Même si la pasteurisation standard peut réduire la présence du virus H5N1 dans le lait, cette étude montre que certaines souches virales restent résilientes, ce qui nécessite des tests supplémentaires pour garantir la sécurité des approvisionnements commerciaux en lait.
Lettre de recherche : Résilience du virus de la grippe A(H5N1) dans le lait après inactivation thermique. Crédit d'image : Studio de Lik/Shutterstock
Dans une étude récente publiée dans la revue Maladies infectieuses émergentesles chercheurs ont évalué la résilience du virus hautement pathogène de la grippe aviaire A (H5N1) dans le lait à des températures proches de celles de la pasteurisation et ont évalué l'efficacité de l'inactivation thermique.
Sommaire
Arrière-plan
La détection du virus H5N1 chez les vaches laitières des États-Unis a soulevé d'importantes préoccupations en matière de santé publique. La pasteurisation, une méthode largement utilisée pour garantir la sécurité du lait, consiste à chauffer le lait pour éliminer les bactéries nocives. Aux États-Unis, la pasteurisation de longue durée à basse température (LTLT) et la pasteurisation de courte durée à haute température (HTST) sont des procédés courants. Cependant, des études récentes ont montré des résultats contradictoires concernant l'efficacité des conditions de type pasteurisation, indiquant que le lait non pasteurisé provenant de vaches infectées par le virus H5N1 peut contenir suffisamment de virus pour infecter les animaux sensibles. Ces résultats mettent en évidence le risque potentiel pour la santé humaine et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour bien comprendre la résilience du virus et améliorer les mesures de sécurité.
À propos de l'étude
Les chercheurs ont évalué les effets de différentes températures sur la viabilité du virus de la grippe dans le lait. Il est important de noter que les conditions des éprouvettes utilisées dans l’expérience ne reproduisent pas avec précision les processus de pasteurisation réels dans l’industrie laitière, ce qui constitue une limite majeure de l’étude. Quatre souches du virus de la grippe ont été utilisées dans l'étude : une souche adaptée en laboratoire (PR8) et trois souches H5N1. Du lait entier pasteurisé disponible dans le commerce (3,25 % de matières grasses) a été enrichi de souches virales à une concentration de 108 Dose infectieuse de culture tissulaire de 50 %/mL de lait ou milieu de contrôle Optimized Minimum Essential Medium (Opti-MEM). Les échantillons ont été soumis à trois traitements thermiques distincts : 63°C pendant 30 minutes, 72°C pendant 20 secondes et 91°C pendant 20 secondes.
Différents volumes d'échantillons enrichis (200 μL, 20 μL et 2 μL) ont été utilisés pour évaluer l'influence du volume sur l'efficacité des traitements thermiques. De plus, la souche PR8 a été testée dans du lait pasteurisé et non pasteurisé pour examiner l'impact du préchauffage du lait à 37°C pendant 1 minute avant l'exposition aux conditions HTST. Après les traitements thermiques, les échantillons ont été ajustés à un volume final de 200 µL et titrés pour déterminer la viabilité virale.
Résultats de l'étude
Les chercheurs n’ont trouvé aucune différence significative dans les titres viraux entre les virus de la grippe dilués dans des milieux témoins et ceux dilués dans le lait. Les trois virus testés – PR8, VN/04 ΔH5N1 et ty/IN/22 – se sont comportés de manière similaire. Cependant, il est essentiel de souligner que ces résultats sont basés sur des paramètres de laboratoire contrôlés, qui ne reflètent peut-être pas pleinement les complexités de la transformation laitière réelle. Le traitement thermique à 63°C pendant 30 minutes a effectivement diminué la viabilité virale en dessous de la limite de détection. À 72°C pendant 20 secondes, la réduction du titre était inversement proportionnelle au volume de l'échantillon, avec une diminution non significative dans les échantillons de 200 μL, mais une réduction significative dans les échantillons de 20 μL et 2 μL. Une tendance similaire a été observée avec un traitement à 91°C pendant 20 secondes, où des volumes d’échantillons plus petits ont montré une plus grande inactivation virale. Le préchauffage des échantillons à 37°C pendant 1 minute avant d’appliquer les conditions HTST a accéléré l’inactivation virale, en particulier dans les petits volumes.
L’étude a en outre exploré l’impact des différents types de lait et des températures de stockage sur la stabilité du virus. Le colostrum pasteurisé et non pasteurisé et le lait mature ont été enrichis de virus et conservés à différentes températures pendant quatre jours maximum. Les virus sont restés infectieux pendant plus de quatre jours dans le lait non pasteurisé à des températures inférieures à 63°C, où l'inactivation virale s'est produite dans les 24 heures. Le lait de colostrum non pasteurisé a montré une inactivation virale accrue, probablement en raison de la présence d'immunoglobulines, qui assurent une défense naturelle.
Néanmoins, une limitation critique est que l’introduction de virus dans le lait ne reproduit pas entièrement la dynamique d’un scénario d’infection naturelle. Les virus enveloppés, comme celui de la grippe, sont généralement moins stables que les virus non enveloppés, qui ont été étudiés de manière plus approfondie dans des contextes similaires. Cette limitation souligne la nécessité d’approfondir les recherches sur le comportement de l’inactivation virale dans le lait dans des conditions réelles.
Malgré ces résultats, il est important de reconnaître que la présence d’acide ribonucléique (ARN) viral dans des échantillons de lait sans virus viables peut être due à la sensibilité des méthodes de détection modernes plutôt qu’à un risque réel. Des études antérieures portant sur les conditions de température de type HTST ont produit des résultats mitigés. Par exemple, une étude a révélé que l’inactivation virale complète ne se produisait qu’à 105°C, tandis qu’une autre étude démontrait une inactivation totale dans des conditions HTST. Ces résultats contradictoires mettent en valeur la complexité de la résilience virale dans des conditions thermiques variables. La présente étude ajoute des informations précieuses, mais doit être interprétée dans le contexte de ces résultats antérieurs, soulignant l'importance de recherches plus approfondies dans ce domaine.
Les preuves indiquent que la pasteurisation HTST peut inactiver efficacement le virus de la grippe, réduisant ainsi le risque dans les approvisionnements en lait. Cependant, en raison des limites expérimentales évoquées précédemment, la prudence est toujours de mise et l'exclusion définitive de la présence d'un virus vivant peut nécessiter plusieurs passages aveugles dans les œufs, comme c'est la norme dans les études de surveillance. Les résultats de l'étude, en particulier avec la souche PR8, pourraient servir de référence précieuse pour évaluer les procédés de pasteurisation commerciaux. Néanmoins, l’étude souligne que des tests supplémentaires en conditions réelles sont essentiels pour garantir la robustesse de ces processus dans les conditions industrielles. Comprendre les facteurs qui influencent la survie du virus dans le lait aidera à orienter les interventions visant à améliorer la sécurité du lait et à répondre aux préoccupations concernant les menaces virales émergentes.
Conclusions
En résumé, l'étude démontre que la pasteurisation à des températures standards, telles que 63°C pendant 30 minutes et 72°C pendant 20 secondes, peut réduire la viabilité du H5N1 dans le lait, en particulier dans les petits volumes. Cependant, les limites de l'étude concernant les conditions expérimentales et les données antérieures contradictoires doivent être prises en compte. L'inactivation virale était plus prononcée dans des volumes d'échantillons plus petits et renforcée par le préchauffage. De plus, la résilience du virus dans le lait non pasteurisé souligne l’importance de processus de traitement thermique vigilants dans les pratiques laitières commerciales.