Dans la semaine qui suit une visite à l’hôpital pour surdose, seulement 1 personne sur 18 souffrant de troubles liés à l’usage d’opioïdes commence un traitement connu pour être très efficace pour réduire la maladie et les décès, selon une nouvelle recherche en JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne) https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.231014.
Ces résultats mettent en valeur des occasions manquées critiques d’éviter la mortalité et la morbidité futures liées à l’utilisation d’opioïdes, malgré le lien avec les soins de santé pour de nombreux patients dans les jours qui suivent un événement toxique.
Dr Tara Gomes, chercheuse à l’ICES et à l’hôpital St. Michael’s, qui fait partie d’Unity Health Toronto, avec les coauteurs
Le trouble lié à l’usage d’opioïdes (OUD) est un problème de santé publique majeur, avec une multiplication par près de trois des visites aux services d’urgence liées aux opioïdes entre 2016 et 2021 en Ontario et une augmentation de 32 % des hospitalisations associées au Canada.
Le traitement par agonistes opioïdes (OAT) est très efficace pour réduire la maladie et les décès chez les patients atteints d’OUD.
À l’aide des données de l’ICES, les chercheurs ont examiné les tendances des taux d’initiation du TAO pour 20 702 visites aux urgences et hospitalisations pour toxicité aux opioïdes entre janvier 2013 et mars 2020. L’âge médian des patients était de 35 ans, 65 % étaient des hommes et 90 % vivaient dans les zones urbaines. Sur le total des visites, 29 % provenaient de patients qui s’étaient déjà rendus à l’hôpital pour surdose d’opioïdes, et 24 % avaient reçu un TAO au cours de l’année précédente.
Seulement 4,1 % des consultations à l’hôpital pour surdose d’opioïdes ont conduit à l’instauration d’un TAO dans la semaine suivant la sortie de l’hôpital. Malgré un plaidoyer accru et la publication d’une ligne directrice nationale de 2018 recommandant la buprénorphine-naloxone comme traitement de première intention privilégié pour l’OUD, il n’y a pas eu d’augmentation significative des taux d’initiation du TAO. Des études montrent que le risque de décès est plus élevé dans les jours qui suivent un surdosage et que les patients sont plus susceptibles de poursuivre le TAO s’il est débuté aux urgences, ce qui souligne la nécessité d’instaurer rapidement le traitement.
« Notre recherche montre qu’il existait des disparités substantielles dans les taux d’initiation de l’OAT, avec des obstacles potentiels à la prescription pour les patients plus âgés, ceux ayant reçu un diagnostic de santé mentale et ceux appartenant au quintile de revenu du quartier le plus bas. Bien que les taux d’initiation de l’OAT aient progressivement augmenté depuis 2016, la publication de la ligne directrice nationale de gestion de l’OUD en 2018 n’a pas été associée de manière indépendante aux changements dans cette trajectoire », écrivent les auteurs.
Pour augmenter les taux d’initiation du traitement, ils suggèrent une formation institutionnelle en OAT, la création de protocoles d’initiation à l’OAT, la sensibilisation aux ressources de référence avec les programmes ambulatoires de toxicomanie, et plus encore.
Un article pratique illustre les défis liés au traitement des patients atteints de troubles liés à l’usage de multiples substances dans les hôpitaux, qui souffrent souvent de sevrage et de douleur sous-traités.