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L’obésité aggrave non seulement les conséquences de la COVID-19, mais augmente également considérablement la sensibilité à l’infection après une exposition au SRAS-CoV-2, soulignant la nécessité d’intensifier les efforts de prévention parmi les populations à risque.
Étude: L’obésité et l’âge sont des facteurs de risque de transmission de l’infection par le SRAS-CoV-2 chez les personnes exposéesCrédit photo : Studio Romantic / Shutterstock.com
Il a été démontré que l'obésité aggrave la morbidité et la mortalité chez les personnes infectées par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2). Dans une étude récente publiée dans Nexus PNAS, des chercheurs révèlent que l’obésité augmente également le risque de contracter la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) suite à une exposition au SRAS-CoV-2.
L’obésité augmente-t-elle la susceptibilité ?
La pandémie de COVID-19, causée par la propagation du SRAS-CoV-2, a causé des millions de décès et des centaines de millions d’hospitalisations dans le monde.
Tout au long de la pandémie, les autorités de santé publique ont recommandé le port d’équipements de protection individuelle, de mesures d’hygiène et de distanciation sociale pour limiter la transmission du SRAS-CoV-2. Malgré la large distribution des vaccins contre la COVID-19, la mutation continue du SRAS-CoV-2, l’incapacité à parvenir à une vaccination universelle et la variabilité des effets protecteurs des vaccins disponibles ont limité leur efficacité.
Au début de la pandémie, environ 5 % des patients hospitalisés pour COVID-19 à New York étaient obèses. Depuis, plusieurs études ont signalé un risque accru de maladie grave et de mortalité due à la COVID-19 chez les patients obèses. Malgré ces observations, on ne sait toujours pas comment l’obésité peut influer sur le risque d’être testé positif à la COVID-19 après avoir été exposé à une personne infectée.
À propos de l'étude
Les données ont été obtenues à partir des dossiers médicaux électroniques (DME) du Massachusetts General Brigham (MGB) pour l'étude cas-témoins actuelle. Au total, 72 613 personnes ayant des antécédents d'exposition au SRAS-CoV-2 ou ayant reçu un diagnostic de COVID-19 ont été incluses dans l'étude, dont environ 97 % étaient des adultes, 72 % étaient blancs et 59 % étaient des femmes.
L'objectif de l'étude actuelle était d'examiner la susceptibilité, définie comme le risque d'être testé positif à la COVID-19 après une exposition suspectée. La période d'étude s'est déroulée du 1er mars 2020 au 25 janvier 2021, ce qui a permis de garantir que l'immunité vaccinale n'a pas influencé les résultats, car moins de 1 % de la population du Massachusetts a été vaccinée pendant cette période.
L'obésité augmente la susceptibilité
Sur les 72 613 expositions suspectées, 18 477 personnes ont ensuite été testées positives à la COVID-19, ce qui représente 25 % de la cohorte étudiée. La proportion ne variait pas selon les groupes d'âge ni selon le sexe.
Les personnes obèses représentaient 33,7 % de la cohorte étudiée, ce qui correspond également aux statistiques nationales et étatiques sur l'obésité de 42,4 % et 23 %, respectivement. La prévalence de l'obésité dans toutes les tranches d'âge était comparable, les adultes d'âge moyen entre 40 et 64 ans étant les plus fréquemment touchés par l'obésité avec une prévalence de 39 %.
Il a été constaté que l’obésité augmentait le risque d’être testé positif à la COVID-19 de 34 % par rapport aux personnes non obèses, ce qui indique que l’obésité confère un risque plus élevé de transmission dans cette population. Le risque accru d’infection productive par le SRAS-CoV-2 après exposition était constant dans tous les groupes d’âge et tous les sexes.
L’hypertension et le diabète de type 2 (DT2) sont des comorbidités généralement associées à l’obésité. Étant donné que le DT2 augmente la gravité et la fréquence des infections comme la COVID-19, les chercheurs souhaitaient déterminer si ces facteurs cliniques pouvaient contribuer au risque accru de positivité au SRAS-CoV-2 dans cette population de patients.
En comparant les individus avec et sans diabète sucré, l’obésité n’a pas augmenté le risque de positivité au SARS-CoV-2 chez les diabétiques. Un risque accru de contracter le SARS-CoV-2 après exposition a été observé chez les adultes obèses avec et sans antécédents d’hypertension.
Conclusions
Il est important d’identifier et de limiter les facteurs de risque d’infection par le SARS-CoV-2 afin d’éviter sa transmission et son évolution rapides. Bien que les facteurs de risque externes tels que la proximité, une mauvaise ventilation et la production d’aérosols puissent être facilement reconnus et modifiés, il n’en va pas de même pour les facteurs de risque internes comme l’obésité.
L’obésité n’est pas seulement un facteur de risque d’aggravation de la maladie, elle augmente également le risque d’infection en cas d’exposition. Il sera essentiel d’identifier ces populations à un stade précoce pour freiner la propagation de cette maladie infectieuse..”
Parmi les personnes obèses, les personnes âgées, les personnes hypertendues et les diabétiques ne présentent pas de risque accru de positivité au SARS-CoV-2. Cette absence d’effet peut être attribuée au risque accru d’infection associé à la comorbidité elle-même, masquant ainsi l’effet de l’obésité. Par exemple, le risque d’être testé positif à la COVID-19 est 44 % plus élevé chez les personnes obèses et diabétiques.
Le mécanisme de risque accru pourrait être dû à l’inflammation, à la capacité du tissu adipeux à retenir le SARS-CoV-2 et au métabolisme dysrégulé de l’obésité qui favorise l’infection. La prévalence croissante de l’obésité souligne l’importance de mesures préventives actives contre la transmission virale.