De nombreuses thérapies anticancéreuses, en plus de produire de nombreux effets secondaires, ne parviennent pas à obtenir une rémission complète de la tumeur, en partie à cause de la présence de cellules souches cancéreuses, difficiles à éradiquer. Ces cellules peuvent s’auto-renouveller et jouer un rôle clé dans les processus de récidive tumorale et de métastases. Il existe donc un intérêt considérable pour le développement de thérapies ciblant ce sous-ensemble de cellules tumorales.
Une collaboration entre des chimistes du Centre de recherche en chimie biologique et matériaux moléculaires (CiQUS), dirigée par le professeur JL Mascareñas, et des biologistes cellulaires du CSIC (Instituto de Investigaciones Biomédicas Sols-Morreale, IIBM CSIC-UAM, Madrid), dirigée par le Dr Bruno Sainz, a conduit à la découverte d’une nouvelle classe de composés qui ciblent les cellules souches cancéreuses et réduisent leur potentiel de génération de tumeurs. Depuis quelques années, le laboratoire du professeur Mascareñas mène des recherches fondamentales sur certaines molécules basées sur des complexes métalliques capables d’interagir de manière très sélective avec l’ADN. Ces découvertes ont permis au groupe du Dr Sainz de mener des études approfondies sur des souris implantées avec des tumeurs de patients, démontrant un puissant effet antitumoral de ces complexes. Les scientifiques ont démontré des effets anticancéreux sur les tumeurs pancréatiques, colorectales et ostéosarcomes, avec une faible toxicité secondaire, et des études sur d’autres types de cancer sont actuellement en cours.
Les cellules souches cancéreuses dépendent de la respiration mitochondriale pour survivre et échapper aux défenses du système immunitaire, ce qui représente un talon d’Achille métabolique. Des études mécanistiques réalisées cette fois-ci suggèrent que le nouveau composé, appelé Ru1, favorise une diminution de l’expression des gènes nécessaires à cette respiration, principale source d’énergie de ces cellules, leur faisant perdre leur potentiel cancéreux. Le groupe du Dr Sainz a également démontré que des thérapies combinées avec d’autres agents antitumoraux sont possibles, entraînant des effets additifs.
Les résultats préliminaires des travaux scientifiques, qui incluent également des contributions du groupe ACUIGEN de l’USC, viennent d’être publiés dans une importante revue de recherche sur le cancer. Toutes ces études ont été rendues possibles grâce au soutien de différentes entités, parmi lesquelles le programme Ignicia (Xunta de Galicia), l’Association espagnole contre le cancer ou le programme CaixaImpulse (Fondation « la Caixa »), et le projet est actuellement en phase stade avancé pour son transfert et sa valorisation préclinique.