Dans une étude récente publiée dans JAMA Psychiatriedes chercheurs étudient si des signatures reproductibles de biomarqueurs métabolomiques pourraient être obtenues à partir d’échantillons de gouttes de sang séché afin de distinguer les épisodes dépressifs liés au trouble dépressif majeur et au trouble bipolaire.
Étude: Signatures de biomarqueurs métabolomiques pour la dépression bipolaire et unipolaire. Crédit d’image : Khosro/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
L’un des défis majeurs du diagnostic des troubles de santé mentale est le chevauchement et le large éventail de symptômes. Le trouble bipolaire, par exemple, est souvent mal diagnostiqué au départ en raison de symptômes qui se chevauchent avec d’autres troubles de santé mentale tels que le trouble dépressif majeur.
La tendance des patients à demander de l’aide uniquement pendant les épisodes dépressifs, par opposition aux épisodes maniaques, combinée à l’évaluation subjective des symptômes autodéclarés lors des évaluations psychiatriques, rend le diagnostic correct du trouble bipolaire plus difficile.
Les biomarqueurs deviennent une méthode fiable et objective pour diagnostiquer des affections physiques et divers troubles de l’humeur. Des biomarqueurs métabolomiques validés peuvent aider à distinguer des symptômes tels que les épisodes dépressifs, qui se présentent souvent de la même manière en cas de trouble dépressif majeur et de trouble bipolaire.
Cependant, l’identification de biomarqueurs pour diagnostiquer le trouble bipolaire continue d’être difficile en raison des effets confondants des médicaments, des patients présentant des polarités de symptômes très différentes et du manque de cohortes de validation indépendantes.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs abordent les défis et les limites du diagnostic efficace du trouble bipolaire en identifiant et en validant les signatures des biomarqueurs métabolomiques à partir d’échantillons de taches de sang séché. Ces échantillons ont été obtenus auprès de patients adultes âgés de 18 à 45 ans qui présentaient des indications de symptômes dépressifs légers sur le questionnaire de santé du patient rempli lors du recrutement des participants. L’étude a exclu les patientes enceintes, allaitantes ou présentant des tendances suicidaires.
Les participants devaient remplir un questionnaire en ligne comprenant 635 questions adaptatives sur les troubles de l’humeur et le bien-être mental. Le questionnaire comprenait diverses catégories telles que les données démographiques, les antécédents psychiatriques, les symptômes dépressifs, les symptômes maniaques, les traits de personnalité et les symptômes psychiatriques comorbides. Des informations sur les médicaments prescrits ont également été recueillies.
L’entretien diagnostique international mondial sur la santé mentale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été utilisé pour établir des diagnostics de troubles de l’humeur. Des visites de suivi ont été effectuées à six et 12 mois pour toute modification des diagnostics.
Les personnes ayant reçu un diagnostic de trouble dépressif majeur au cours des cinq années précédentes et dont le diagnostic avait été soit retenu comme trouble dépressif majeur, soit modifié en trouble bipolaire après l’entretien diagnostique mené au cours du suivi faisaient partie de la cohorte de découverte.
La cohorte de validation était composée de participants qui présentaient de légers symptômes dépressifs au début de l’étude et qui avaient reçu un diagnostic de trouble dépressif majeur ou de trouble bipolaire par un professionnel au cours du suivi d’un an. Un kit de prélèvement d’échantillons de sang séché a été envoyé par courrier à tous les participants à l’étude pour obtenir des échantillons de sang à jeun.
Une plateforme métabolique basée sur la spectrométrie mas ciblée a été utilisée pour analyser 630 métabolites afin d’identifier les biomarqueurs. L’indice de corrélation de Pearson a été calculé pour corréler les biomarqueurs aux symptômes.
Résultats de l’étude
L’intégration de biomarqueurs métaboliques dans le processus de diagnostic et les symptômes autodéclarés semble améliorer le diagnostic efficace du trouble bipolaire. De plus, cette approche a permis aux chercheurs de distinguer les épisodes dépressifs liés au trouble dépressif majeur et au trouble bipolaire.
Les informations supplémentaires fournies par les biomarqueurs étaient particulièrement utiles dans les cas où les données sur les symptômes psychiatriques étaient insuffisantes ou où le diagnostic se situait à un seuil intermédiaire. Les analyses de corrélation ont révélé des biomarqueurs métaboliques spécifiques qui étaient systématiquement corrélés aux symptômes maniaques. Les sphingolipides comme les céramides se sont également révélés impliqués dans les mécanismes pathologiques des troubles de l’humeur.
Les taux de métabolites ont été évalués à partir d’échantillons de sang séché provenant d’un total de 241 patients, dont 67 ont ensuite reçu un diagnostic de trouble bipolaire lors de l’entretien diagnostique. Le panel de 17 biomarqueurs a montré que les céramides étaient le biomarqueur le plus puissant. De plus, la cohorte de validation a confirmé la corrélation entre les biomarqueurs identifiés et les symptômes maniaques à vie.
Conclusions
Les résultats de l’étude fournissent une preuve de concept pour l’évaluation et l’identification de biomarqueurs afin d’améliorer les diagnostics des troubles de l’humeur. Plus précisément, les niveaux de céramides étaient systématiquement corrélés aux symptômes maniaques, indiquant ainsi que l’utilisation de biomarqueurs, ainsi que les symptômes rapportés par les patients, pourraient améliorer les diagnostics de troubles de santé mentale.