Une étude récemment publiée dans PLOS Maladies Tropicales Négligées a exploré l’association entre la prévalence des maladies parasitaires préexistantes et les résultats de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) au niveau national. L’étude révèle que les pays à forte prévalence de paludisme ont une incidence plus faible de COVID-19.
Sommaire
Arrière plan
La pandémie de COVID-19 causée par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) a causé des dommages sans précédent à l’économie mondiale et au système de santé. Au début de la pandémie, on prévoyait que les pays à revenu faible à intermédiaire auraient le plus fort impact en raison de mauvaises politiques de santé et d’un manque de ressources et d’infrastructures.
Contrairement aux prévisions, une incidence et une gravité plus faibles du COVID-19 ont été observées dans les pays défavorisés sur le plan socio-économique comme l’Afrique subsaharienne par rapport à celles des pays économiquement riches et développés comme les États-Unis et l’Europe.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette différence notable des résultats du COVID-19 entre les pays. Plusieurs facteurs causals ont été identifiés, notamment des facteurs sociodémographiques et géographiques, la prévalence de comorbidités, les conditions climatiques, ainsi que la possibilité d’une sous-déclaration.
Dans la présente étude, les scientifiques ont cherché à savoir si la prévalence des maladies tropicales négligées pouvait avoir un impact sur les résultats du COVID-19. Les maladies tropicales négligées comprennent principalement les infections parasitaires qui sont très répandues dans les pays socio-économiquement défavorisés.
Étudier le design
Les scientifiques ont mené une étude écologique en utilisant des données nationales accessibles au public pour identifier l’association entre la prévalence des maladies parasitaires et les taux d’incidence du COVID-19. Ils ont pris en compte divers facteurs de confusion démographiques, socio-économiques et géographiques et ont ajusté leurs effets sur l’association possible.
De divers parasites infectant l’homme, seuls Schistosome spp., les helminthiases transmises par le sol et Plasmodium spp. ont été pris en compte dans l’étude.
Compte tenu de la gravité de la COVID-19 chez les personnes ayant des problèmes de santé préexistants, les taux de prévalence et de mortalité des maladies non transmissibles ont été considérés comme des facteurs prédictifs.
Compte tenu de la gravité de la COVID-19 chez les personnes âgées, la proportion de la population âgée de 65 ans et plus a été considérée comme un facteur démographique.
En ce qui concerne les facteurs socio-économiques, l’infrastructure de santé au niveau national, le revenu et le niveau de vie général ont été pris en compte. De plus, la densité de population au niveau du pays, la densité de population dans les régions urbaines et la température de surface moyenne ont été considérées comme des facteurs géographiques.
Observations importantes
Les données épidémiologiques obtenues de 202 pays ont été analysées dans l’étude. Parmi ces pays, l’incidence la plus élevée de COVID-19 a été observée aux États-Unis, suivis de l’Europe, de l’Asie du Sud-Est, de la Méditerranée orientale, du Pacifique occidental et de l’Afrique.
Une distribution hétérogène des maladies parasitaires a également été observée dans les pays analysés. Le paludisme avait un statut endémique principalement dans les pays d’Afrique et du Pacifique occidental. Fait intéressant, ces pays ont été les moins touchés par la pandémie.
L’évaluation de la relation entre une variable indépendante et une variable dépendante a révélé que les pays à forte prévalence de maladies parasitaires ont une incidence plus faible de COVID-19.
Compte tenu des facteurs de confusion, les pays à forte prévalence de tuberculose, à température de surface élevée ou à apparition tardive de COVID-19 ont connu une incidence plus faible de COVID-19. De plus, une association positive a été observée entre l’incidence du COVID-19 et la proportion de personnes âgées dans une population, le revenu au niveau du pays, les infrastructures de santé, la proportion de personnes vivant dans les régions urbaines, les taux de mortalité liés aux maladies non transmissibles, le niveau d’éducation, et la couverture vaccinale contre la COVID-19.
En ce qui concerne les maladies parasitaires, une incidence significativement plus faible de COVID-19 a été observée dans les pays à forte prévalence de paludisme. Cette association est restée significative même après ajustement pour les variables confusionnelles, le revenu au niveau du pays, la proportion de personnes âgées et les différences de durée de COVID-19 dans l’analyse multivariée qui comprenait des données de 165 pays.
Importance de l’étude
L’étude établit que la prévalence nationale du paludisme est un prédicteur important du taux d’incidence de la COVID-19. L’étude trouve également une association négative mais non significative entre la prévalence de la schistosomiase et des helminthiases transmises par le sol et l’incidence du COVID-19. Comme l’ont mentionné les scientifiques, d’autres études sont nécessaires pour établir l’impact de ces autres maladies tropicales négligées.
Dans l’ensemble, l’étude met en évidence la nécessité de poursuivre les recherches aux niveaux infranational et individuel pour explorer les résultats de la COVID-19, en particulier dans les pays où le paludisme est endémique.