Une étude récente publiée dans Rapports scientifiques a démontré l’efficacité antivirale du chlorure de cétylpyridinium contre l’infection par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2). Le chlorure de cétylpyridinium est un composé d’ammonium couramment présent dans les bains de bouche.
Sommaire
Arrière plan
Le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2), l’agent pathogène responsable de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), est un virus à ARN monocaténaire enveloppé, à sens positif, appartenant à la famille des bétacoronavirus humains. Le virus et ses variantes les plus agressives ont causé des dommages sans précédent au système de santé mondial, avec plus de 590 millions d’infections confirmées et plus de 6,4 millions de décès.
Le principal site d’entrée du SRAS-CoV-2 dans le corps humain est l’épithélium respiratoire, qui exprime des niveaux élevés de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) du récepteur d’entrée. Les preuves indiquent que le virus peut se répliquer dans la cavité buccale et se libérer dans la salive. La littérature a également établi une association entre le contenu salivaire du SRAS-CoV-2 et l’aggravation du COVID-19.
Compte tenu de l’importance de l’hygiène buccale dans le contexte de l’infection par le SRAS-CoV-2, les scientifiques de la présente étude ont étudié l’effet antiviral ainsi que le mode d’action du chlorure de cétylpyridinium contre l’infection par le SRAS-CoV-2.
Le chlorure de cétylpyridinium est un composé antimicrobien largement utilisé dans les bains de bouche pour prévenir les infections bactériennes, fongiques ou virales dans la cavité buccale. Le composé est connu pour exercer des effets antimicrobiens en perturbant la membrane lipidique via des interactions physicochimiques. Quelques études ont indiqué que le chlorure de cétylpyridinium est efficace contre le SRAS-CoV-2 de type sauvage à de faibles concentrations (10 à 50 µg/ml).
Impact du chlorure de cétylpyridinium sur l’infectiosité du SRAS-CoV-2
L’étude a examiné l’effet antiviral du chlorure de cétylpyridinium sur une gamme de souches de SRAS-CoV-2, y compris le SRAS-CoV-2 de type sauvage et les variantes alpha, bêta et gamma. L’essai sur plaque a été effectué pour examiner l’infectivité virale en présence et en l’absence du composé.
Les résultats ont révélé que le chlorure de cétylpyridinium à de faibles concentrations (5 à 40 µg/ml) supprime de manière significative l’infectiosité de toutes les souches de SRAS-CoV-2 testées de manière dose-dépendante. Les concentrations testées étaient inférieures à celles utilisées dans les bains de bouche disponibles dans le commerce (50 µg/ml).
Impact du chlorure de cétylpyridinium sur l’entrée virale
L’effet du chlorure de cétylpyridinium sur l’entrée virale a été évalué en infectant des cellules exprimant l’ACE2 avec le SRAS-CoV-2 de type sauvage traité au chlorure de cétylpyridinium.
Les résultats ont révélé que le chlorure de cétylpyridinium réduit considérablement l’expression et le nombre de copies de l’ARN viral de manière dose-dépendante. Ces résultats indiquent que le chlorure de cétylpyridinium réduit la quantité de virus infectieux avant l’entrée dans la cellule hôte.
Activité antivirale du chlorure de cétylpyridinium dans la salive
La salive humaine est très visqueuse et contient de nombreuses protéines qui peuvent interférer avec l’efficacité antivirale du chlorure de cétylpyridinium. Des échantillons de salive prélevés sur des donneurs sains ont été mélangés avec le virus et le chlorure de cétylpyridinium pour déterminer l’efficacité antivirale du composé dans la salive.
Les résultats ont révélé que le chlorure de cétylpyridinium supprime de manière significative l’infectiosité virale même dans la salive de manière dose-dépendante.
Mode d’action antiviral du chlorure de cétylpyridinium
Le SARS-CoV-2 traité au chlorure de cétylpyridinium a été soumis à une analyse de la densité du saccharose et à une microscopie électronique à transmission pour déterminer l’impact du chlorure de cétylpyridinium sur la morphologie virale.
Les résultats ont révélé que le chlorure de cétylpyridinium n’a pas d’impact sur la structure globale du virus. La structure particulaire sphérique du SRAS-CoV-2 est restée inchangée après le traitement au chlorure de cétylpyridinium.
Importance de l’étude
L’étude met en évidence la puissance du chlorure de cétylpyridinium pour inhiber le SRAS-CoV-2 et ses variantes même à de faibles concentrations. L’activité antivirale du composé reste inchangée dans la salive humaine.
L’étude a testé l’efficacité antivirale d’un rince-bouche commercial contenant une concentration similaire de chlorure de cétylpyridinium à celle utilisée dans l’étude. Le rince-bouche présente une efficacité antivirale similaire ou même meilleure que la solution pure de chlorure de cétylpyridinium. Cela indique que les autres ingrédients présents dans le bain de bouche n’interfèrent pas avec l’activité anti-SARS-CoV-2 du chlorure de cétylpyridinium.
Concernant le mode d’action, l’étude suggère que le chlorure de cétylpyridinium exerce très probablement une activité anti-SARS-CoV-2 en dénaturant les protéines virales et non en perturbant la membrane lipidique.
Dans l’ensemble, l’étude indique que les produits contenant du chlorure de cétylpyridinium peuvent être utilisés à titre préventif pour réduire le taux de transmission et la progression de l’infection par le SRAS-CoV-2.
Une étude clinique en cours examine l’effet du chlorure de cétylpyridinium sur la charge virale du SRAS-CoV-2 dans la salive des patients atteints de COVID-19.