Dans une étude récente publiée dans Cancersles chercheurs ont exploré les facteurs individuels (microsystème), interpersonnels (mésosystème), communautaires (exosystème) et sociétaux (macrosystème) ayant une incidence sur les modèles d’exposition au soleil perçus par les résidents des provinces du Canada atlantique.
Sommaire
Arrière-plan
L’exposition au soleil est un facteur de risque modifiable majeur d’apparition du mélanome cutané (CM) dans le monde, avec des taux variés dans les régions de l’Atlantique du Canada. Le Nouveau-Brunswick (NB) a des taux d’incidence proches de la norme nationale, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.) et la Nouvelle-Écosse (NS) ont des taux qui dépassent la moyenne nationale. En revanche, les taux à Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) sont inférieurs à la moyenne nationale.
Les taux d’exposition au soleil et de développement du CM ont été liés à des facteurs sociodémographiques tels que la latitude géographique, le climat, la végétation, le phototype cutané de Fitzpatrick, la susceptibilité génétique, le niveau socio-économique, la profession et les modèles de comportement. Le cancer de la peau peut être évité en évitant la lumière directe du soleil, les coups de soleil et le bronzage et en utilisant des techniques de protection solaire, notamment des écrans solaires et des vêtements spécifiques. Aucune enquête qualitative approfondie sur les déterminants comportementaux de l’exposition au soleil et la sensibilisation aux tumeurs cutanées malignes parmi les résidents du Canada atlantique n’a été menée.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont étudié les variables contribuant à la fréquence variable du mélanome dans les provinces atlantiques du Canada afin d’améliorer la compréhension des attitudes des participants à l’égard de l’exposition au soleil et d’éclairer les lignes directrices de santé publique liées à la prévention de la CM.
L’étude était un sous-ensemble de l’étude plus vaste SunFit (n = 7 500) et incluait des patients et le grand public. Les concepts fondamentaux de la conception de l’étude comprenaient l’utilisation de techniques inductives ouvertes, l’intégration de divers points de vue et le consensus des éléments concernés. Vingt-deux groupes de discussion réunissant 95 personnes du Canada atlantique ont été organisés et transcrits. Le modèle socio-écologique (SEM) a été utilisé comme cadre pour l’analyse thématique.
Le bulletin éducatif SunFit a été diffusé avec les coordonnées, et 250 personnes ont répondu. Les individus ont également été recrutés par échantillonnage de mots et de boules de neige. L’étude comprenait des personnes âgées de 16 ans ou plus qui résidaient dans l’une ou l’autre des provinces du Canada atlantique (Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve ou Nouveau-Brunswick) et pouvaient parler français ou anglais.
De juillet à août 2022, une assemblée thématique en ligne et 22 assemblées thématiques hors ligne ont eu lieu, qui ont attiré 95 participants. Les participants à l’étude ont décrit leurs habitudes pour éviter l’exposition au soleil. Un étudiant et deux étudiantes en médecine ayant une expérience préalable dans les analyses qualitatives ont observé les participants, pris des notes et servi de modératrices. Le guide thématique a été élaboré sur la base de notes de terrain, de comptes rendus et d’observations des membres de l’équipe.
Les données transcrites ont été recoupées à l’aide de l’audio et les codes ont été organisés en thèmes ou résumés de données indiquant les principaux résultats de l’étude, inspirés de la littérature existante, des concepts abordés par les participants et des réflexions des chercheurs. Les chercheurs ont examiné les comportements rapportés en matière d’exposition aux ultraviolets (UV), de protection solaire et de mélanome en relation avec leur contexte social.
Résultats
Afin de mieux comprendre l’influence de l’exposition au soleil sur les taux d’incidence du mélanome cutané, des groupes de discussion ont été organisés en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Les participants de ces provinces étaient plus conscients de l’exposition au soleil, utilisaient plus fréquemment un écran solaire et des vêtements de protection solaire et respectaient l’indice UV. Cependant, ils ont été davantage exposés aux UV en raison des conditions météorologiques plus élevées, des travaux extérieurs et des activités culturelles ou récréatives.
En revanche, les individus des régions à faible incidence portaient moins fréquemment de la crème solaire et des vêtements de protection solaire, participaient à des professions et à des activités permettant une exposition moindre au soleil et résidaient dans des températures plus froides. Les habitants des provinces de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse utilisaient plus fréquemment un écran solaire, peut-être en raison d’une meilleure connaissance des variables environnementales.
Les individus du Nouveau-Brunswick, au contraire, ont fait preuve de plus de proactivité et de persévérance dans leurs comportements de protection solaire, utilisant fréquemment des méthodes de protection solaire même pour des activités extérieures de courte durée. Ils étaient également un peu plus conscients des indices ultraviolets et de leurs conséquences liées à la protection solaire.
Aux Pays-Bas, les individus ont utilisé une approche basée sur l’activité pour prévenir les dommages causés par le soleil, rejetant souvent les activités moins dangereuses comme nécessitant une protection solaire. Ils portaient des lunettes de soleil, des parapluies et des chapeaux pour se protéger du soleil. Les résidents de la province de Terre-Neuve ne portaient pas de lunettes de soleil ; cependant, les groupes du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard ont reconnu l’exigence de porter des lunettes de soleil pour prévenir les dommages causés par le soleil. Les raisons de l’évitement différaient selon les groupes.
Aux Pays-Bas, l’évitement du soleil intense était motivé par le fait qu’il n’était pas nécessaire d’appliquer un écran solaire, mais au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse/Île-du-Prince-Édouard, éviter la chaleur a été identifié comme un facteur de motivation pour éviter l’exposition au soleil. Le réchauffement planétaire et l’impact des changements climatiques sur la population rurale du Canada atlantique suscitent de vives inquiétudes.
Les participants aux groupes de discussion à forte incidence de CM ont proposé des mesures pour minimiser l’incidence du cancer de la peau aux niveaux individuel, interpersonnel, communautaire et sociétal. Les groupes à forte incidence de CM ont abordé davantage de réformes gouvernementales et politiques, ainsi qu’à stimuler l’exercice en salle, tandis que les groupes à incidence faible et moyenne ont exploré davantage d’options d’accès communautaire et interpersonnel.
Conclusion
Dans l’ensemble, les résultats de l’étude ont montré un « paradoxe de la protection solaire », indiquant que les provinces où l’incidence est plus élevée, comme la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, étaient mieux conscientes des dangers de l’exposition au soleil et utilisaient davantage de protection solaire malgré des niveaux d’exposition solaire plus élevés.
Cette contradiction met l’accent sur la nécessité d’intégrer des habitudes et des normes propres aux communautés dans les programmes de santé publique du Canada atlantique. Les provinces à forte incidence comprennent également d’importantes activités de plein air, telles que l’agriculture et la pêche, une culture des passe-temps de plein air et des températures plus élevées, qui augmentent l’exposition aux UV.