Dans une étude récente publiée dans Le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre, un groupe de chercheurs a évalué la non-infériorité d’une dose quotidienne de 500 mg de supplémentation en calcium par rapport à une dose de 1 500 mg pour prévenir la prééclampsie et l’accouchement prématuré chez les femmes enceintes en Inde et en Tanzanie.
Sommaire
Arrière-plan
Les troubles hypertensifs, y compris la prééclampsie, affectent 2 à 8 % des grossesses dans le monde et contribuent à une mortalité maternelle et néonatale importante. Ces pathologies, étroitement liées à la prématurité, constituent des cibles essentielles pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies visant à réduire les décès maternels et infantiles d’ici 2030. Depuis 2011, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) plaide en faveur d’une supplémentation en calcium pendant la grossesse, en particulier dans les régions. avec une faible teneur en calcium alimentaire, pour atténuer le risque de prééclampsie.
Il a été démontré qu’une supplémentation en calcium à forte dose (au moins 1 000 mg par jour) diminue considérablement les risques de prééclampsie et d’accouchement prématuré, avec une efficacité encore plus grande dans les populations suivant un régime pauvre en calcium. Malgré ces résultats, la mise en œuvre systématique d’une supplémentation en calcium à haute dose a été limitée en raison de problèmes d’observance et de défis logistiques. En revanche, une supplémentation à faible dose (inférieure à 1 000 mg par jour), impliquant principalement 500 mg par jour, a démontré des bénéfices similaires dans des études de plus petite envergure.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer le dosage optimal, les stratégies d’observance et les résultats maternels et néonatals à long terme des différents niveaux de supplémentation en calcium pendant la grossesse.
À propos de l’étude
Deux essais indépendants de non-infériorité, en double aveugle et en groupes parallèles, ont été menés en Inde et en Tanzanie, comparant une supplémentation en calcium à faible dose et à forte dose chez des femmes enceintes nullipares. Ces essais, conçus avec des interventions, des méthodes et des définitions de résultats similaires, ont été alimentés et analysés de manière indépendante. Les essais visaient à tester l’efficacité d’une dose quotidienne de 500 mg par rapport à une dose de 1 500 mg pour réduire les risques de prééclampsie et d’accouchement prématuré.
En Inde et en Tanzanie, des femmes adultes nullipares enceintes de moins de 20 semaines de gestation ont été inscrites. Les femmes devaient s’engager à rester dans la zone d’essai jusqu’à six semaines après l’accouchement et fournir un consentement éclairé écrit. Les critères d’exclusion comprenaient des antécédents de calculs rénaux, de troubles parathyroïdiens, de thyroïdectomie ou la nécessité de médicaments spécifiques.
Les participants ont été randomisés pour recevoir 500 mg ou 1 500 mg de calcium élémentaire par jour jusqu’à l’accouchement. Le groupe recevant 500 mg a reçu un comprimé de calcium et deux placebos par jour, tandis que le groupe recevant 1 500 mg a reçu trois comprimés de calcium de 500 mg par jour. De plus, en Inde, les participants ont reçu quotidiennement 250 UI de vitamine D3, contrairement à la Tanzanie. Les comprimés ont été fabriqués par Influx Healthcare et distribués sous blister pour une administration quotidienne, l’observance étant contrôlée par le nombre de comprimés.
La randomisation a été effectuée à l’aide d’une liste générée par ordinateur avec randomisation par blocs, stratifiée par clinique. Tous les comprimés, qu’ils soient de calcium ou de placebo, étaient identiques en termes d’apparence, de goût et d’odeur, garantissant ainsi la cécité.
Les données ont été collectées lors de visites mensuelles à la clinique, d’accouchements et d’une visite post-partum à six semaines. L’apport alimentaire de base a été évalué et des échantillons de sang ont été prélevés pour déterminer la concentration d’hémoglobine. Les principaux critères de jugement étaient la prééclampsie et l’accouchement prématuré, avec des critères spécifiques définis pour chacun. Les critères de jugement secondaires comprenaient l’hypertension gestationnelle, la prééclampsie sévère, les décès liés à la grossesse et plusieurs issues néonatales.
Des soins prénatals et post-partum standards ont été fournis dans les deux pays, avec des suppléments spécifiques aux lignes directrices administrés. Les essais ont respecté les normes éthiques, sous la supervision d’un comité de surveillance des données et de la sécurité.
L’analyse statistique a été réalisée indépendamment pour chaque essai, en utilisant les principes de l’intention de traiter. Les modèles log-binomiaux ont estimé les risques relatifs, avec des analyses par protocole pour les critères de jugement principaux et diverses analyses de sensibilité. Les résultats secondaires pour la mère et le nourrisson ont été évalués à l’aide de modèles statistiques appropriés. Les méta-analyses ont fourni des estimations d’effets regroupées et le logiciel Statistical Analysis System (SAS) a été utilisé pour toutes les analyses.
Résultats de l’étude
Dans des essais complets menés en Inde et en Tanzanie, des chercheurs ont étudié l’efficacité d’une supplémentation en calcium à faible dose ou à forte dose pour prévenir la prééclampsie et l’accouchement prématuré chez les femmes enceintes nullipares. L’essai indien, qui s’est déroulé de novembre 2018 à février 2022, a examiné 33 449 femmes et recruté 11 000 participantes. Parallèlement, l’essai tanzanien, de mars 2019 à mars 2022, a examiné 45 186 femmes, recrutant le même nombre de participantes. Les deux essais ont atteint des taux de suivi élevés pour les issues de grossesse et ont démontré une observance notable de la supplémentation en calcium, avec des taux d’observance médians de 97,7 % en Inde et de 92,3 % en Tanzanie.
Les données démographiques des participants au départ étaient similaires dans les deux groupes de chaque essai, comprenant principalement des jeunes femmes ayant une tension artérielle normale et un faible apport alimentaire en calcium. Dans l’essai mené en Inde, l’incidence cumulée de la prééclampsie était légèrement inférieure dans le groupe recevant 500 mg par rapport au groupe recevant 1 500 mg. À l’inverse, en Tanzanie, l’incidence était légèrement plus élevée dans le groupe recevant 500 mg. Malgré ces différences, la dose de 500 mg s’est révélée non inférieure à la dose de 1 500 mg pour le risque de prééclampsie dans les deux essais.
Concernant les naissances prématurées, l’essai indien a montré une incidence plus faible dans le groupe recevant 500 mg, tandis que l’essai tanzanien a signalé une incidence légèrement plus élevée dans le même groupe. Cependant, les résultats obtenus en Inde confirment la non-infériorité de la dose la plus faible, ce qui n’est pas le cas en Tanzanie. Les analyses per protocole, les analyses de sensibilité et les ajustements pour tenir compte des déséquilibres potentiels de la ligne de base ont donné des résultats similaires aux analyses primaires des deux essais. Aucune différence significative n’a été notée dans l’incidence des naissances prématurées spontanées entre les groupes.
En termes de résultats secondaires et de sécurité, aucun des deux essais n’a montré un quelconque avantage de la dose de 1 500 mg par rapport à la dose de 500 mg. Ces résultats étaient cohérents dans diverses analyses, y compris les méta-analyses à effets fixes et aléatoires. Les méta-analyses n’ont révélé aucune différence significative entre les deux groupes de dosage en ce qui concerne les risques de prééclampsie, d’accouchement prématuré ou d’autres critères de jugement secondaires et de sécurité.
Conclusion
Dans l’ensemble, les résultats de ces essais suggèrent qu’une supplémentation en calcium à faible dose de 500 mg par jour n’est pas inférieure à une dose plus élevée de 1 500 mg par jour pour réduire le risque de prééclampsie et peut être efficace pour réduire le risque d’accouchement prématuré, en particulier dans des cas spécifiques. des pays comme l’Inde.