Dans le cadre d'une découverte historique, des chercheurs de l'Université d'Antioquia ont identifié un nouveau syndrome génétique qui comble le fossé entre les troubles neurodéveloppementaux et les maladies neurodégénératives. L'étude évaluée par des pairs, publiée dans Psychiatrie Génomique (ISSN : 2997-2388, Genomic Press, New York), détaille une mutation homozygote du gène SPAG9 qui conduit à un phénotype neurologique complexe caractérisé par une déficience intellectuelle, des retards d'élocution et un déclin cognitif progressif.
Cette découverte est importante car elle ouvre une fenêtre unique sur la manière dont une seule altération génétique peut affecter à la fois le développement du cerveau et la santé neurologique à long terme. C'est une opportunité rare d'étudier l'intersection de ces deux domaines critiques des neurosciences.
Dr Natalia Acosta-Baena, auteur principal de l'étude
L'équipe de recherche a suivi une famille colombienne pendant plus d'une décennie, observant trois frères et sœurs touchés par le syndrome. Leur approche globale comprenait l'analyse génétique, la neuroimagerie et l'observation clinique à long terme, fournissant un riche ensemble de données offrant un aperçu de la progression du syndrome au fil du temps.
Les principales conclusions de l’étude comprennent :
1. Identification d'une délétion homozygote dans le gène SPAG9 (c.2742del, p.Tyr914Ter) comme cause du syndrome.
2. Caractérisation clinique détaillée des individus concernés, révélant un spectre de symptômes, notamment une déficience intellectuelle, des cataractes et des signes cérébelleux.
3. Preuve d'un déclin cognitif progressif, suggérant une composante neurodégénérative du syndrome.
4. Résultats de neuroimagerie montrant des anomalies cérébrales hétérogènes, notamment une microcéphalie, une malrotation de l'hippocampe, des modifications de la structure des corps calleux, des dépôts de fer et une atrophie cérébrale et cérébelleuse.
Le Dr Carlos Andrés Villegas-Lanau, auteur principal de l'étude, souligne les implications plus larges de leurs découvertes : « Ce syndrome fournit un modèle unique pour étudier comment les perturbations des mécanismes de transport cellulaire peuvent conduire à des conditions cérébrales à la fois développementales et dégénératives. implications de grande envergure pour notre compréhension des troubles neurologiques plus courants.
Le gène SPAG9, jusqu’alors peu étudié dans le contexte des troubles cérébraux, est connu pour jouer un rôle crucial dans les processus de transport cellulaire. Les chercheurs émettent l’hypothèse que la mutation perturbe le système de transport axonal rétrograde, un mécanisme essentiel au maintien de la santé et du fonctionnement des neurones.
« Nos résultats suggèrent que SPAG9 est essentiel au développement normal du cerveau et à la survie neuronale à long terme », ajoute le Dr Acosta-Baena. « Cela pourrait ouvrir de nouvelles voies pour des interventions thérapeutiques, non seulement pour ce syndrome rare, mais potentiellement pour un plus large éventail de pathologies neurologiques. »
Le suivi à long terme des personnes affectées par l'étude fournit des informations précieuses sur l'histoire naturelle du syndrome, montrant comment les symptômes évoluent de l'enfance à l'âge adulte. Cette perspective longitudinale est rare dans les études génétiques et offre une opportunité unique de comprendre l’impact de la mutation tout au long de la vie.
L'équipe de recherche souligne la nécessité d'études complémentaires pour élucider pleinement les mécanismes par lesquels la mutation SPAG9 conduit à un dysfonctionnement neurologique. Ils explorent actuellement des approches thérapeutiques potentielles basées sur leurs découvertes.