Les personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique (IRC) sont très vulnérables aux infections, qui peuvent même entraîner la mort. Ces patients sont très sensibles à l’infection par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2), l’agent causal de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Par conséquent, il est crucial de comprendre à quel point les anticorps vaccinaux sont efficaces pour fournir une activité neutralisante et leur couverture des variants du SRAS-CoV-2. Cela pourrait être important pour éclairer les interventions prophylactiques et thérapeutiques contre la COVID-19.
Pour combler cette lacune dans la recherche, les scientifiques ont étudié des échantillons de plasma de 130 patients sous hémodialyse (HD) et 13 patients sous dialyse péritonéale et ont montré une faible neutralisation et une réponse rapide des anticorps aux vaccins à ARNm chez ces personnes. Cette étude est publiée dans PLoS ONE.
Sommaire
Fond
Les vaccins COVID-19 ont joué un rôle déterminant dans la protection contre l’infection par le SRAS-CoV-2 et, en particulier, contre la maladie COVID-19 grave. Chez les individus sains et à risque, les vaccins à base d’ARNm développés par Pfizer/BioNTech (BNT-162b2) et Moderna (ARNm-1273) ont montré une efficacité et une sécurité élevées. Les exceptions étaient les personnes atteintes d’hémopathies malignes, de maladies auto-immunes et de transplantations d’organes solides, car elles n’ont pas produit de réponse anticorps robuste lorsqu’elles ont été vaccinées avec ces vaccins.
La recherche sur les patients MH a révélé une réponse sérologique retardée et plus faible aux vaccins. Les scientifiques ont également observé un déclin rapide des anticorps anti-SARS-CoV-2. Pris ensemble, ces résultats impliquent une réponse vaccinale diminuée chez les patients atteints d’insuffisance rénale terminale (ESKD). Les choses ont été encore compliquées par l’émergence de la variante SARS-CoV-2 Delta (lignée B.1.617.2) depuis avril 2021.
Principales conclusions
L’étude actuelle a observé que les patients dialysés ne parviennent pas à développer des niveaux suffisants d’anticorps neutralisants contre les variantes émergentes du SRAS-CoV-2, même après avoir reçu deux doses de vaccins à ARNm. L’analyse plasmatique des IgG spécifiques du SRAS-CoV-2 a révélé une réponse globale aux vaccins à ARNm chez environ 94 % des patients dialysés. Cette constatation est conforme à d’autres études qui font état d’une fourchette entre 70 % et 96 %. Chez les patients MH, des réponses anticorps réduites ont été observées après les deux doses de vaccination. Une telle analyse pourrait aider les cliniciens à identifier les non-répondeurs au vaccin et à élaborer des stratégies de traitement appropriées.
Les chercheurs ont observé que 49 % des patients MH avaient des quantités faibles ou négligeables d’anticorps neutralisants et une réduction significative des titres neutralisants contre les variants du SRAS-CoV-2. Ils ont calculé que la fraction de patients non-répondants était significativement plus élevée à 77%, dans le cas de la variante SARS-CoV-2 Delta. Cela suggère qu’une grande proportion de patients immunisés avec deux doses d’un vaccin à ARNm pourraient ne pas développer de réponse anticorps protectrice.
Les données de suivi (jusqu’à 7 mois après la vaccination) ont montré une décroissance rapide des anticorps neutralisants. Cela était vrai à la fois pour le type sauvage et pour la variante Delta. Cela a encore augmenté le pourcentage de non-répondants à 84% et 90%, respectivement. Les scientifiques ont déclaré qu’ils n’avaient pas observé de nouveaux cas d’infection au cours du suivi, mais qu’ils pouvaient être largement motivés par le faible nombre de cas en Suisse au cours de la saison printemps-été et les mesures préventives prises par les individus.
Un écart significatif a été observé dans la fraction d’individus identifiés comme non-répondeurs sur la base des taux d’anticorps et de leur activité neutralisante. Malgré cela, la corrélation entre ces titres était élevée, ce qui implique que cela pourrait être utilisé pour définir des seuils appropriés dans les tests sérologiques utilisés en milieu clinique pour identifier les non-répondeurs. Les scientifiques ont déclaré qu’un test d’avidité SARS-CoV-2 pourrait être utilisé pour identifier les non-répondeurs, comme pour d’autres maladies infectieuses.
Il a été particulièrement observé dans le cas des patients MH que les personnes qui n’ont jamais été exposées à l’infection par le SRAS-CoV-2 présentaient un risque beaucoup plus élevé de faible réponse anticorps après la vaccination. Cela suggère que la vaccination pourrait stimuler les réponses des anticorps neutralisants chez ces patients après l’infection. Le vaccin Moderna était plus réactogène et induisait des titres d’anticorps plus élevés chez tous les individus, par rapport au vaccin Pfizer-BioNTech. Cela pourrait être dû à l’ARNm plus élevé fourni par une dose du premier.
Limites
L’une des principales limites de cette étude est l’absence d’un groupe témoin approprié. Les résultats pourraient être plus robustes en présence d’un groupe témoin apparié sur tous les paramètres (âge, sexe, comorbidités, etc.), sauf l’ESKD. Le nombre de patients parkinsoniens était également assez faible pour une inférence significative, et les patients échantillonnés n’étaient pas équilibrés en ce qui concerne le type de vaccin à ARNm qu’ils avaient reçu.
Conclusion
Les résultats documentés dans la présente étude font écho à la nécessité d’un vaccin de rappel supplémentaire à forte dose d’ARNm chez les patients dialysés. Cela devrait être surveillé avec des tests sérologiques appropriés. Les résultats impliquent également que certains individus peuvent ne pas répondre comme souhaité au coup de pouce supplémentaire. Ces personnes doivent être considérées pour des stratégies de traitement alternatives, telles que l’immunothérapie précoce avec des anticorps monoclonaux.