Dans les zones urbaines, les personnes sont constamment exposées au bruit ambiant, en particulier au bruit du trafic routier. Le bruit a été identifié comme un contributeur important aux problèmes de santé publique. Plus de 100 millions de citoyens européens sont exposés à un niveau sonore quotidien moyen d’au moins 55 décibels (dB). Le niveau de bruit jour-soirée-nuit (LDEN) est une norme européenne pour exprimer les niveaux de bruit sur une journée entière. De même, LNIGHT est l’indicateur de bruit pour la nuit. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé de réduire les niveaux de bruit à 53 dB et 45 dB pour les expositions au bruit LDEN et LNIGHT, respectivement.
Une récente Recherche environnementale journal étude a examiné l’association entre l’exposition au bruit environnemental et le sommeil chez les préadolescents européens.
Étude : exposition au bruit résidentiel extérieur et sommeil chez les préadolescents de deux cohortes de naissance européennes. Crédit d’image : H_Ko/Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
Le sommeil est essentiel pour plusieurs fonctions biologiques vitales, telles que le développement neuronal et la neuroplasticité. De nombreuses études ont révélé que ces processus neuronaux se produisent à un stade précoce de la vie jusqu’à l’adolescence, soulignant ainsi à quel point le sommeil est essentiel au cours de ces étapes de la vie.
Les perturbations du sommeil ont été associées à de nombreux problèmes de santé à court terme (p. ex., sensibilité accrue au stress, problèmes somatiques et problèmes de comportement) et à long terme (p. ex., syndrome métabolique, hypertension, maladies cardiovasculaires et diabète sucré de type 2).
Bien que des études antérieures aient montré que l’exposition au bruit environnemental provoque des troubles du sommeil plus importants et conduit à une durée de sommeil plus courte chez les adultes, peu de recherches sont disponibles sur l’impact du bruit environnemental sur le sommeil des enfants. Une étude précédente a révélé que les enfants âgés de 7 à 14 ans exposés à des niveaux de bruit routier nocturnes plus élevés souffrent de troubles du sommeil. Cette constatation était basée sur des données auto-déclarées par les parents sur la qualité du sommeil. Néanmoins, de nombreuses études ont contredit ce rapport qui montrait que le bruit extérieur quotidien n’affectait pas le sommeil des nourrissons ou des enfants.
Dans l’ensemble, l’association entre le bruit environnemental du trafic routier et la qualité du sommeil chez les enfants est restée non concluante. Peu d’études ont utilisé l’actigraphie du poignet, qui fournit des données précieuses sur les troubles du sommeil.
À propos de l’étude
La présente étude a analysé le lien entre le trafic routier LDEN résidentiel extérieur et l’exposition multiple au bruit sur la base des troubles du sommeil signalés par la mère et des mesures physiologiques du sommeil chez les préadolescents. Dans cette étude transversale, des données ont été obtenues à partir de l’étude hollandaise Generation R et du projet espagnol INfancia y Medio Ambiente (INMA), qui comprenait une cohorte multiethnique basée en Europe comprenant des femmes enceintes et leurs enfants.
Environ 32 % des préadolescents de la cohorte INMA-Sabadell et environ 20 % de l’étude Generation R avaient des problèmes d’éveil. Dans les deux cohortes, le temps de sommeil moyen a été estimé entre 7,2 et 7,5 heures avec une efficacité du sommeil de 85 %. La latence d’endormissement et le réveil du sommeil se sont avérés faiblement mais positivement corrélés avec les facteurs qui affectent le sommeil. Les niveaux moyens d’exposition au bruit du trafic routier ont été estimés à 53,2 307 dB dans l’étude Génération R et à 61,3 dB dans la cohorte INMA-Sabadell.
Résultats de l’étude
Selon les données autodéclarées des mères, aucune association n’existait entre le trafic routier et l’exposition multiple au bruit et les troubles du sommeil. Néanmoins, les données d’actigraphie ont révélé qu’un trafic routier plus important réduisait la durée du sommeil. De plus, la circulation routière et l’exposition multiple au bruit ont entraîné un réveil après le sommeil plus prolongé chez les enfants vivant au sous-sol, au rez-de-chaussée ou au premier étage.
La conclusion de cette recherche est cohérente avec certaines études qui ont suggéré une association possible entre l’exposition au bruit de la circulation routière et le sommeil chez les enfants et les préadolescents. Cependant, des désaccords avec cet effet ont également été observés, où aucune telle association n’a été observée.
Les résultats différents entre les études pourraient être dus au fait que certaines personnes s’habituent au bruit. Cela se produit lorsque les neurones s’adaptent à des stimuli auditifs répétitifs mais répondent à des stimuli aux propriétés physiques variées. Aussi, certaines variations ont été observées entre les enfants dormant seuls dans une chambre et ceux dormant avec leurs parents. Les nourrissons sans frères et sœurs sont habitués à des niveaux de bruit plus faibles, ce qui les rend plus sensibles aux bruits de transport nocturnes, entraînant ainsi des conséquences néfastes sur la santé. Une étude précédente a indiqué une association robuste entre le statut socio-économique (SSE) et le sommeil, c’est-à-dire que les enfants appartenant à un faible SSE ont une durée de sommeil plus courte et une mauvaise qualité de sommeil.
Forces et limites
L’un des points forts de cette étude est la grande taille de la cohorte provenant de deux pays européens différents. De plus, lors de l’analyse de l’association entre l’exposition au bruit extérieur du trafic routier et le sommeil, le sol spécifique de la chambre a été pris en compte. Cette inclusion a permis une analyse plus précise des estimations de bruit. Enfin, les ajustements nécessaires ont été faits pour les facteurs de confusion liés à l’exposition au bruit environnemental et au sommeil chez les préadolescents.
L’une des limites de la présente étude est son caractère transversal. Par conséquent, de futures études longitudinales doivent être menées pour déterminer si l’exposition au bruit environnemental est liée au sommeil au cours des différentes étapes du développement des habitudes de sommeil au cours de l’enfance et de l’adolescence. Une autre limitation est associée à l’actigraphie qui estime les habitudes de sommeil en fonction de la surveillance des mouvements. Les mouvements pendant le sommeil agité pourraient être mal interprétés, biaisant l’estimation.