Une nouvelle étude dans la revue Santé mentale naturelle explore comment l’état d’esprit positif d’une mère pendant la grossesse affecte la structure et la fonction du cerveau fœtal en développement en mesurant ces paramètres à l’âge de 7,5 ans.
Étude: La santé mentale positive de la mère pendant la grossesse a un impact sur l’hippocampe et les réseaux cérébraux fonctionnels chez les enfants. Crédit d’image : Doyen Drobot/Shutterstock.com
Sommaire
Comment l’état émotionnel de la mère affecte-t-il le développement du fœtus ?
Pendant la grossesse, qui est une période de changements physiques, mentaux et sociaux importants, l’anxiété, la dépression et d’autres troubles de santé mentale liés au stress sont fréquemment signalés. Ces problèmes de santé mentale ont été associés à un effet négatif et durable sur le développement cérébral du fœtus.
Par exemple, des recherches antérieures ont montré que ces troubles mentaux peuvent entraîner des modifications du taux de croissance de l’hippocampe fœtal et une plus faible densité de matière grise dans les lobes temporaux préfrontaux et médiaux au cours de la petite enfance. Ces enfants peuvent également présenter une structure et une fonction altérées des réseaux cortico-limbiques régulant les émotions, qui sont importants pour la gestion du stress.
À certains stades, ces changements semblent plus significatifs chez les filles que chez les garçons. Il n’est notamment pas nécessaire que la mère soit cliniquement anxieuse ou déprimée pour que ces altérations se manifestent.
En tant qu’élément clé de la santé mentale, les émotions maternelles positives comme le bonheur peuvent affecter de multiples résultats, notamment le lien mère-enfant, les approches parentales et le développement de l’enfant. En outre, le bonheur maternel pendant la grossesse a également un impact sur la santé à long terme de la mère et de l’enfant ; cependant, on ne sait pas encore clairement dans quelle mesure les émotions maternelles positives affectent le développement prénatal.
À propos de l’étude
L’étude actuelle a utilisé les données de la cohorte Growing Up in Singapore Towards Health Outcomes (GUSTO). Une imagerie par résonance magnétique (IRM) structurelle et fonctionnelle a été réalisée sur des enfants pour explorer l’association entre le bonheur maternel pendant la grossesse et le développement cérébral.
Les chercheurs ont développé leur propre outil pour mesurer la santé mentale positive de la mère pendant la grossesse. Ceci était basé sur un questionnaire sur la santé mentale remis aux femmes enceintes entre 26 et 28 semaines.
Qu’a montré l’étude ?
À l’âge de 7,5 ans, les enfants traversent une phase vitale de développement au cours de laquelle le cerveau évolue vers différents modèles d’activité et les processus cognitifs se développent de nouvelles manières. C’est donc cette période qui a été choisie comme objet d’étude.
Les zones cérébrales impliquées dans la perception et la régulation des émotions comprennent l’hippocampe et l’amygdale, ainsi que divers réseaux fonctionnels tels que les réseaux visuels, le réseau en mode par défaut (DMN) et le réseau fonctionnel. Ces régions du cerveau ont également été directement corrélées à la manière dont la mère prend soin de l’enfant.
Une mesure composite issue de plusieurs échelles de santé mentale a été utilisée pour évaluer les émotions maternelles positives pendant la grossesse. D’autres facteurs contributifs potentiels tels que le statut socio-économique, les niveaux de stress, les relations familiales et amicales et le décès de parents proches au cours des deux années précédant et suivant la grossesse ont également été enregistrés afin de déterminer un facteur d’adversité socio-environnementale. Le stress parental maternel a également été évalué lorsque l’enfant avait six ans.
Il est intéressant de noter que les filles nées de mères ayant déclaré se sentir heureuses pendant la grossesse présentaient des volumes d’hippocampe plus importants, tandis que les garçons et les filles nés de mères heureuses présentaient une connectivité fonctionnelle altérée de plusieurs réseaux.
Lorsqu’elles sont classées en réseaux de tâches négatives et de tâches positives, une connectivité réduite entre les réseaux de tâches négatives a été observée chez les filles nées de mères présentant des émotions positives accrues pendant la grossesse. À l’inverse, une connectivité accrue entre les réseaux à tâches positives était associée à un plus grand bonheur maternel pendant la grossesse.
Étant donné que ces résultats étaient absents lors de l’exploration de la dépression ou de l’anxiété chez la mère pendant la grossesse, les changements observés dans la connectivité fonctionnelle peuvent se produire spécifiquement avec une plus grande émotion positive maternelle pendant la grossesse. Cela peut indiquer que le bonheur maternel se transmet au cerveau de l’enfant en développement par le biais de changements neuronaux.
Quelles sont les implications ?
Les résultats de l’étude suggèrent que se sentir heureux pendant la grossesse réduit non seulement le risque de maladie psychiatrique chez la mère, mais agit également potentiellement comme un facteur de protection pour le développement du cerveau du fœtus.
Des études antérieures ont montré que les mères anxieuses et stressées sont plus susceptibles d’avoir des enfants présentant des modifications de l’hippocampe, ce qui peut affecter le développement du cerveau et entraîner une altération des réponses au stress à l’avenir. En encourageant les mères à éprouver des émotions positives pendant la grossesse, le développement de l’hippocampe chez la progéniture peut être favorisé, avec une meilleure structure et des réseaux fonctionnels pendant la période où les enfants commencent généralement à fréquenter l’école.
Il est important de noter qu’un meilleur développement de l’hippocampe est associé à une plus grande résilience chez l’enfant, servant ainsi de marqueur précoce de vulnérabilité psychologique et d’un plus grand potentiel de problèmes comportementaux et émotionnels en cas de circonstances stressantes. Cependant, la période de développement fœtal au cours de laquelle surviennent les émotions positives de la mère peut en modifier l’impact.
De futures études sont nécessaires pour établir et étendre ces résultats, notamment pour comprendre la base neuronale des interactions prénatales-maternelles au cours du développement psychoneurologique. Ces études pourraient soutenir le développement de stratégies préventives pour aider les mères à se sentir heureuses pendant la grossesse et, à terme, promouvoir la santé mentale de leurs enfants.