Dans une étude récente publiée dans la revue Santé publique BMC, les chercheurs ont déterminé l’incidence des symptômes d’anxiété chez les hommes infertiles.
Étude: Prévalence des symptômes d’anxiété chez les hommes infertiles : une revue systématique et une méta-analyse. Crédit photo : Numstocker / Shutterstock.com
Sommaire
Les effets psychologiques de l’infertilité
L'infertilité peut être définie comme l'incapacité de concevoir après un an de rapports sexuels non protégés. L'infertilité est l'un des principaux problèmes de reproduction dans le monde. Environ 17,5 % de la population mondiale est touchée par l'infertilité, la prévalence de l'infertilité variant selon les régions.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère l’infertilité comme un problème de santé publique majeur, car elle entraîne un stress physique, psychologique, social et financier négatif. Les couples confrontés à l’infertilité sont plus susceptibles de ressentir de l’anxiété, de la dépression, de la peur, de la culpabilité, de l’évitement et de la frustration.
Des études antérieures estiment que le facteur masculin est le facteur principal ou le facteur effectif dans 50 % des cas d’infertilité. Les hommes infertiles souffrent souvent d’isolement, de culpabilité, de sentiments d’inadéquation sexuelle et d’anxiété, et beaucoup associent leur infertilité à une identité et une masculinité incomplètes.
L'incapacité à avoir des enfants entraîne de nombreux problèmes psychologiques, en particulier dans les sociétés où la fertilité est très valorisée et constitue l'un des objectifs principaux du mariage. L'infertilité entraîne la peur du divorce, du rejet, du remariage et d'autres changements indésirables qui déclenchent l'anxiété chez les hommes.
À propos de l'étude
À ce jour, aucune étude n’a mené de méta-analyse pour comprendre la prévalence de l’anxiété chez les hommes infertiles. Ces informations pourraient aider les cliniciens à concevoir des interventions appropriées pour atténuer le stress psychologique qui peut influencer les résultats du traitement de l’infertilité.
Pour la présente revue systématique, toutes les données pertinentes ont été obtenues auprès de Cochrane Library, PubMed, Web of Sciences, PsyINFO, Scopus et Google Scholar. Au total, 6 376 articles ont été initialement identifiés, après quoi les doublons ont été supprimés et les critères d'éligibilité ont été appliqués.
Cela a conduit à l'inclusion de 27 et 24 articles dans la revue systématique et la méta-analyse, respectivement, portant sur 6 624 hommes infertiles. La prévalence la plus faible et la plus élevée de l'infertilité masculine ont été observées au Canada (3,7 %) et en Iran (43 %), respectivement, confirmant ainsi la variabilité mondiale de la prévalence de l'infertilité masculine.
Les études sélectionnées ont évalué les symptômes d'anxiété chez les hommes infertiles à l'aide de plusieurs outils standards, notamment le Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI), le Symptom Assessment-45 Questionnaire (SA-45), l'Primary Care Evaluation of Mental Disorders (PRIME-MD), l'échelle de dépression, d'anxiété et de stress (DASS), l'échelle d'anxiété et de dépression hospitalière (HADS), l'échelle d'auto-évaluation de l'anxiété (SAS), l'inventaire d'anxiété de Beck (BAI) et l'inventaire d'anxiété des traits de Spielberger (STAI-T).
Résultats de l'étude
Au total, quatorze études ont utilisé le questionnaire HADS pour évaluer les symptômes de dépression et d’anxiété chez les patients qui se rendaient dans les cliniques des hôpitaux publics en tant que patients externes, ce qui a indiqué une prévalence de 19,8 % des symptômes d’anxiété chez les hommes infertiles.
Le questionnaire STAI-T a été conçu pour évaluer l'anxiété d'état, qui reflète l'état temporaire actuel du répondant, ainsi que l'anxiété de trait, qui est la tendance générale d'un individu à ressentir de l'anxiété. Les résultats du questionnaire STAI-T ont estimé que la prévalence globale des symptômes d'anxiété chez les hommes infertiles était d'environ 30,1 %.
Le questionnaire BAI a été développé en 1988 et comprend 21 questions liées aux symptômes d'anxiété. Plusieurs études ont validé cet outil et ont démontré sa fiabilité. L'analyse BAI a estimé la prévalence globale des symptômes d'anxiété chez les hommes infertiles à environ 7,1 %.
Le SAS a estimé que la prévalence globale des symptômes d’anxiété était de 18,5 % chez les hommes infertiles. De plus, le questionnaire DASS, qui contient un total de 21 questions divisées en sections sur la dépression, l’anxiété et le stress, a estimé la prévalence globale des symptômes d’anxiété à 34,9 % chez les hommes infertiles.
Des études antérieures ont montré que des facteurs culturels, religieux et individuels influencent le désir d’avoir des enfants, tant chez les hommes que chez les femmes. Par rapport aux femmes infertiles, les hommes infertiles reçoivent moins de soutien social, la plupart d’entre eux étant réticents à discuter de leur infertilité avec leur famille, leurs amis et même leurs conseillers, ce qui contribue à accroître leur niveau d’anxiété. La situation socio-économique et la disponibilité des établissements de santé influencent également la prévalence de l’anxiété chez les personnes infertiles.
Conclusions
L’étude actuelle met en évidence l’anxiété comme l’un des symptômes les plus courants ressentis par les hommes infertiles, qui a un impact sur leur santé, leur qualité de vie et leur réponse au traitement.
La prévalence la plus élevée et la plus faible de l’anxiété chez les hommes infertiles étaient respectivement de 34,9 % et de 7,08 %, selon les outils DASS et BAI. Ces estimations étaient supérieures à la prévalence de l’anxiété dans la population normale.
Les hommes infertiles sont plus susceptibles de rechercher un soutien émotionnel auprès de médecins spécialisés dans l’infertilité que auprès de professionnels de la santé mentale, d’amis ou de groupes d’entraide. Il est donc essentiel d’intégrer un soutien psychologique au processus de traitement de l’infertilité, car la réduction du niveau d’anxiété pourrait également améliorer les résultats du traitement.