Dans le cadre de la première étude du genre, une recherche menée par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) met en lumière les complexités éthiques et les obstacles systémiques auxquels sont confrontés les scientifiques menant des recherches sur le cannabis financées par l'industrie du cannabis à but lucratif.
Récemment publié dans la revue Sciences sociales et médecinel'étude qualitative intitulée Points de vue d'un chercheur canadien sur le cannabis sur la conduite et le parrainage de la recherche scientifique par l'industrie du cannabis à but lucratif révèle que même si les chercheurs sont motivés par un engagement envers la santé publique et une recherche de haute qualité, des obstacles systémiques les obligent souvent à s'appuyer sur des partenariats industriels. Les chercheurs adoptent des stratégies personnelles, telles que donner la priorité à la transparence, aligner les valeurs et maintenir l'indépendance, pour naviguer dans ces relations. Cependant, l’étude souligne que ces défis reflètent des problèmes structurels qui nécessitent des solutions systémiques plutôt qu’individuelles.
« Les chercheurs sur le cannabis sont profondément déterminés à mener des travaux significatifs qui font progresser les connaissances et améliorent la vie », a déclaré le Dr Daniel Buchman, scientifique de CAMH. « Cependant, nous avons constaté que les chercheurs sur le cannabis perçoivent que les barrières structurelles et le contexte réglementaire les placent dans une position difficile où ils s'inquiètent de l'intégrité scientifique, des préjugés de l'agenda et des conflits d'intérêts. »
L'étude comprenait 38 entretiens semi-structurés avec un groupe diversifié de chercheurs universitaires, de pairs chercheurs et de cliniciens dans toutes les provinces canadiennes. Les participants ont été recrutés via des réseaux professionnels, des invitations par courrier électronique et un échantillonnage boule de neige, garantissant un large éventail de perspectives en fonction de l'âge, du sexe, de la géographie et des identités raciales et ethniques. L'analyse thématique des entretiens a permis de mieux comprendre les défis éthiques et pratiques posés par le parrainage de l'industrie dans la recherche sur le cannabis.
Les principales recommandations de l'étude comprennent l'augmentation du financement public de la recherche sur le cannabis afin de réduire le recours au parrainage de l'industrie, l'amélioration de la transparence sur les relations avec l'industrie et la garantie que les programmes de recherche ne sont pas indûment influencés par les intérêts de l'industrie. L'étude suggère également de mettre en œuvre des politiques institutionnelles qui favorisent l'indépendance et l'intégrité dans la recherche, telles que des lignes directrices claires pour gérer les conflits d'intérêts et favoriser des collaborations qui s'alignent sur les objectifs de santé publique. Ces mesures visent à sauvegarder l’intégrité de la recherche sur le cannabis et à garantir qu’elle profite à la santé publique.
Ce travail s'appuie sur des recherches antérieures menées par l'équipe de Buchman sur les partenariats industriels dans les études sur le cannabis. Un article de 2023, Les entreprises de cannabis et le parrainage de la recherche scientifique : une étude de cas transversale canadiennea révélé que les sociétés de cannabis à but lucratif parrainent, financièrement et non financièrement, la recherche sur le cannabis depuis la légalisation du cannabis récréatif au Canada en 2018. L'étude a mis en évidence des inquiétudes concernant « l'effet de financement », où le parrainage de l'industrie pourrait conduire à des distorsions biaisées. résultats favorables au sponsor. Cela a souligné la nécessité d'une meilleure compréhension de l'environnement réglementaire du Canada, qui nécessite souvent une collaboration entre les chercheurs et l'industrie pour certaines études sur le cannabis.
La Dre Klara Vichnevetski, directrice du Bureau de transfert de technologie et de partenariats industriels de CAMH, qui n'a pas participé à cette étude, a ajouté : « À mesure que le paysage de la recherche sur le cannabis évolue, cette étude souligne l'importance de favoriser des collaborations industrielles transparentes et éthiques. biaisés dans la recherche parrainée par l'industrie, nous pouvons construire des partenariats responsables qui soutiennent une recherche percutante et de haute qualité tout en préservant l'intégrité académique et la confiance du public.
CAMH est un chef de file canadien en recherche sur le cannabis, ayant mené 60 études sur le cannabis au cours des dernières années dans divers domaines, notamment son impact sur les conducteurs avec facultés affaiblies, l'association entre le cannabis et la psychose, et plus encore.
CAMH maintient les normes éthiques les plus élevées en matière d’achat de cannabis à des fins de recherche par le biais d’un processus indépendant et bien réglementé. Nos chercheurs obtiennent souvent des produits à base de cannabis directement auprès de l'Ontario Cannabis Store (OCS), un organisme légalement autorisé qui garantit que tous les produits répondent aux exigences fédérales en matière de bonnes pratiques de production (BPP). En achetant via l'OCS, qui sert d'intermédiaire entre l'industrie du cannabis et les utilisateurs finaux, CAMH maintient son indépendance vis-à-vis des acteurs de l'industrie. Cette approche d'approvisionnement structurée contribue à préserver l'intégrité de la recherche en éliminant les conflits d'intérêts potentiels et en garantissant que tous les produits à base de cannabis utilisés dans la recherche répondent à des normes de qualité rigoureuses.
Cette recherche souligne la nécessité opportune de réformes systémiques pour garantir les normes éthiques et la confiance du public dans le domaine en croissance rapide de la recherche sur le cannabis.
Comme le résume la Dre Sophie Soklaridis, directrice scientifique et titulaire de la chaire de recherche sur l'éducation en santé mentale axée sur le rétablissement et l'équité à CAMH, et co-auteure de l'article : « Plus d'un tiers des adultes canadiens consomment du cannabis, bien que la stigmatisation représente probablement le nombre réel. est plus élevé. Notre recherche est claire : une recherche financée par le gouvernement et des réglementations plus claires amélioreraient notre compréhension de la consommation de cannabis grâce à des études indépendantes et robustes pour mieux informer les consommateurs de cannabis dans notre pays et dans le monde.