De nouvelles recherches mettent en évidence la nécessité d’une définition plus spécifique du long COVID, car près d’un patient négatif sur cinq pour le SRAS-CoV-2 a également signalé des symptômes à long terme, soulevant des inquiétudes quant au surdiagnostic.
Étude : La longueur des télomères présente une association inverse avec la migraine chez les Américains âgés de 20 à 50 ans, sans implications au-delà de 50 ans : une étude transversale. Crédit d'image : Lightspring/Shutterstock
Une étude publiée dans la revue Communications naturelles fournit un aperçu des symptômes de la maladie 2019 (COVID-19) post-coronavirus chez les patients des services d'urgence qui ont été testés positifs pour l'infection par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2).
Sommaire
Arrière-plan
La pandémie de COVID-19 a considérablement pesé sur les systèmes de santé et économiques mondiaux, avec plus de 775 millions d’infections signalées dans le monde. Une grande partie des survivants de la COVID-19 présentent toujours des symptômes persistants ou récurrents, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit collectivement comme l’état post-COVID ou de longue durée.
Selon la définition de l’OMS, la COVID longue survient chez les personnes ayant des antécédents d’infection suspectée ou confirmée par le SRAS-CoV-2. Les symptômes du COVID long, qu’un diagnostic alternatif ne peut expliquer, apparaissent généralement trois mois après l’apparition du COVID-19 et durent au moins deux mois.
L’OMS a répertorié plus de 50 symptômes de COVID long, notamment la dyspnée, le malaise post-effort (PEM), l’anosmie et la toux, entre autres. Cependant, bon nombre de ces symptômes pourraient se chevaucher avec d’autres infections virales ou problèmes de santé, ce qui compliquerait le diagnostic. Cela rend difficile la distinction entre les cas de COVID long et d’autres problèmes de santé, ce qui soulève des inquiétudes quant à leur spécificité diagnostique.
Dans cette étude, les scientifiques ont comparé la proportion de patients des services d’urgence qui ont développé des symptômes de longue COVID définis par l’OMS entre les patients SARS-CoV-2-positifs et SARS-CoV-2-négatifs. L'étude a également évalué si la définition actuelle de l'OMS pourrait être trop large, ce qui pourrait conduire à un surdiagnostic dans certains cas.
Conception de l'étude
L’étude a été menée sur des patients inscrits au Réseau canadien de réponse rapide aux services d’urgence COVID-19 (CCEDRRN), une collaboration pancanadienne recueillant des données sur les patients qui ont été testés pour le SRAS-CoV-2 dans 50 services d’urgence de huit provinces.
Un total de 6 723 patients des services d’urgence ont été recrutés pour l’étude, dont 58,5 % étaient positifs au SRAS-CoV-2.
Le principal résultat de l’étude était de déterminer la proportion de patients signalant au moins un symptôme de longue durée de COVID défini par l’OMS à trois mois. Les critères de jugement secondaires comprenaient la proportion de patients présentant des symptômes persistants à 6 et 12 mois.
L’étude a également utilisé des modèles multivariables à effets mixtes pour identifier les principaux facteurs de risque de développement de symptômes de longue durée du COVID, en ajustant diverses covariables telles que l’âge, le sexe, les comorbidités et l’admission à l’hôpital. La proportion de patients qui ont été testés pour le SRAS-CoV-2 et qui répondaient aux critères de l’OMS pour une longue COVID à 6 et 12 mois a été déterminée dans l’étude.
Observations importantes
La proportion de patients positifs au SRAS-CoV-2 ayant signalé au moins un symptôme de longue durée de COVID-19 à trois mois était de 38,9 %, contre 20,7 % des patients négatifs au SRAS-CoV-2. Parmi les patients positifs au SRAS-CoV-2, 45,5 % des femmes ont signalé des symptômes de longue durée de COVID, contre 32,8 % des hommes, ce qui indique une disparité significative entre les sexes.
Les proportions de patients positifs au SRAS-CoV-2 ayant signalé au moins un symptôme de longue durée de COVID à 6 et 12 mois étaient respectivement de 38,2 % et 33,1 %, contre 19,5 % et 17,3 % des patients négatifs au SRAS-CoV-2. Les proportions de patients testés positifs et négatifs présentant au moins un symptôme persistant cohérent avec un long COVID à 12 mois étaient respectivement de 5,8 % et 3,4 % inférieures à la proportion de patients symptomatiques à trois mois.
Le facteur de risque le plus important pour signaler des symptômes de longue COVID à trois mois était un test positif pour le SRAS-CoV-2 lors d’une visite aux urgences (rapport de cotes ajusté, aOR = 4,42, IC à 95 % : 3,60–5,43). Les autres facteurs de risque comprenaient l'admission en soins intensifs (aOR = 1,84, IC à 95 % : 1,34 à 2,51), le sexe féminin (aOR = 1,51, IC à 95 % : 1,33 à 1,73) et la présentation d'une perte du goût ou de l'odorat (aOR = 1,38, 95). % IC : 1,03–1,85) lors de la visite aux urgences.
Une analyse plus approfondie des risques a montré que les patients déclarant « bien se gérer » au départ couraient un risque plus élevé de développer des symptômes de longue COVID que ceux déclarant « en bonne forme physique » (aOR = 1,31, IC à 95 % : 1,14-1,52). Notamment, un risque plus faible de développement de symptômes a été observé chez les patients ayant un niveau d'éducation inférieur (aOR = 0,75, IC à 95 % : 0,58 à 0,97).
Importance de l’étude
L’étude révèle que plus d’un tiers des patients des services d’urgence présentant une infection aiguë par le SRAS-CoV-2 confirmée en laboratoire présentent des symptômes de longue durée de COVID trois mois après leur première visite aux urgences. Les chercheurs soulignent également qu’un patient sur cinq testé négatif pour l’infection par le SRAS-CoV-2 répondait aux critères de l’OMS pour le long COVID, soulevant des inquiétudes quant à la portée large de la définition clinique.
Une découverte clé est que le taux élevé de symptômes de longue durée de COVID observés chez les patients négatifs au SRAS-CoV-2 suggère que la définition actuelle de l’OMS peut conduire à un surdiagnostic. Le chevauchement de symptômes non spécifiques avec d’autres affections présente un défi pour diagnostiquer avec précision le long COVID.
En outre, l’étude révèle qu’environ un patient sur cinq sans antécédents d’infection par le SRAS-CoV-2 présente également des symptômes de COVID long, ce qui complique la distinction des vrais cas de COVID long.
Un taux élevé de symptômes de COVID long observés chez les patients négatifs au SRAS-CoV-2 à trois mois indique que le développement d'un COVID long après une infection suspectée mais non confirmée par le SRAS-CoV-2 n'est pas spécifique et peut survenir dans le SRAS-CoV. -2 patients naïfs.
Selon la définition de l’OMS, la COVID longue est un syndrome non spécifique qui survient chez de nombreux patients qui se présentent aux urgences pour une maladie aiguë nécessitant un test du SRAS-CoV-2. Cependant, les résultats de l’étude actuelle mettent en évidence la nécessité d’une définition plus spécifique de l’OMS, potentiellement utilisée en combinaison avec des tests sérologiques ou de biomarqueurs pour identifier les processus sous-jacents qui contribuent au développement d’un long COVID.
L’étude révèle que les patients positifs au SRAS-CoV-2 présentent plus fréquemment trois symptômes ou plus ou certains symptômes, tels qu’une perte du goût et de l’odorat, une dyspnée et une toux nouvellement persistante, par rapport aux patients négatifs au SRAS-CoV-2.
Les preuves existantes indiquent que la plupart des patients atteints du COVID-19 présentent des symptômes olfactifs (perte du goût et de l’odorat) pendant la phase aiguë de l’infection. Ces symptômes disparaissent généralement dans le mois suivant l’infection. Cependant, la présence persistante de symptômes olfactifs observée dans cette étude indique que la présence de ces symptômes lors d’une infection aiguë peut prédire une longue COVID.
Les scientifiques soulignent la nécessité de futures études pour comprendre de manière plus concluante la physiopathologie des longs COVID et développer des critères de diagnostic plus spécifiques.