Le temps estimé pour effacer les chirurgies reportées en Ontario en raison de la pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19) est de 84 semaines, avec un objectif de 717 chirurgies par semaine, selon une nouvelle étude de modélisation en CMAJ (Journal de l'Association médicale canadienne).
«L'ampleur de l'arriéré chirurgical du COVID-19 soulève des implications importantes pour la planification de la phase de rétablissement et pour d'éventuelles secondes vagues de la pandémie en Ontario», déclare le Dr Jonathan Irish, chirurgien au Princess Margaret Cancer Center / University Health Network et l'Université de Toronto, Toronto, Ontario, avec des coauteurs.
À la mi-mars, le ministère de la Santé de l'Ontario a ordonné aux hôpitaux de l'Ontario d'annuler les chirurgies électives et d'autres activités non liées à l'urgence pour aider à se préparer à une poussée anticipée chez les patients atteints du COVID-19. Le 26 mai, la directive a été levée, permettant aux hôpitaux de commencer à intensifier les chirurgies électives et urgentes.
En avril 2020, il y avait 38% moins de chirurgies cancéreuses, 42% moins de chirurgies cardiaques, 94% moins de chirurgies pédiatriques et 96% moins de chirurgies diverses pour adultes par rapport à avril précédent. Entre le 15 mars et le 13 juin, il y avait un arriéré de 148 364 chirurgies. Il faudra 84 semaines – plus d'un an et demi – pour terminer ces chirurgies, avec environ 14 semaines pour les chirurgies urgentes (principalement les chirurgies cardiaques, vasculaires et cancéreuses) si les ressources sont spécifiquement concentrées sur ces procédures.
«Ce travail montre l'ampleur sans précédent de l'impact secondaire du COVID-19 sur les soins chirurgicaux en Ontario», écrivent les auteurs.
L'approche de modélisation peut être utilisée dans d'autres provinces et territoires pour aider à la planification du rétablissement.
«Pour gérer efficacement cet impact sur plus de 140000 patients, les systèmes de santé et les chefs de file de la chirurgie ne peuvent pas revenir aux affaires comme d'habitude, mais doivent plutôt utiliser des solutions système innovantes pour fournir aux patients des soins chirurgicaux en temps opportun et se préparer aux futures vagues de COVID-19 », concluent les auteurs.
Selon un commentaire connexe, environ 7600 chirurgies pédiatriques ont été reportées entre la mi-mars et juin, et 4000 chirurgies supplémentaires pour enfants n'ont pas pu être programmées en raison d'un accès réduit pour les consultations chirurgicales.
«Alors que le Canada entre dans une phase de rétablissement en cas de pandémie, il y a un risque que les patients adultes soient favorisés par les efforts visant à atténuer les effets de l'accès perturbé à la chirurgie et à réduire l'arriéré de chirurgie», prévient le Dr Erik Skarsgard, chirurgien au Hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique, Vancouver, C.-B., et membre du groupe des chefs de chirurgie pédiatrique du Canada. « Les enfants ne sont pas de petits adultes et ils ne le méritent pas moins. Les enfants ont des besoins chirurgicaux uniques qui nécessitent une priorisation au sein de nos systèmes de santé. »
La source:
Journal de l'Association médicale canadienne