De nouvelles découvertes contredisent un rôle causal direct de la dopamine pendant l'expérience d'un effet de traitement dans l'établissement d'attentes positives de traitement et d'analgésie placebo chez des volontaires sains, selon une étude publiée le 24 septembreème dans la revue en libre accès PLOS Biologie par Ulrike Bingel de l'hôpital universitaire d'Essen, en Allemagne, et ses collègues.
Il a été suggéré que les mécanismes de récompense et d'apprentissage basés sur la dopamine contribuent aux effets placebo. Cependant, le rôle exact de la dopamine, une molécule messagère du cerveau, dans leur génération et leur maintien n'est pas encore clair. Pour combler cette lacune dans les connaissances, Bingel et ses collègues ont examiné le rôle causal de la dopamine dans l'attente d'effets thérapeutiques positifs, ainsi que l'ampleur et la durée de leurs effets sur la douleur. À cette fin, ils ont utilisé un paradigme établi de soulagement de la douleur par placebo en combinaison avec deux médicaments opposés pour modifier les niveaux de dopamine dans le cerveau, à savoir l'antagoniste de la dopamine sulpiride, le précurseur de la dopamine L-dopa et une pilule inactive sans médicament comme contrôle, qui ont été appliqués dans un essai expérimental, en double aveugle, randomisé et contrôlé par placebo impliquant 168 volontaires sains.
Le médicament étudié a réussi à modifier le tonus dopaminergique pendant la procédure de conditionnement. Contrairement à l'hypothèse, le médicament n'a pas modulé la formation d'attentes positives de traitement et l'analgésie placebo a été testée un jour plus tard. L'analgésie placebo n'était plus détectable le huitième jour après le conditionnement. Dans l'ensemble, les données ont fourni des preuves solides contre une influence dopaminergique directe sur la génération et le maintien des effets placebo.
Les résultats suggèrent que, bien que la dopamine ne soit pas nécessaire à l’établissement de l’analgésie placebo, certaines dimensions du traitement de la récompense dépendantes de la dopamine, qui sont davantage liées à l’action active et aux aspects motivationnels, peuvent néanmoins interagir avec l’expérience de la douleur. De plus, les résultats contribuent à une compréhension plus nuancée de la neurobiologie qui sous-tend l’analgésie placebo, ce qui aide à caractériser l’interaction complexe entre la cognition, la neurochimie et le résultat du traitement.
Selon les auteurs, une exploration plus approfondie des mécanismes neurochimiques sous-jacents à l’analgésie par placebo reste primordiale pour exploiter ces effets afin d’obtenir des résultats thérapeutiques optimaux. En particulier, les efforts futurs visant à faire progresser la compréhension des mécanismes dopaminergiques de modulation de la réponse au traitement de la douleur doivent tenir compte de l’implication sans aucun doute complexe de la neurotransmission dopaminergique dans la douleur et sa modulation.
Les auteurs ajoutent : « Notre recherche est motivée par la volonté de cibler les mécanismes sous-jacents des effets placebo pour rendre les traitements médicaux actifs plus efficaces. Les résultats de notre étude contribuent à réorienter la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques pour atteindre cet objectif. »