Dans une étude récente publiée dans Scientific Reports, les chercheurs ont évalué l’efficacité du thé et de ses catéchines pour inactiver la sous-variante Omicron du coronavirus 2 (SARS-CoV-2) du syndrome respiratoire aigu sévère.
Étude: Effets du thé, des catéchines et des dérivés de catéchines sur les sous-variantes Omicron du SRAS-CoV-2. Crédit d’image : grafvision/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Les sous-variantes du SRAS-CoV-2 Omicron sont hautement contagieuses en raison de multiples mutations de glycoprotéines Spike (S).
Des recherches antérieures menées par les auteurs ont révélé que les catéchines du thé, en particulier le (-)-épigallocatéchine gallate (EGCG) et son dérivé théaflavine-3,3′-di-O-digallate (TFDG), ont efficacement désactivé le SRAS-CoV-2 en interagissant avec le domaine de liaison au récepteur (RBD) de la glycoprotéine S.
Détails de l’étude
Dans cette étude, les chercheurs visaient à déterminer si le thé et ses catéchines pouvaient neutraliser les sous-variantes d’Omicron. Ils ont également étudié si la salive d’individus ayant consommé des bonbons contenant du thé noir ou vert pouvait désactiver la sous-variante Omicron BA.1 in vitro.
Pour évaluer l’impact du thé sur les sous-variantes d’Omicron, ils ont exposé les suspensions d’Omicron à du thé noir ou vert fraîchement infusé, préparé en mélangeant du thé Matcha vert en poudre ou en immergeant des feuilles de thé dans de l’eau chauffée à une concentration de 90 %.
Le pouvoir infectieux des sous-variantes d’Omicron a été évalué en les traitant avec diverses catéchines du thé pendant 10 secondes, suivi d’expériences à dose infectieuse de 50 % sur culture tissulaire (TCID50).
Les chercheurs ont également examiné l’influence de différentes quantités d’EGCG et de TFDG sur les sous-variantes d’Omicron et ont fourni des théaflavines (TF, TF3’G, TF3G et TFDG) en quantités similaires à celles trouvées dans le thé noir. De plus, ils ont étudié l’impact de différentes concentrations de TFDG sur l’inactivation du sous-variant Omicron.
Pour évaluer les effets antiviraux de l’EGCG sur les cellules ou sur le virus, les cellules ont été prétraitées avec l’EGCG avant l’infection par Omicron BA.1 traité avec de l’eau distillée (DW). Des expériences de neutralisation ont été menées pour déterminer si l’EGCG, le GCG et le TFDG empêchaient l’interaction avec le BA.1 RBD et l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2).
Des simulations d’amarrage moléculaire ont également été réalisées pour explorer comment EGCG et TFDG ont inhibé la connexion physique entre Omicron S RBD et ACE2. Enfin, les chercheurs ont étudié si la consommation de bonbons contenant du thé vert ou noir pouvait générer de la salive capable d’inactiver le SRAS-CoV-2.
Résultats
Le thé vert, le matcha et le thé noir ont efficacement inactivé les sous-variantes d’Omicron. EGCG et TFDG ont réduit de manière significative le pouvoir infectieux des sous-variantes Omicron BA.1 et XE, mais ont eu un impact moindre sur la sous-variante BA.2.75. EGCG et TFDG ont également réduit l’interaction entre BA.1 RBD et ACE2.
Les mutations RBD N460K, G446S et F490S ont affecté la liaison EGCG/TFDG aux RBD. Le traitement avec n’importe quel échantillon de thé a réduit le titre de BA.1 à moins de 1/100 de celui du virus témoin traité par DW, avec des résultats similaires pour d’autres sous-variantes.
Le thé vert a notamment réduit le pouvoir infectieux des variantes BA.1, BA.5 et BQ.1.1, mais a eu moins d’effet sur BA.2.75. GCG et EGCG ont réduit les titres des sous-variantes BA.1 et XE à moins de 1 pour cent et des sous-variantes BA.2.75 à 1/10, les extraits d’EGCG montrant des effets antiviraux similaires à ceux du thé vert.
L’EGCG a efficacement inactivé presque toutes les sous-variantes BA.1 et BA.5, mais a eu un succès limité contre les souches des sous-variantes BA.2, BA.2.75, sous-variante XBB.1 et sous-variante BQ.1.1. GCG a réduit les titres des sous-variantes BA.1, XE et XBB.1 à moins de 1 %, mais était moins efficace contre les sous-variantes BA.5, BA.2.75 et BQ.1.1.
TFDG a réduit de manière significative les titres des sous-variantes BA.1, XE, BA.5, XBB.1 et BQ.1.1, mais a eu des effets moins statistiquement significatifs sur les sous-variantes BA.2 et BA.2.75. TF3G a réduit le pouvoir infectieux de BA.1 à moins de 1 pour cent sans effets similaires sur les autres sous-variantes d’Omicron. Les formes non galloyées de TF et TF3’G n’ont pas réduit les titres viraux à moins de 1 pour cent.
Le TFDG, à des concentrations de 50 M ou 100 M, a réduit le pouvoir infectieux de la plupart des sous-variants d’Omicron à 1 pour cent ou moins, à l’exception du BA.2.75, qui est resté infectieux à 100 M. L’EGCG a inactivé le virus mais n’a pas présenté d’action antivirale dans les cellules. . L’EGCG a réduit l’interaction RBD-ACE2 en se liant au RBD plutôt qu’à l’ACE2.
L’étude suggère que la mutation N460K est liée à l’inactivation virale de l’EGCG et que la substitution G446S était présente dans BA.1, BA.2.75 et Omicron XBB.1 mais pas dans BA.1. L’interaction de TFDG avec Y449, Y453, F486, Q493R, Q498R et N501Y dans BA.2 et BA.2.75 a intercepté les liaisons hydrogène avec les H34, E35, D38, Y41, Q42, L79, M82, Y83 et K357 de l’ACE2.
La même interaction avec les Y449, Q493R et Q498R de BA.2.75 a perturbé les liaisons hydrogène avec les H34, E35, D38, Y41 et Q42 de l’ACE2. La salive d’individus ayant consommé des bonbons contenant du thé vert ou noir a considérablement réduit l’infectiosité BA.1 in vitro.
Conclusion
Cette étude a démontré que le thé vert, le matcha et le thé noir inactivent efficacement les sous-variantes d’Omicron.
Les modifications spécifiques des acides aminés dans les RBD jouent un rôle important dans la liaison de l’EGCG/TFDG aux RBD et dans la sensibilité de chaque sous-variante d’Omicron à l’EGCG/TFDG.
Ces résultats donnent un aperçu de l’utilisation potentielle de ces composés pour lutter contre les virus mutants qui pourraient apparaître à l’avenir et conduire à des pandémies.