Dans une étude récente publiée dans la revue Nutriments, les chercheurs ont étudié l’association entre la consommation de minéraux alimentaires et le risque de déficience cognitive (IC) chez les personnes âgées espagnoles. La classification CI a été réalisée à l’aide du test Montreal Cognitive Assessment (MoCA), une méthodologie très sensible et spécifique mais rarement utilisée. Les résultats de l’étude ont révélé que 54,2 % des 201 participants présentaient une IC (MoCA < 26). L'augmentation de l'apport en fer et en manganèse chez les femmes a réduit le risque d'IC chez les femmes. Cependant, aucune association entre l’apport en minéraux et l’IC n’a pu être établie chez les hommes.
Étude : Association entre l’apport en minéraux et la cognition évaluée par Montreal Cognitive Assessment (MoCA) : une étude transversale. Crédit image : Créé avec l’aide de DALL·E 3
Sommaire
Peut-on utiliser l’alimentation pour lutter contre la neurodégénérescence ?
La médecine moderne a allongé l’espérance de vie humaine, augmentant ainsi les manifestations de maladies chroniques liées à l’âge, notamment les cancers, les troubles cardiovasculaires et les maladies neurodégénératives. La démence, un groupe d’affections neurologiques caractérisées par une perte de mémoire et d’autres troubles graves de la pensée, est l’une des affections les plus courantes chez les personnes âgées. On estime qu’elle touche 50 millions de personnes dans le monde, et 10 millions de patients supplémentaires chaque année.
Le rôle du MCI dans la démence
La pathologie de la démence commence souvent par un déficit cognitif léger (MCI), identifié par une observation subjective d’un expert et des comparaisons objectives avec le niveau de fonctionnement antérieur d’un patient. Bien que le MCI puisse être retardé par des changements de comportement et de mode de vie (régime alimentaire, traitement de l’hypertension, stimulation cognitive), il n’existe aucun « remède » pharmacologiquement approuvé pour cette maladie. Les patients MCI de plus de 65 ans courent un risque 5 fois plus élevé de développer une démence (en particulier la maladie d’Alzheimer). [AD]) par rapport aux adultes sans MCI.
Interventions sur le mode de vie : une lueur d’espoir
Des études rapportent que plus de 50 % des patients atteints de MCI progressent vers la démence dans les cinq ans suivant le développement du MCI, ce qui amène les experts à considérer le MCI comme l’étape critique pour les interventions modifiables sur le mode de vie, qui peuvent retarder ou même inverser le MCI avant l’apparition de la MA. L’activité physique, l’arrêt du tabagisme/de la consommation d’alcool et les interventions diététiques restent les interventions les mieux étudiées.
Avantages neurologiques du régime
Des modèles alimentaires ayant des associations neurologiques bénéfiques ont été identifiés, notamment le régime méditerranéen, l’approche diététique pour arrêter l’hypertension (DASH) et l’intervention diététique Méditerranée-DASH pour le retard neurodégénératif (MIND). La recherche sur le lien entre la neurologie et l’alimentation s’est concentrée sur les résultats cliniques, avec des preuves limitées des influences mécanistes des biomolécules et des composants alimentaires individuels tels que les vitamines, les minéraux et les acides gras.
Il a été suggéré que les minéraux, notamment le fer, le cuivre, le zinc, le magnésium, le manganèse et le sélénium, seraient associés au fonctionnement cognitif, compte tenu de leur rôle dans la réparation de l’ADN et de leurs propriétés antioxydantes. Cependant, cette hypothèse n’a pas été formellement testée dans un cadre scientifique structuré.
Conception et méthodes de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont testé les associations entre l’apport en minéraux alimentaires et les troubles cognitifs. Les participants à l’étude ont été recrutés dans la cohorte « Caractéristiques cognitives et neurophysiologiques des personnes à haut risque de développement de démence : une approche multidimensionnelle » (COGDEM). L’étude transversale comprenait initialement 262 individus espagnols, dont 201 répondaient aux critères d’inclusion. Les critères d’inclusion comprenaient des scores de base au mini-examen de l’état mental (MMSE) ≥ 24 et un score court sur l’échelle de dépression gériatrique (GDS) ≤ 5.
Collecte et évaluation des données
Les données recueillies auprès de la cohorte d’étude comprenaient des données sanitaires et sociodémographiques, des enregistrements de consommation alimentaire sur trois jours (régime alimentaire), des données anthropométriques, des mesures d’activité physique, un génotypage et des évaluations neuropsychologiques.
Des données sanitaires et sociodémographiques ont été collectées via un questionnaire enregistrant la situation d’emploi, le niveau d’éducation et les problèmes de santé chroniques (en particulier la dépression, l’hypertension et le diabète). Les données des registres alimentaires ont été collectées à l’aide du logiciel d’analyse nutritionnelle DIAL. Les nutriments d’intérêt comprenaient l’énergie (kcal/jour), le magnésium (mg/jour), le fer (mg/jour), le cuivre (µg/jour), le sélénium (µg/jour), le manganèse (mg/jour) et le zinc (mg/jour). /jour). Les minéraux ont été standardisés en fonction de l’apport calorifique à l’aide du modèle résiduel de Willett. Les apports alimentaires de référence (ANREF) ont été utilisés pour calculer les apports relatifs en minéraux.
Les données anthropométriques comprenaient le poids, la taille et l’indice de masse corporelle (IMC) collectés conformément aux directives de la Société internationale pour l’avancement de la kinanthropométrie (ISAK). Les données sur l’activité physique ont été collectées à l’aide d’un accéléromètre fixé à la hanche droite sur sept jours.
Un génotypage a été réalisé pour identifier et étudier l’allèle de l’apolipoprotéine E (APOE) chez les participants (c’est-à-dire les polymorphismes rs7412 et rs429358). Sur la base des résultats du génotypage, les individus ont été classés comme porteurs (APOE ε4+) ou non-porteurs (APOE ε4−) de l’allèle ε4. Cet allèle est fortement associé à la MA.
Les tests neuropsychologiques comprenaient le test GDS pour la dépression, le MMSE pour évaluer la mémoire immédiate, l’attention, la capacité de calcul et le langage, ainsi que le Montreal Cognitive Assessment (MoCA).
« Le MoCA est un outil de dépistage cognitif pour aider à la détection des troubles cognitifs légers (MCI) [37]. Ce test a été validé pour la population espagnole. Ce test étudie différentes capacités telles que l’attention, la concentration, la mémoire, le langage et le fonctionnement exécutif.
MoCA est un test en 30 points avec des scores < 26 suggérant un MCI. Aucune évaluation clinique du MCI n'ayant été incluse dans cette étude, MoCA <26 a été retenu comme critère de classification du MCI.
Principales conclusions de l’étude
Sur les 201 participants inclus dans l’étude, 63,2 % étaient des femmes, avec un âge moyen de 59,8 ans. Les évaluations du MoCA ont identifié 54,3 % des participants comme ayant un MCI (34,3 % de femmes et 19,9 % d’hommes). Le statut d’éducation était la seule variable non alimentaire observée pour jouer un rôle dans l’IC : plus le niveau d’éducation était élevé, plus la probabilité de MCI était faible. Les autres résultats anthropométriques, d’exercice et de génotypage n’ont pas mis en évidence d’associations statistiquement significatives avec le risque d’IC.
Les associations alimentaires les plus significatives étaient les apports quotidiens recommandés (ANR) en fer et en manganèse chez les femmes – des apports plus élevés de ces minéraux étaient associés à une prévalence plus faible d’IC. Les contributions du cuivre aux DRI chez les femmes étaient également positivement corrélées aux résultats bénéfiques de l’IC, bien que cette interaction ne soit pas aussi significative que celle du fer et du manganèse.
Résultats spécifiques au genre
Étonnamment, aucune association n’a pu être établie entre les minéraux alimentaires et les résultats positifs de l’IC chez les participants masculins.
Remarques finales et orientations futures
La présente étude examine l’association entre les minéraux alimentaires courants et les troubles cognitifs mesurés par le test MoCA. Les résultats mettent en évidence l’importance d’une consommation élevée de fer et de manganèse, notamment chez les femmes. Ces minéraux, et dans une moindre mesure le cuivre, confèrent un effet protecteur contre la progression du MCI et l’apparition de la MA. Aucune association entre l’apport en minéraux et la cognition n’a pu être trouvée chez les hommes.
« Des études d’intervention et de suivi surveillant l’apport alimentaire et l’état nutritionnel (y compris les paramètres biochimiques) sont nécessaires pour confirmer l’effet protecteur possible de l’apport en fer et en manganèse sur les troubles cognitifs et pour examiner de plus près les différences trouvées dans ces associations entre l’apport en minéraux. et la fonction cognitive selon le sexe.
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