Dans un article récent téléchargé sur le medRxiv preprint*, les chercheurs ont testé l’hypothèse selon laquelle une régulation altérée de la cascade du complément pourrait entraîner une longue COVID, et les biomarqueurs de cette dérégulation pourraient prédire la présence et l’issue de la maladie. Ils ont analysé des échantillons de plasma de patients atteints d’un long COVID et de témoins qui ne souffraient pas de cette maladie malgré une infection grave antérieure par le SRAS-CoV-2. Leur analyse a révélé des différences significatives dans les parcours complémentaires des cas et des témoins. Ces résultats suggèrent que le test de seulement quatre biomarqueurs cliniquement traçables est suffisant pour prédire le long COVID avec une précision de 78,5 %.
Étude : La dérégulation du complément est une caractéristique prédictive et thérapeutiquement acceptable du long COVID. Crédit d’image : tilialucida/Shutterstock
*Avis important: medRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, guider la pratique clinique/le comportement lié à la santé, ni être traités comme des informations établies.
Sommaire
Long-COVID et nécessité de diagnostics et de prédictions des maladies
La pandémie de maladie à coronavirus 19 (COVID-19) reste l’une des pires de l’histoire de l’humanité, infectant plus de 771 millions de personnes et faisant près de 7 millions de morts depuis son apparition fin 2019. Malgré de vastes campagnes de vaccination mondiales réduisant considérablement le fardeau de la maladie, un Une grande proportion des 763 millions de survivants ont souffert de symptômes chroniques longtemps après leur « guérison » de la maladie médiée par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2).
Cliniquement appelé « séquelles post-aiguës du SRAS-CoV-2 », le terme générique familier « long-COVID » fait référence à des symptômes persistants de type COVID-19 qui persistent 12 semaines ou plus après la guérison d’infections aiguës au COVID-19. Les symptômes reflètent généralement ceux observés lors de l’infection et comprennent un affaiblissement cognitif (« brouillard cérébral »), des douleurs thoraciques, une fatigue intense, une dérégulation sensorielle (principalement auditive et olfactive) et une dyspnée.
Des études ont montré que la longue COVID a un effet néfaste important sur les routines quotidiennes et la qualité de vie globale des personnes touchées, entraînant des arrêts de travail et des pertes socio-économiques à l’échelle nationale. La recherche a estimé qu’entre 41 et 45 % de tous les patients atteints de COVID-19 souffrent d’une forme de COVID longue, avec des estimations mondiales à plus de 313 millions de patients. Plus de 40 % des patients signalent que les symptômes persistent pendant deux ans ou plus.
Malheureusement, la COVID longue reste mal comprise : le diagnostic de la maladie est basé sur les symptômes signalés par les patients, et aucun test de diagnostic clinique n’a jusqu’à présent été identifié. De nombreuses hypothèses pour expliquer les mécanismes du long COVID ont été proposées, notamment la persistance virale, les défauts de coagulation et la dérégulation endothéliale et immunitaire. Les études visant à vérifier ces hypothèses restent cependant peu concluantes.
Des travaux récents sur des patients souffrant d’une longue COVID ont identifié l’inflammation persistante comme une caractéristique commune aux individus atteints. Une réponse inflammatoire est un point culminant de la dérégulation du système du complément, trouvée dans de nombreuses maladies (y compris le COVID-19 sévère) et cliniquement identifiée par une protéine C-réactive (CRP) élevée et des cytokines proinflammatoires. Ces résultats suggèrent que la dérégulation du système du complément pourrait jouer un rôle dans la pathogenèse du long COVID et, plus important encore, pourrait aider à prédire la maladie chez les patients souffrant actuellement d’une infection aiguë par le SRAS-CoV-2.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont cherché à vérifier l’hypothèse d’une inflammation persistante à médiation longue par le COVID associée à des taux plasmatiques élevés de biomarqueurs du système du complément. Ceci, à son tour, permettrait le développement de tests permettant de prédire le risque de COVID-19 chez les patients présentant des concentrations élevées de CRP et de cytokines clés.
La cohorte de l’étude comprenait des témoins convalescents en bonne santé (n = 79) et des patients atteints de COVID longue (cas ; n = 166), appariés en termes d’âge, d’origine ethnique, de gravité de l’infection, de sexe et de type de vaccination. Tous les participants avaient connu au moins une crise d’infection grave au COVID-19, le statut d’infection étant confirmé par des preuves cliniques moléculaires. Les participants étaient des hommes adultes (> 18 ans) et des femmes non enceintes sans diagnostic/médicament alternatif pour la maladie.
La collecte de données impliquait des échantillons de sang conservés à l’acide éthylènediaminetétraacétique (EDTA) pour l’analyse du plasma. La gravité de la maladie et des symptômes a été déclarée par le patient lui-même sur une échelle de 0 à 10, 0 indiquant l’absence de symptômes (pour les témoins) et 10 indiquant les pires symptômes possibles. L’état de santé général a été évalué cliniquement sur une échelle inverse, 0 indiquant un mauvais état de santé et 10 indiquant un état de santé bon/normal. De plus, des mesures démographiques et anthropométriques ont été acquises auprès de participants qui se sont auto-déclarés (pour des raisons démographiques) ou ont été collectés en tandem avec un prélèvement d’échantillons de sang.
Des tests immunologiques comprenant des tests immuno-enzymatiques (ELISA) ont été utilisés pour identifier et quantifier les protéines du complément, les régulateurs et les produits d’activation. La méthode ELISA a également été utilisée pour détecter les anticorps contre le RBD, une protéine de pointe du SRAS-CoV-2 qui joue un rôle déterminant dans les capacités d’infection du virus. Enfin, des tests hémolytiques employant des érythrocytes de mouton prétraités avec un antisérum anti-érythrocytes de mouton de lapin ont été utilisés pour mesurer l’activité hémolytique de la voie classique.
Résultats de l’étude
Les résultats de cette étude ont vérifié la dérégulation du complément dans les cas de COVID longue par rapport aux témoins. Il est important de noter que les marqueurs de l’activation du complément dans les voies classiques (C1s-C11NH), terminales (MASP1-C11NH) et alternatives (iC3b, Ba) ont été identifiés comme étant significativement régulés positivement chez les patients atteints d’une longue COVID par rapport aux témoins normaux. En revanche, aucune différence n’a été observée dans la voie lectique. Les échantillons de convalescents ont présenté des concentrations élevées d’iC3b et de TCC jusqu’à 21 jours après la fin de l’infection, ce qui suggère le rôle du COVID-19 dans l’activation du complément, mais ces concentrations ont rapidement diminué par la suite.
Les analyses des composants plasmatiques du complément ont révélé des concentrations élevées de C3, C4, C5 et C9, ce qui suggère que le long COVID provoque une inflammation via une régulation positive des réactifs en phase positive. De même, C11NH, FD, properdine, clusterine et FH ont été régulés positivement dans les cas par rapport aux témoins.
Plus particulièrement, neuf des 21 produits complémentaires analysés dans cette étude se sont avérés prédire une longue COVID. C11NH était le composant le plus prédictif, avec une aire sous la courbe (AUC) de 0,746. Les prédictions les plus précises ont été dérivées d’une combinaison de biomarqueurs Ba, C1q, C11NH, C4, C5, properdin, TCC et FD. Cependant, seuls quatre marqueurs d’activation (Ba, iC3b, C5a et TCC) étaient suffisants pour atteindre une AUC de 0,785. Étant donné que ces marqueurs sont facilement testés en milieu clinique, ces résultats mettent en évidence un nouvel outil pour identifier et prédire les patients atteints d’une forme longue de la COVID et qui suivent actuellement un traitement contre la COVID-19.
Conclusions
Dans la présente prépublication, les chercheurs ont vérifié les hypothèses d’une réponse inflammatoire associée au long COVID-19 et résultant d’une dérégulation du système du complément. Ils ont identifié neuf biomarqueurs du système du complément qui pourraient être utilisés pour prédire le long COVID dans les échantillons de plasma de patients actuellement sous traitement contre le COVID-19. Bien que le C11NH ait la plus grande précision de prédiction individuelle, il a également été détecté dans des échantillons de plasma de contrôles de convalescence jusqu’à 21 jours après la sortie et ne peut donc pas être utilisé de manière isolée.
Le point culminant de cette étude est l’identification de quatre biomarqueurs essentiels du complément – Ba, iC3b, C5a et TCC – qui peuvent prédire le futur long COVID avec une précision de 78,5 %. Étant donné que ces marqueurs d’activation peuvent facilement être mesurés dans la plupart des contextes cliniques, cette étude constitue la base de futurs tests de diagnostic capables d’identifier les longs COVID. En outre, cette étude donne un aperçu des mécanismes sous-jacents au long COVID et pourrait constituer la base de futures interventions thérapeutiques pour traiter les patients souffrant déjà de cette maladie.
*Avis important: medRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, guider la pratique clinique/le comportement lié à la santé, ni être traités comme des informations établies.