Dans une étude récente publiée dans le Ouverture du réseau JAMAun groupe de chercheurs a examiné les associations prospectives entre la technoférence perçue (interruptions numériques parentales) et les symptômes de santé mentale chez les adolescents émergents.
Sommaire
Arrière-plan
Les technologies numériques font partie intégrante de la vie de famille moderne, facilitant la communication, la planification et le divertissement. Cependant, l'utilisation routinière des appareils peut perturber les interactions parents-enfants, un concept connu sous le nom de technoférence.
Des études montrent que les parents passent souvent beaucoup de temps sur leurs smartphones, ce qui entraîne une diminution de l’engagement avec leurs enfants et des répercussions négatives potentielles sur leur développement, notamment des problèmes de santé mentale comme l’anxiété, la dépression, l’hyperactivité et l’inattention. Bien que des recherches antérieures établissent un lien entre la technoférence parentale et les problèmes de santé mentale des enfants, la plupart des études sont transversales, ce qui limite notre compréhension de la causalité.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier la directionnalité de la relation entre la technoférence parentale et la santé mentale des adolescents émergents afin de mieux éclairer les stratégies de prévention et d'intervention.
À propos de l'étude
La présente étude a utilisé des données de la cohorte All Our Families, une étude prospective sur la santé maternelle et infantile en Alberta, à Calgary et au Canada. Les femmes enceintes ont été recrutées entre 2008 et 2010, et 84 % d’entre elles ont accepté de participer. L’analyse s’est concentrée sur les données des adolescents émergents recueillies pendant la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), impliquant 1 303 participants. Ces adolescents étaient similaires aux non-participants en ce qui concerne le revenu familial, l’anxiété, la dépression et l’hyperactivité, bien qu’ils aient montré des difficultés d’attention légèrement inférieures.
Les mères ont rempli des questionnaires en ligne en trois vagues de mai 2020 à janvier 2022 et ont donné leur consentement à la participation de leurs enfants. Les adolescents âgés d'environ 9,7, 10,4 et 11,1 ans au cours des vagues ont donné leur consentement. L'étude a été approuvée sur le plan éthique et a suivi les directives relatives aux enquêtes et aux études de cohorte.
La technoférence parentale a été mesurée à l'aide de deux questions adaptées d'échelles existantes, avec une cohérence interne élevée au fil du temps. Les symptômes de santé mentale des adolescents tels que l'anxiété, les difficultés d'attention, la dépression et l'hyperactivité ont été évalués à l'aide de l'échelle d'évaluation du comportement des enfants (BASC-3), avec des scores t standardisés.
Le modèle de panel croisé à interception aléatoire (RI-CLPM) a été utilisé pour évaluer les associations transversales et longitudinales entre la technoférence parentale et les symptômes de santé mentale, en tenant compte des associations au sein de la famille et des facteurs de type trait, les différences entre les sexes étant explorées par une analyse multigroupe. Les données ont été analysées en décembre 2023.
Résultats de l'étude
L'étude a porté sur 1 303 adolescents émergents dont l'âge moyen était de 9,7 ans lors de la première vague de collecte de données. Parmi eux, 529 (51,5 %) se sont identifiés comme des filles, 491 (47,8 %) comme des garçons et 8 (0,8 %) comme des personnes de genre divers, y compris des identités telles que le genre fluide, transgenre et agenre. Les 275 participants restants n'ont pas indiqué leur genre.
Pour l'analyse principale, des modèles ont été développés pour chaque trouble de santé mentale. Le RI-CLPM a été utilisé pour évaluer les relations. Pour l'anxiété, l'hyperactivité et les troubles de l'attention, le meilleur modèle était le RI-CLPM standard, qui n'imposait pas de contraintes sur les trajectoires autorégressives. Cependant, le modèle RI-CLPM pour la dépression n'a pas pu être estimé en raison de variances négatives, ce qui indique que le modèle n'a pas pu être calculé avec succès avec les paramètres donnés. Malgré cela, le modèle de dépression par sexe a été estimé avec succès et est présenté dans des tableaux supplémentaires.
L’étude a examiné les associations interfamiliales (invariantes dans le temps) et intrafamiliales (variables dans le temps) entre la technoférence parentale perçue et les difficultés de santé mentale des adolescents émergents.
L’analyse interfamiliale a révélé des corrélations modérées entre les interceptions aléatoires, suggérant que les adolescents qui percevaient des niveaux plus élevés de technoférence parentale présentaient généralement des niveaux plus élevés de difficultés de santé mentale, avec des coefficients de corrélation allant de 0,17 à 0,19. Les corrélations transversales au sein de la famille étaient les plus cohérentes pour l’anxiété, avec des corrélations modérées sur toutes les périodes d’étude (allant de 0,21 à 0,28). Les corrélations entre la technoférence parentale perçue et les difficultés d’hyperactivité et d’attention variaient de faibles à importantes selon le moment, avec des coefficients de corrélation allant de 0,06 à 0,27.
Les associations intrafamiliales croisées ont montré une variabilité selon le type de difficulté de santé mentale. Pour l’anxiété, des niveaux plus élevés d’anxiété à 10 et 11 ans étaient associés à des niveaux plus élevés de technoférence parentale perçue, avec des tailles d’effet faibles. Cependant, l’association inverse n’a pas été observée. Pour les difficultés d’attention et l’hyperactivité, il y avait des preuves d’une association entre la technoférence parentale perçue et ces difficultés de santé mentale, en particulier entre les deuxième et troisième points temporels, avec des tailles d’effet faibles observées.
Les différences entre les sexes dans les associations entre la perception de la technoférence parentale et la santé mentale ont également été examinées. L’analyse a révélé certaines différences dans l’ampleur des associations entre les filles et les garçons. Cependant, les intervalles de confiance à 95 % qui se chevauchent suggèrent que ces différences n’ont pas de signification statistique.
Conclusions
En résumé, cette étude longitudinale a utilisé des méthodes robustes pour explorer la relation bidirectionnelle entre la technoférence parentale et la santé mentale des adolescents.
Les résultats ont montré qu'une anxiété plus élevée chez les adolescents prédisait une augmentation de la technoférence parentale, tandis qu'une technoférence parentale plus élevée prédisait davantage de difficultés d'attention et d'hyperactivité chez les adolescents. Les différences entre les sexes étaient minimes.
Ces résultats soulignent la nécessité de discussions axées sur la famille concernant l’utilisation des écrans dans les soins de santé, en soulignant les avantages potentiels de la réduction de la technoférence parentale pour la santé mentale des adolescents.