM chez les femmes, de la ménarche à la ménopause, en adhérant aux critères diagnostiques du DSM ou de la CIM. Les études reposant uniquement sur l’autodiagnostic ont été exclues en raison de leur manque de fiabilité. Ils ont également exclu les études portant sur les participants des services de santé comme les cliniques gynécologiques pour éviter des chiffres de prévalence gonflés. Lorsque nous avons rencontré plusieurs études du même échantillon, celle avec la plus grande taille d’échantillon a été sélectionnée. Il n’y avait aucune restriction linguistique et Google Translate a été utilisé pour les rapports dans une autre langue que l’anglais.
La recherche s’est étendue à plusieurs bases de données – Embase, PsycINFO, MEDLINE et PubMed – depuis leur création jusqu’en mars 2021. Deux auteurs ont indépendamment examiné les résumés d’études, sélectionnant les textes intégraux pertinents pour un examen détaillé. La recherche a incorporé divers termes liés au PMDD pour garantir une revue complète de la littérature.
Pour l’analyse des données, deux auteurs ont extrait des informations cruciales telles que le cadre de l’étude, la taille de l’échantillon et la méthode de diagnostic, résolvant ainsi tout désaccord grâce à une discussion avec un troisième auteur. Chaque étude a été évaluée en termes de biais à l’aide d’un outil spécifique de risque de biais.
Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel statistique R, en utilisant un modèle à effets aléatoires pour tenir compte des variations entre les études. Ils ont évalué l’hétérogénéité en utilisant le I2 statistique et exploré ses sources potentielles avec une analyse de sous-groupes et une méta-régression. Les études ont ensuite été classées en fonction de la méthode de diagnostic (provisoire ou confirmé) et de l’utilisation de questionnaires.
Résultats de l’étude
Dans la présente recherche complète, les chercheurs ont identifié 12 340 enregistrements, pour finalement se limiter à 44 études répondant à leurs critères. Ces études représentaient 48 échantillons indépendants avec un total de 50 659 participants, allant de 62 à 8 694 par échantillon et une taille moyenne d’échantillon de 1 151. La tranche d’âge des participants variait entre 14,3 et 38,6 ans. Ces études étaient réparties dans le monde entier, avec un nombre notable d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord. La plupart des études ont utilisé les critères du DSM pour le diagnostic, aucune étude n’utilisant les critères de la CIM-11.
Les chercheurs ont noté que seule une minorité d’études utilisaient des évaluations prospectives pour confirmer le diagnostic de TDPM. Il y avait une différence notable dans la taille moyenne de l’échantillon entre les études avec des diagnostics confirmés (798) et provisoires (1 255). Il est intéressant de noter qu’une étude n’a signalé aucun cas de TDPM dans son échantillon. Les chercheurs ont constaté que la prévalence globale du TDPM était de 3,2 % dans les diagnostics confirmés et de 7,7 % dans les diagnostics provisoires, bien qu’avec une hétérogénéité significative (I2 = 99 %).
Le risque de biais variait selon les études, avec des scores allant de 3 à 9. Notamment, toutes les études étaient cohérentes dans leurs méthodes de collecte de données et obtenaient directement les données des participants. Une prévalence plus élevée a été observée dans les études avec diagnostic provisoire, sur des échantillons africains et en milieu universitaire. Une corrélation négative entre les taux de prévalence et le risque de biais a également été observée.
L’utilisation de questionnaires pour diagnostiquer le TDPM a également influencé les taux de prévalence. Les études utilisant des questionnaires reconnus ont rapporté une prévalence plus faible par rapport à celles qui n’utilisaient pas de questionnaire standard. Parmi les études ayant rapporté un diagnostic provisoire, 22 utilisaient un questionnaire reconnu.
Une étude particulière menée par de la Gándara Martín et de Diego Herrero en 1996, qui faisait état d’une prévalence inhabituellement élevée de 30,5 %, a été considérée comme une valeur aberrante et exclue d’une analyse plus approfondie. Cet ajustement a conduit à une prévalence globale réduite de 2,7 % et à une diminution de l’hétérogénéité.
Le fait de se concentrer uniquement sur des échantillons communautaires strictement conformes aux critères du DSM, notamment le suivi des symptômes sur deux cycles, a abouti à une analyse plus raffinée. Cette restriction à six échantillons a révélé une prévalence groupée de 1,6 %, avec une hétérogénéité significativement plus faible (I2 = 26 %). Cette découverte souligne l’importance du strict respect des critères de diagnostic et de la sélection des échantillons pour déterminer la prévalence du TDPM.